Le Parti radical de gauche contre la liberté d'expression

Le cardinal Vingt-Trois a publié le texte d'une prière pour le fête nationale de la France, le 15 août.

4. Pour les enfants et les jeunes ; que tous nous aidions chacun à découvrir son propre chemin pour progresser vers le bonheur ; qu’ils cessent d’être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère.

La formule n'est pas très heureuse car le bonheur n'est jamais garanti et le devoir d'aimer est un devoir absolu. En revanche les enfants peuvent être désirés raisonnablement, mais leur dignité interdira qu'ils soient des objets, des moyens d'acquérir le bonheur d'un autre. Ils sont toujours des buts, jamais des moyens en raison de leurs vocations transcendantes.

Cela dit, l'allusion timide (et noyée dans un texte peu clair) au droit des enfants à connaître leur père et leur mère et à être élevés par eux n'est pas passée inaperçue.

Contre le texte de cette prière le Parti radical de gauche a publié un communiqué :

"L’Eglise n’a aucune légitimité démocratique pour s’immiscer dans le débat politique en France" Selon Pascal-Eric Lalmy (Secrétaire National à la laïcité).
 Les Radicaux de gauche constatent avec inquiétude que l’Eglise de France a pris l’initiative d’une prière nationale unique pour mobiliser les opposants à la législation sur le mariage homosexuel.
 Une nouvelle fois, on ne peut que constater que les religions ne renoncent jamais à vouloir imposer leurs dogmes et leurs croyances à la société civile en général et au pouvoir politique en particulier.
 Cette initiative démontre, si cela était nécessaire, qu’il est urgent de réaffirmer le principe de laïcité en France et renforce la détermination des Radicaux de gauche à obtenir l’inscription du Titre Ier de la loi de 1905 dans la Constitution et d’engager une sortie graduelle et négociée du régime dérogatoire des Cultes en Alsace et en Moselle avant la fin du quinquennat.

On remarque le raisonnement paranoïaque. La prière demandant à la Mère de Dieu la protection des enfants devient une opération de mobilisation. Le paranoïaque se sent menacé et pour prouver et conjurer cette menace a toujours recours à des « raisonnements » où la réalité est distordue.

Mais le plus grave est la prétention du Parti radical de gauche à interdire à un groupe religieux de donner son avis. La liberté humaine n'est pas fragmentable. Il n'y a pas les laïcistes d'un côté qui ont des droits parce qu'ils sont bons et intelligents et de l'autre les religieux qui n'ont pas le droit de s'exprimer parce qu'ils ont la foi et que la foi n'est pas raisonnable.

La réalité est celle des droits universels de l'homme.

Elle est exprimée dans le droit positif par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques dans son article 19 :

« 2. Toute personne a droit à la liberté d'expression; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix. 3. L'exercice des libertés prévues au paragraphe 2 du présent article comporte des devoirs spéciaux et des responsabilités spéciales. Il peut en conséquence être soumis à certaines restrictions qui doivent toutefois être expressément fixées par la loi et qui sont nécessaires » 

Il n'est pas écrit dans ce document que toute personne, sauf celles qui ont la foi, mais "toute personne" et c'est absolu. Cette liberté d'expression et ce droit à ne pas être discriminé en raison de sa foi devrait d'ailleurs être protégée par des lois pénales (actuellement ne sont interdites que les discriminations à l'encontre d'une religion "déterminée" selon l'article 24 de la loi du 29 juillet 1881).

Toute opinion peut être critiquée par la raison.

Photo : Jésus au désert (jeûne de 40 jours et 40 nuits) peinture de Ivan Kramskoï, La Carmagnole (musée de la Révolution Vizille, photo personnelle), photos 3 et 4 Profanation du cadavre de la duchesse de Lamballe (détails d'un tableau du XIXe siècle), photo du tableau par Denis Merlin.