29.11.09

L'école contre-révolutionnaire inspiratrice d'Alleanza cattolica.

Dans ce post, je publie ma traduction de l'exposé de M. Introvigne sur la révolution et la contre-révolution.

Alleanza Cattolica se définit comme une association « contre-revolutionnaire ». Pouvez-vous préciser cette expression ?

Je voudrais partir de l’instruction de 1990 Donum veritatis de la Congrégation pour la doctrine de la foi, signée de celui qui était alors le cardinal Ratzinger, mais approuvée aussi par la Pape Jean-Paul II et donc a tous les effets du magistère du pape. Dans ce document il est expliqué que dans la théologie coexistent légitimement diverses opinions et diverses écoles, les quelles se servent – entre autres – de la philosophie, des sciences historiques et des sciences humaines pour élaborer des « propositions », « des dons faits à toute l’Eglise », moments de commencement d’un dialogue qui d’habitude comporte « beaucoup de corrections et d’extensions » avant que ce qui est le patrimoine d’une école devienne patrimoine de l’Eglise entière (n° 11). Mais cela ne signifie pas que toute école doive renoncer à avancer ses propositions : au contraire la « liberté de recherche » est « un des biens les plus précieux » (n.12), bien qu’une chose soit claire – c’est qu’à la fin c’est le Magistère qui juge des propositions de l’école et non l’inverse.

Si la doctrine sociale de l’Eglise est théologie morale – plus précisément, théologie morale sociale – il est évident que ce que Donum veritatis affirme pour la théologie en général vaut aussi pour la doctrine sociale. Ici aussi, il existe différentes écoles, qui coexistent légitimement et ont le droit – même le devoir précieux – d’avancer leurs propositions, même s’il est clair qu’à la fin ce sera au Magistère à juger ce qui convient dans ces propositions à toute l’Eglise, ce n’est pas aux écoles à s’arroger le droit d’utiliser sélectivement le Magistère.

Alleanza Cattolica privilégie, depuis ses commencements, l’école dite contre-révolutionnaire. Cette école a fait ses premiers pas en étudiant et critiquant le Révolution française, mais dans le cours de son développement historique à de plus en plus lu cette Révolution comme une partie d’un processus qui agresse la Chrétienté à partir au moins de la Renaissance et de l’Humanisme, passant par la rupture de l’unité chrétienne de l’Europe avec la Réforme, donc par l’Illuminisme, par le communisme et en général par les idéologies antichrétiennes et totalitaires qui s’affirment au XXème siècle, pour enfin aboutir dans le nihilisme et dans la révolution culturelle qui ont leur moment emblématique dans les événements de 1968 et dans l’attaque de celles que Benoît XVI appelle « les valeurs non négociables ».

Le même Benoît XVI, dans son discours tenu à Ratisbonne le 12 septembre 2006 et dans l’encyclique Spe salvi de 2007 – deux textes que Alleanza Cattolica considère comme particulièrement importants pour son apostolat, ensemble l’exhortation apostolique post-synodale de Jean-Paul II Reconciliatio et poenitentia, de 1984, qui indique les conditions et les étapes d’une possible recomposition de ce qui a été cassé et fragmenté – a décrit ce processus comme la rupture progressive de la synthèse entre les héritages grec et chrétien, et entre la foi et la raison. Les étapes principales de cet itinéraire, enseigne encore Benoît XVI, sont représentés par le fidéisme de Martin Luther (1483-1546), par le rationalisme et par le scientisme qui culminent dans cette forme d’illuminisme qui donne à la Révolution française ses caractères antichrétiens, par les idéologies des XIXème et XXème siècles, et enfin par le nihilisme désespérant de la révolution culturelle contemporaine. Considéré dans son ensemble, le processus est désigné par l’école contre-révolutionnaire sous le nom de Révolution.

Répondant à sa vocation propre de lutte contre cette Révolution qui a subverti et subvertit l’harmonie entre la foi et la raison, les racines chrétiennes de l’Europe et de l’Occident, et l’ordre naturel et chrétien, Alleanza cattolica met en relief ces valeurs, comme la tradition, la vie, la famille et la propriété privée (cette dernière, bien entendu, ainsi que l’entend l’analyse et la définit le Magistère social de l’Eglise), qui sont en diamétral désaccord avec les idéologies révolutionnaires.

27.11.09

Massimo Introvigne : l'équilibre entre foi et raison, source de la doctrine sociale européenne et universelle.

Je poursuis la publication en français de l'interview de Massimo Introvigne sur l'Alleanza cattolica.

En quel sens Alleanza Cattolica, dans l’étude, la diffusion et l’application du magistère privilégie-t-elle la doctrine sociale ?

- Avec l’encyclique Caritas in veritate Benoît XVI nous a rappelé opportunément deux choses. Premièrement : la doctrine sociale de l’Eglise, qui n’est pas autre chose que la théologie morale sociale, n’est pas née avec le Pape Léon XIII (1810-1903) ni avec la moderne « question sociale » mais avec l’Evangile et la « tradition apostolique » elle-même. Elle est aussi ancienne que l’Eglise. Deuxièmement : la doctrine sociale de l’Eglise ne s’occupe pas seulement des problèmes du travail, des travailleurs et des usines – comme le veut la même illusion d’optique qui veut la faire naître, de façon erronée, avec Léon XIII – mais de tous les problèmes de la société. L’encyclique Caritas in veritate demande justement que les problèmes de bioéthique – l’avortement, l’euthanasie – soient le sujet propre de la doctrine sociale de l’Eglise, qui est socio-politique et non seulement socio-économique. Mais le jugement sur l’histoire fait aussi partie de la doctrine sociale.

Même si le magistère s’est occupé de pratiquement tous les continents et de tous les pays – sans remonter au corpus de Léon XIII (1810-1903), comment oublier la très riche masse de textes de Jean-Paul II (1930-2005) ? Il a consacré une attention particulière à l’histoire de l’Europe. A partir du moment où l’Europe est devenue « Occident », Magna Europa, par l’installation d’Européens dans des pays comme les Etats Unis, le Canada, l’Australie, les nations hibérico-américaine, soit par son influence dominante – elle a exercé dans le monde une hégémonie culturelle qui n’a été discutée que depuis les dernières décennies, son histoire a eu et a encore une importance mondiale. Par de multiples côtés, sa crise est la crise de l’humanité entière.

L’Europe a été une civilisation chrétienne tant qu’elle a réussi à maintenir cet équilibre, sur lequel le Magistère insiste, entre la foi et la raison, auquel correspond un équilibre entre personne et société. Cet équilibre a été construit de façon pénible, et le message évangélique a réussi à harmoniser ce qu’il y avait de meilleur entre la foi d’Israël et la philosophie grecque, entre le droit romain avec son sens aigu de la personne et les apports germaniques qui insistaient sur la communauté de vie et de tradition, la gemeinschaft (distincte de la gesellschaft, qui est la « société » au sens juridique). En particulier, comme l’enseigne l’encyclique Fides et ratio de 1998 de Jean-Paul II, « la rencontre du christianisme avec la philosophie […] ne fut ni immédiate ni facile » (n° 38), mais – par un processus de plusieurs siècles – arriva à construire cette « harmonie fondamentale de la connaissance philosophique et de la connaissance de foi » (n° 42) qui culmine par beaucoup de côtés avec saint Thomas d’Aquin (1224-1274), lequel pour cette raison « est toujours proposé par l’Eglise comme un maître de pensée » (n°42). Une pensée, on peut l’ajouter, encore vivante et vigoureuse pour celui qui s’en approche directement, et à qui ne rendent pas pleinement justice les compilations de la scolastique tardive et de la « néo-scolastique ».


(à suivre)

26.11.09

Alleanza cattolica : un rôle d'application.

Poursuivant la publication de la traduction de l'interview de Massimo Introvigne, je publie cette suite où il traite du rôle d'Alleanz cattolica : étude de la doctrine sociale de l'Eglise et spécifiquement pour un mouvement de laïcs : application aux problèmes de l'heure présente :

La vocation spécifique d’une agence orientée de cette façon consiste avant tout dans l’étude et dans la diffusion du magistère pontifical, avec une attention spéciale aux jugements que ce magistère a porté sur l’histoire, et en particulier sur l’histoire de l’Europe et de l’Occident. En second lieu, elle se structure en application des principes déduits du magistère aux problèmes sociaux, culturels et politiques de notre époque. Les deux activités sont liées mais distinctes. En transmettant aux autres le magistère pontifical, le but est celui d’être les moins originaux possible, transmettant fidèlement l’essentiel de ce que les Papes ont voulu enseigner. En appliquant les principes qui se tirent du magistère aux problèmes d’actualité, le laïc fait au contraire une chose qui n’est pas interdite par le Magistère – au contraire, c’est ce qui a été constamment indiqué comme le devoir spécifique des laïcs -, mais il le fait sous sa responsabilité et sans engager la hiérarchie.

En théorie, étudier et appliquer le Magistère pontifical aux problèmes de l’heure présente est le devoir de tous les catholiques. En pratique un simple regard sur le panorama actuel nous confirme qu’ils sont peu nombreux ceux qui assument ce devoir comme thème. Parmi les problèmes de Alleanza Cattolica il n’y a certainement pas celui d’avoir trop de concurrents…


Deux des choses que les médias français et à leur suite le public français ont le plus de mal à assimiler, c'est que 1) les mouvements d'inspiration catholique n'engagent pas la hiérarchie et 2) la conséquence de ce principe : que la hiérarchie n'a pas à intervenir dans leurs moindres opinions ou prises de position. Ils sont libres de leurs politiques et de leurs opinions à l'égard de la hiérarchie qui n'a de titre à intervenir qu'en cas de manquement à la doctrine ou à la discipline de l'Eglise.

Ainsi on lit des articles qui reprochent au pape de ne pas reprocher à certains leurs tenues vestimentaires ou le choix de la langue (latine surtout) dans leurs prières, voire leurs options partisanes...

24.11.09

Massimo Introvigne : le rôle d'Alleanza cattolica s'insère dans la missionarité des laïcs.

Les mouvements sont des modes de vivre la « missionarité » de l’Eglise dans les très vastes domaines dans lesquels elle œuvre, et d’organisation de la vie de ses membres en vue de la sanctification. Les agences comme Alleanza Cattolica ne sont pas des mouvements (donc, entre autre, elles ne sont pas en concurrence avec les mouvements). Alleanza Cattolica, ne s’occupe pas – tout en ayant le plus grand respect pour ces œuvres de charité - de visiter les prisonniers (même si en Italie, pour des raisons plutôt connues, il est désormais plus facile aux prisonniers de nous visiter). En qualité d’agence, elle ne cherche pas de simples auditeurs ou personnes disponibles pour participer à des moments de vie commune, mais des « transmetteurs », c’est-à-dire de militants qui s’engagent à transmettre ce qu’ils ont reçu à travers des formes variées d’apostolat culturel, donc – encore une fois – disponibles pour passer par ces importants [prenants] « parcours, basés sur de sérieux apprentissages de vie ecclésiale, en particulier sur l’étude de la doctrine sociale » de laquelle Jean-Paul II parle dans son exhortation apostolique post-synodale de 2003 Ecclesia in Europa (n° 41)

Voici le texte du § 41 de Ecclesia in Europa de Jean-Paul II que j'ajoute au texte de monsieur Introvigne :

"41. La participation des fidèles laïcs à la vie de l'Église est unique: le rôle qui leur revient dans l'annonce et le service de l'Évangile de l'espérance est en effet irremplaçable, car, « par eux, l'Église du Christ est présente dans les secteurs les plus variés du monde, comme signe et source d'espérance et d'amour ».72 Participant pleinement à la mission de l'Église dans le monde, ils sont appelés à montrer que la foi chrétienne est la seule réponse exhaustive aux interrogations que la vie pose à tout homme et à toute société, et ils peuvent implanter dans le monde les valeurs du Royaume de Dieu, promesse et gage d'une espérance qui ne déçoit pas.

L'Europe d'hier et d'aujourd'hui connaît une présence significative et l'exemple lumineux de telles figures de laïcs. Comme l'ont souligné les Pères du Synode, il faut évoquer entre autres, avec gratitude, le souvenir d'hommes et de femmes qui ont témoigné et qui témoignent du Christ et de son Évangile, par leur service de la vie publique et les responsabilités que celle-ci comporte. Il est d'une importance capitale « de susciter et de soutenir des vocations spécifiques au service du bien commun: des personnes qui, à l'exemple et avec le style de ceux qui ont été appelés “les pères de l'Europe”, sachent être les artisans de la société européenne de l'avenir, en l'asseyant sur les bases solides de l'esprit ».73

Il faut apprécier tout autant l'œuvre accomplie par des laïcs chrétiens, hommes et femmes, souvent dans une vie ordinaire et cachée, à travers d'humbles services qui leur permettent d'annoncer la miséricorde de Dieu à ceux qui sont plongés dans la pauvreté; nous devons leur être reconnaissants pour l'audacieux témoignage de charité et de pardon qu'ils donnent, évangélisant par ces valeurs les vastes horizons de la politique, de la vie sociale, de l'économie, de la culture, de l'écologie, de la vie internationale, de la famille, de l'éducation, de la vie professionnelle, du travail et de la souffrance.74 À cette fin, il est utile d'avoir des itinéraires pédagogiques qui rendent les fidèles laïcs capables d'un engagement de foi au sein des réalités temporelles. De tels parcours, fondés sur un sérieux apprentissage de la vie ecclésiale, en particulier sur l'étude de la doctrine sociale, doivent être en mesure de leur apporter non seulement la doctrine et le dynamisme, mais aussi les éléments spirituels adaptés qui soutiennent leur engagement vécu comme un authentique chemin de sainteté."

21.11.09

Massimo Introvigne fait le point sur Alleanza cattolica.

La vie civique et religieuse italienne est différente de celle de la France. La société italienne est moins fragmentée. La culture italienne est d'un niveau nettement plus élevé que celui de la culture française (où par exemple la vie judiciaire fait penser aux films des Marx Brothers et où le débat entre lefebvristes et "progressistes" évoque une bagarre de "chiffonniers" pris de boisson).

Massimo Introvigne
est un sociologue venu du droit et de la philosophie. Comme militant, il est vice-président (vice-regente) de Alleanza cattolica. C'est à ce titre qu'il a donné l'interview que j'ai traduite avec son autorisation.

Cette interview dépasse le simple intérêt pour le mouvement (il se présente comme une agence.) Alleanza cattolica, il donne des ouvertures lumineuses sur la doctrine sociale de l'Eglise et des références doctrinales passionnantes, surtout sur le statut du laïcat.

Les questions sont de Irene Bertoglio une journaliste qui doit publier un livre qui contiendra cette interview.

Place à la traduction :

"Massimo Introvigne, vous êtes régent national adjoint, c’est-à-dire responsable adjoint national de « Alleanza Cattolica». En Italie il y a d’innombrables associations catholiques. La question vient spontanément : pourquoi une de plus ? A quoi sert spécifiquement Alleanza Cattolica ?

Vous avez raison : les façons dont l’Eglise, continuant la mission du Seigneur Jésus-Christ, rend possible sa rencontre sont innombrables. A partir du XIXème siècle (non sans prodromes au XVII et au XVIIIème siècles), la progression de la modernité, qui s’est accompagnée du sécularisme (lequel à la différence de la sécularisation – qui est une pure donnée de fait – est le processus entraîné par l’idéologie qui tend à exclure la religion de chaque domaine de la vie) a pour ainsi dire « fermé » à la mission que l’Eglise exerce par les clercs, la vie paroissiale et la liturgie un nombre toujours plus grand de milieux. Certainement depuis ses origines l’Eglise s’est affirmée par la mission, qui est liée à la nature même du monothéisme chrétien comme monothéisme universel, non destiné à un seul peuple. Et depuis le premier siècle, selon les analyses d’un grand sociologue – et pour moi un ami cher – comme Rodney Stark, « le véritable succès de la mission dépendait de missionnaires laïcs », qui étaient capables quelles qu’aient pu être les conditions, de pénétrer les milieux où les clercs réussissaient difficilement à se faire entendre. Avec l’avènement de la modernité, la missionarité des laïcs devient encore plus décisive."


(à suivre)

19.11.09

L'administration pénitentiaire dépendant du ministère de la justice condamnée par la justice administrative.

Par un arrêt de la Cour d'appel de Douai, selon la dépêche du Jurisclasseur, du 18 novembre 2009, a condamné l'Etat français pour conditions non conformes à la dignité de l'homme :

"La cour administrative d'appel de Douai a rejeté, le 12 novembre, le recours formé par le garde des Sceaux contre la décision du tribunal administratif de Rouen (...)
Les conditions de détention sont identiques à celles déjà jugées par le tribunal administratif de Rouen le 27 mars 2008 (...) à savoir : une cellule de 10,80 à 12,36 m2, occupée par au moins quatre détenus sur une longue période (12 à 24 mois), avec pour seul dispositif d'aération, une fenêtre haute de faible dimension sans possibilité satisfaisante de renouvellement d'air, des toilettes non cloisonnées, hormis par des portes battantes et un muret bas insuffisants à protéger l'intimité des détenus, ni équipées d'un système d'aération spécifique, et situées à proximité immédiate du lieu de prise des repas."

Un terme peut passer inaperçu : "au moins" c'est-à-dire que les détenus sont "au moins" quatre, mais qu'ils peuvent être plus nombreux... pudiquement le juge administratif ne précise apparemment combien... C'est beau la pudeur !

On est intéressé d'apprendre que la "justice" française viole les droits de l'homme. On le savait déjà par Outreau (entre autres), mais c'est une décision juridictionnelle qui le dit...

Il s'agit d'une maison d'arrêt, donc une prison susceptible d'accueillir les détenus non condamnés et détenus sans jugement... Ils sont donc présumé innocents... comme Treiber.

Le repas pris dans les remugles de sentines, de pisse et de m... par des présumés innocents, merci, chers magistrats français.

Heureusement que la Révolution française s'est faite contre la tyrannie ! Maintenant il n'y a plus de tyrans en France, c'est de foi républicaine.

La justice d'Outreau tenue en échec par Treiber.

Sans prendre partie sur le fond de l'affaire on ne peut que constater que Jean-Claude Treiber, incarcéré sans jugement par les magistrats français pendant près de cinq ans (ils voulaient le garder encore six mois sans le juger) écrit des lettres où il raconte son calvaire face à la "justice" française.

Il est obligé de se terrer dans les forêts "protégé par les sangliers et les cerfs" en ayant quarante policiers spécialement dédiés à le traquer, comme s'il était une bête. Il n'a pas les moyens de se payer un avocat de renom.

Un présumé innocent est poursuivi avec acharnement par les magistrats français. Ma sympathie va à ce présumé innocent.

Non la France n'est pas un Etat de droit. Elle est le pays de l'arbitraire.

16.11.09

Les exercices spirituels en vue des droits de l'homme.

Lu ici :

http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2009/10/19/saint-pierre-d-alcantara.html

Après avoir rappelé que certains ne s'adonnent aux exercices de piété qu'en vue de jouir des consolations des douceurs et des délices de la communication avec Dieu, ce qui entraîne des gens pieux à des égarements très graves, l'auteur de la biographie poursuit au sujet des exercices spirituels :
"Que chacun comprenne bien que la fin de tous ces exercices, et de toute la vie spirituelle, est l'obéissance aux commandements de Dieu, et l'accomplissement de la divine volonté ;"

Toute la vie spirituelle, c'est-à-dire les exercices spirituels, les prières, les communions, les examens de conscience, les confessions, les assistances à la messe, les retraites ont pour but le respect des droits de l'homme (qui sont les commandements de Dieu vu sous l'angle des droits des autres, Dieu traitant l'homme "avec un grand respect" selon Léon XIII). Nous devons nous conformer à la volonté divine qui est le respect des droits de l'homme et le respect des êtres humains. Respect de soi-même et respect des autres.

Il existe dans le milieux "tradi" une tendance à inverser les données du problème en faisant des exercices de piété des buts en soi pour se procurer le "salut".

Les exercices de piété seraient une assurance de salut (parce que selon eux ce qui est peut-être vrai après tout "qui prie se sauve et qui ne prie pas se damne"), sans aucun égard aux droits de l'homme, (des "créatures" selon cette idéologie). Ce qui est une imitation inaperçue de l'islamisme. Car dès lors, on peut violer les droits du prochain du fait que l'on est pieux, sous le prétexte que le prochain est plus petit que Dieu.

"De l'éducation chrétienne des enfants" un livre qui met l'intégrisme en déroute.

Pie XI a consacré une encyclique à l'éducation chrétienne des enfants, il a conseillé la lecture du livre du Cardinal Silvio Antoniano (1540 -1603) :

Divini illius magistri de Pie XI :


"Puisqu'il s'agit de l'éducation, il est à propos de faire remarquer combien parfaitement cette vérité catholique, que confirment les faits, a été exprimée, pour des temps moins éloignés, à l'époque de la Renaissance, par un écrivain ecclésiastique qui a grandement mérité de l'éducation chrétienne. Il s'agit du très pieux cardinal Silvio Antoniano, disciple de l'admirable éducateur que fut saint Philippe de Néri, maître et secrétaire pour les lettres latines de saint Charles Borromée, à la demande et sous l'inspiration duquel il écrivit son traité d'or: De l'éducation chrétienne des enfants. Il y raisonne ainsi: " Plus le gouvernement temporel sait coordonner son action avec celle du gouvernement spirituel, plus il le favorise et le soutient, plus aussi il concourt à la conservation de l'Etat. Car, tandis que le supérieur ecclésiastique s'efforce de former le bon chrétien avec l'autorité et les moyens spirituels, suivant sa fin; il réussit en même temps, par une conséquence nécessaire, à former le bon citoyen, tel qu'il doit être sous la dépendance de l'autorité politique. Il en est ainsi parce que, dans l'Eglise catholique romaine, cité de Dieu, le bon citoyen et l'homme de bien sont absolument la même chose. Sont donc dans une erreur profonde ceux qui disjoignent des choses si intimement unies, et qui pensent avoir obtenu de bons citoyens par d'autres règles et d'autres voies que par celles qui contribuent à former les bons chrétiens. Que la prudence humaine parle et discoure tant qu'il lui plaira : ni la vraie paix ni la vraie tranquillité temporelle ne sortiront jamais de tout ce qui s'oppose à la paix et à la félicité éternelle ou qui s'en écarte. " 40"


Aujourd'hui l'intégrisme catholique rejoint les révolutionnaires. Il soustrait les enfants à l'influence du père.

Peu importe pour ce qui nous occupe : saint Charles Borromée a été l'inspirateur de ce livre merveilleux, de ce livre qui met l'intégrisme en déroute : "De l'éducation chrétienne des enfants" (auteur : cardinal Silvio Antoniano).

15.11.09

Aux sources du complotisme : la confusion du spirituel et du social.

Le complotisme est une idéologie issue du catholicisme. Il fait de la doctrine catholique sur les "Deux étendards" telle que l'expose saint Ignace de Loyola dans ses "Exercices spirituels" une idéologie.

En gros le monde est divisé en deux partis. Ceux qui cherchent le bien et ceux qui sont séduits par l'apparence du bien. Citons les "Exercices spirituels" de saint Ignace :

"138 (...) on se représentera une vaste plaine près de Jérusalem, au milieu de laquelle se trouve Notre-Seigneur Jésus-Christ, chef souverain de tous les hommes vertueux, et une autre plaine près de Babylone, où est Lucifer, le chef des ennemis. "


Noter que saint Ignace ne parle pas de "tous les catholiques", mais "de tous les hommes vertueux".

Contre Jésus et son camp (auquel appartiennent tous les hommes vertueux quelles que soient leurs croyances) se dresse l'empire du démon. Et cet empire n'oublie personne (donc concerne tous les hommes quelles que soient leurs croyances).

Il a pour moyen

"d'abord le désir des richesses, comme il fait le plus souvent lui-même, afin de les conduire plus facilement à l'amour du vain honneur du monde, et de là à un orgueil sans bornes."

De cette méditation des deux étendards les complotistes catholiques vont tirer qu'il existe d'un côté les bons, les catholiques, eux et ceux qui sont d'accord avec eux ; de l'autre existent les méchants : les francs-maçons, les Juifs, les musulmans, les hérétiques, les athées, soit les acteurs du complot.

Ils tirent de ces "Exercices spirituels" des leçons sociales. Ils confondent les deux plans.

S'il est parfaitement vrai que

A notre époque, les fauteurs du mal paraissent s'être coalisés dans un immense effort, sous l'impulsion et avec l'aide d'une Société répandue en un grand nombre de lieux et fortement organisée, la Société des francs-maçons. Ceux-ci, en effet, ne prennent plus la peine de dissimuler leurs intentions et ils rivalisent d'audace entre eux contre l'auguste majesté de Dieu. C'est publiquement, à ciel ouvert, qu'ils entreprennent de ruiner la sainte Église, afin d'arriver, si c'était possible, à dépouiller complètement les nations chrétiennes des bienfaits dont elles sont redevables au Sauveur Jésus Christ.

Humanum genus

Il ne s'ensuit nullement que les francs-maçons se damnent tous et sont tous les ennemis de la vertu, ni que les catholiques se sauvent tous et sont tous vertueux.

Ainsi les notions de "camp des hommes vertueux" et celle "camp des méchants" transcende les croyances et même les appartenances à des sociétés visibles. C'est d'ailleurs ce qui ressort de la lecture des "Exercices spirituels" de saint Ignace de Loyola.

Evidemment, il ne s'ensuit pas non plus que l'appartenance à des sociétés explicitement opposées au règne du Christ soit un gage de vertu et que l'appartenance à l'Eglise soit une preuve de vices. Bien au contraire, il vaut mieux appartenir à l'Eglise, cela facilite la vertu (doctrine, sacrements...), mais cela ne la garantit pas. Je connais des "pratiquants" catholiques "lefebvristes" (et même de ceux "faisant les exercices" à la mode du T.R.P. Vallet) ou "progressistes" qui sont de véritables "tisons d'enfer" et des musulmans qui ne veulent ni mentir, ni voler et qui me précéderont dans le paradis.

C'est pourquoi les catholiques qui se rêvent "hommes vertueux", partant faire le djihad contre les méchants, s'apparentent intellectuellement aux islamistes. Ils confondent deux plans, deux séries de catégories : les spirituelles que seul Dieu connaît et les sociales que nous constatons.

Pour un exemple de "complotisme" pseudo-ignatien où la rupture dans le raisonnement est difficile à découvrir par suite du talent de l'écrivain voir sous ce lien en italien don Curzio Notiglia.

14.11.09

14 novembre saint Sérapion martyr à Alger en 1240.

Membre de l’ordre Notre-Dame de la Merci, saint Sérapion, un Anglais fut martyrisé à Alger où il avait été envoyé pour le rachat des esclaves chrétien, voici le récit de son martyr par le « Petits bollandistes » de monseigneur Guérin :

« Saint Pierre Nolasque l’envoya presque aussitôt après à Alger avec un autre religieux nommé Béranger. Il délivra quantre-ving-sept captifs espagnols qu’il se proposait de ramener dans leur patrie. Mais ceux des autres nations, voyant que leur délivrance était ajournée, vont trouver Sérapion, lui exposent leur condition misérable, et le danger où ils sont de perdre la foi, par suite des mauvais traitement qu’on leur inflige pour les contraindre à l’apostasie. Le saint religieux forme alors la résolution de laisser partir son confrère avec les captifs rachetés, et de rester lui-même parmi ces malheureux pour les soutenir et les consoler, tandis que l’on recueillerait l’argent nécessaire à leur délivrance. Cependant, comme il annonçait librement la vraie foi aux infidèles, et qu’il opérait des conversions parmi eux, le chef des Maures le fit charger de fers, jeter dans un cachot et battre cruellement. Bientôt après, une sentence de mort fut portée contre lui : il fut mis en croix, et tous les membres de son corps furent coupés, articulation par articulation ; pendant son supplice il répétait cette prière : « Seigneur, ne livrez pas aux bêtes les âmes de vos confesseurs : sauvez les âmes que vous avez rachetées de votre précieux sang. » Enfin il eut la tête tranchée, et s’envola au ciel pour recevoir la couronne du martyr, l’an 1240. Benoît XIII a approuvé son culte le 14 juillet 1728. »

Tome 13 p. 410 7ème édition Bloud et Barral libraires, 1876

Saint Sérapion est donc un martyr de la liberté religieuse.

Clarté de la pensée athée, preuve de sa faiblesse.

C'est en lisant "Les pensées" de Pascal que je remarque cette liaison entre la pensée athée et la clarté :

"Les athées doivent dire des choses parfaitement claires ; or, il n'est point parfaitement clair que l'âme soit matérielle." ("Les pensées" Editions Brunschwig n° 221)

"Les athées doivent dire des choses parfaitement claires". Une question vient immédiatement à l'esprit "- pourquoi ?", mais la mort n'a pas laissé à Pascal le temps de dérouler son discours sur ce point.

Je vais proposer un commentaire. "Les athées doivent dire des choses parfaitement claires" : car les athées ne veulent reconnaître rien de supérieur à la pensée humaine. Il leur faut communiquer une pensée parfaitement dominée par une expression maîtrisée. Un croyant sait que sa pensée est limitée, qu'elle est donc nécessairement obscure sur certains points à la limite entre ce qu'elle domine et ce qui la domine.

Or les athées prétendent que l'âme est matérielle. Ils disent que l'âme, comme principe de vie et d'esprit et comme telle immatérielle et immortelle, n'existe pas.

Mais cette affirmation : l'homme est doué d'un principe de vie matériel n'est pas claire. L'expérience sociale la plus commune et l'introspection démentent chacune la clarté de la proposition des athées, ce qui invalide leur affirmation.

13.11.09

Une pensée saint Ambroise sur le rôle des parents.

"Plus que vos conseils, ce qui aidera vos enfants c'est l'estime qu'ils éprouveront pour vous et celle que vous éprouverez pour eux ; plus que mille recommandations étouffantes, ce qui aidera vos enfants ce sont les gestes qu'ils verront à la maison : les gestes d'affection simples, sincères et exprimés avec pudeur, l'estime réciproque, le sens de la mesure, l'empire sur les passions, le goût pour les choses belles et l'art, aussi la force de sourire."

Traduit de l'italien (texte original probablement en latin) du site rassegna stampa.

http://www.rassegnastampa-totustuus.it/index.php

12.11.09

Saint Martin, un saint franco-hongrois.

Saint Martin (mort en 397) est fêté le 11 novembre (jour de ses funérailles) et le 4 juillet jour anniversaire de son élévation à l'épiscopat.

Il est né en Pannonie, province hongroise et mort à Candes (Candes Saint Martin) et enterré à Tours en France au confluent de la Loire et de la Vienne. C'est un village classé comme un des plus beaux villages de France. Il était soldat dans l'armée romaine (c'est dans cette période que se situe le fameux épisode du partage du manteau) avant de devenir évêque.

Il jouit d'une popularité immense en France et en Europe.

C'est à ce point qu'un site est spécialement dédié à saint Martin, comme phénomène culturel européen.

10.11.09

La constitution française totalitaire.

L'article 1er alinéa 2 de la constitution française est ainsi rédigé depuis la loi du 24 juillet 2008 :

La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales.

http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=20080724&numTexte=00002&pageDebut=00002&pageFin=

Cette rédaction est subtilement trompeuse. Il s'agit en fait de favoriser l'accès des femmes aux mandats électoraux et aux "responsabilité professionnelles et sociales". Mais la rédaction embrouillée est destinée à dissimuler la discrimination en l'habillant du terme "égalité". Il ne s'agit pas de l'égalité des chances, d'égalité formelle, mais de l'égalité matérielle, statistique qui violera nécessairement l'égalité ontologique.

On peut reconnaître le programme communiste résumé dans "Divini redemptoris"

"En particulier, le communisme n'admet aucun lien spécial de la femme avec la famille et le foyer.

En proclamant le principe de l'émancipation de la femme, il l'enlève à la vie domestique et au soin des enfants pour la jeter dans la vie publique et dans les travaux de la production collective au même titre que l'homme; le soin du foyer et des enfants est dévolu à la collectivité."

http://www.vatican.va/holy_father/pius_xi/encyclicals/documents/hf_p-xi_enc_19031937_divini-redemptoris_fr.html

On a introduit dans la constitution un ferment totalitaire puisque faisant fi de la liberté et de la vocation de chacun des sexes (toutes les mères sont des femmes, il n'y a pas de parité ici), on introduit une volonté humaine arbitraire dans l'organisation divine de la société.

Le fait que cette disposition discriminante, niant les droits contingents de chacun, faisant obligation à l'Etat de poursuivre une politique en matière de vie privée, viole les droits fondamentaux de la personne humaine à l'égalité et fait de l'Etat français un Etat totalitaire voué non au bien commun, mais à la mise en oeuvre d'une idéologie totalitaire.

Il s'agit d'un changement de nature de l'Etat français.

Réunion de certains anglicans à l'Eglise, ne pas oublier que l'Eglise n'est pas prosélyte.

Il s'agit de « répondre aux nombreuses demandes parvenues au Saint-Siège de la part de groupes de ministres et de fidèles anglicans de différentes régions du monde, désirant entrer dans une communion pleine et visible avec l'Eglise catholique ».

http://www.zenit.org/article-22598?l=french


Ce sont les paroles du cardinal William Levada commentant les accords réintégrant certains anglicans dans la communion catholique.

Le cardinal Levada a bien situé la réintégration de la Communion anglicane traditionnelle dans le cadre de la demande des anglicans.

Ce n'est pas l'Eglise qui est allée les chercher, elle a seulement répondu à leurs demandes en cherchant à leur faciliter la réintégration. Cela confirme que l'Eglise n'est pas prosélyte et qu'un catholique n'est pas prosélyte.

8.11.09

Comment le laïcisme viole les droits de la raison.

"Iota Unum", le merveilleux livre du Pr. Amerio est en accès libre et en français ici. Contrairement à ce qu'écrit Jean Kinzler ce livre n'est pas en accès intégral, mais par extraits. Le texte original du livre est en italien, mais dans l'édition des Nouvelles éditions latines, il est précédé d'une approbation de la traduction par le professeur Amerio lui-même.

Romano Amerio écrit à propos de "consubstantiel" du crédo de Nicée que ce terme est nécessaire pour rendre compte du mystère du Christ. Le Christ-homme en effet est Dieu non à la manière de la "divinité" des empereurs romains ou du sage des stoïciens, mais il est de substance divine. Il est vrai de dire du même individu :

"l'individu que voici est un homme, l'individu que voici est Dieu."
C'est un mystère que cette vérité, c'est-à-dire une vérité qui dépasse la raison.

Comme ce mystère ne contredit pas la raison, cette notion de mystère est à la source d'un droit pour la raison de l'homme.

"On viole donc le droit de la raison au surnaturel si l'on dénie à la raison le droit de se soumettre à celui qui est la Raison première. Bien plus, en refusant pareille soumission on refuse proprement à la raison de se connaître elle-même. Car se serait l'empêcher de se connaître comme limitée et donc de rien connaître au-delà de ses propres limites." (Iota unum § 13)

C'est pourquoi le laïcisme qui interdit à la raison sociale de rien reconnaître au-delà de ses propres limites, viole la liberté de la raison.

6.11.09

Persévérer dans le bien fruit de notre espérance

La mort, a ajouté le pape, est un « mystère chargé de craintes », éclairée, pour les chrétiens « par l'espérance de la vie éternelle » et « la foi nous soutient dans ces moments de tristesse humaine ». Benoît XVI a invité les fidèles à garder toujours cette espérance.

Le pape a déployé ainsi le mystère chrétien : « Dans sa grande miséricorde, Dieu nous a régénérés par la résurrection du Christ d'entre les morts. C'est pourquoi nous devons être remplis de joie en dépit des peines. En persévérant dans le bien, et à travers les épreuves, notre foi se purifie pour resplendir un jour dans la louange, lorsque le Seigneur se manifestera dans sa gloire. Voilà la raison de notre espérance, dont la joie se manifeste déjà sur notre marche terrestre vers le but de la foi, le salut des âmes ».

http://www.zenit.org/article-22573?l=french

C'est à l'occasion de la messe dite pour les cardinaux morts au cours de l'année "Avery Dulles, Pio Laghi, Stéphane II Ghattas, Stephen Kim Sou-Hwan, Paul Joseph Pham Dinh Tung, Umberto Betti et Jean Margéot" que le pape a prononcé ces phrases dont je donne l'extrait ci-dessus.

Ceux qui pratiquent le mal, ceux qui violent la loi naturelle (respect de la vérité envers les autres, respect de la propriété des autres par exemple) le font par suite de défaut d'espérance. Ce défaut peut venir et vient le plus souvent des erreurs intellectuelles dans lesquelles ils ont vécu. Il reste cependant toujours dans le coeur de tout homme la loi éternelle et sa participation qui est la loi naturelle.

Le juge prévaricateur, l'avocat vénal, la partie manipulatrice et perverse sont manifestement des gens sans espérance et par conséquent sans morale. On ne peut que les confier à la miséricorde de Dieu, en se disant qu'ils regretteront un jour la promotion, les honoraires et la satisfaction d'avoir "gagné" et d'avoir pu voler les pauvres et opprimer les malheureux. Il aurait été préférable pour eux de rendre la justice et donc pour l'avocat et le client de "perdre".

Mais ce qui importe c'est de persévérer dans le bien malgré les épreuves pour rendre compte de notre espérance. Dans les épreuves la foi se purifie car ce n'est pas le "succès" qui marque la réussite d'une vie, mais la persévérance dans le bien. La foi purifiée de la recherche de l'utile bénéficie des épreuves.

5.11.09

Le paradoxe du laïcisme contre la laïcité

Voici un paradoxe que les Français ont du mal à comprendre et qui est pourtant vrai

Dans la même édition de "Cronaca qui" que celle à la quelle je me réfère dans mon précédent post, j'ai lu l'interview d'un homme de la rue (ce que l'on appelle en France "radio-trottoir") Cette intervention est très intéressante et d'autant plus instructive qu'elle est étrangère à l'esprit français déchiré entre intégrisme et laïcisme.

Un monsieur Enzo Ghigo (interview de l'homme de la rue) a cette formule :

"Il ne faut pas subvertir nos traditions que la laïcité de l'Etat protège."

Et en effet, le laïcisme n'a pas de titre à s'imposer comme doctrine officielle de l'Etat contre la laïcité même de l'Etat.

Ce raisonnement italien est parfaitement exact, mais il est étranger aux catégories françaises.

La cour européenne des "droits de l'homme" contre le droit

Le maire de Rome fait le point sur la signification du crucifix. Le crucifix est symbole de bonté.

"Il conclut : « Le dialogue interreligieux passe par la tolérance et le respect, non par une guerre contre le crucifix, qui est au contraire un symbole de bonté et de paix qui, par tradition, trouve depuis toujours sa place dans les salles de classe de nos écoles »."

http://www.zenit.org/article-22539?l=french

Ainsi c'est bien la cour qui fait preuve d'intolérance.

En effet, l'Italie n'est pas un pays connu pour son intolérance. L'opinion de la cour est ainsi contredite par les faits.

Cette sentence semble être perçue en Italie comme un agression contre la culture italienne :

Sous le titre "La claque de Strasbourg" l'éditorialiste de "Cronaca qui" de Turin (édition du 4 novmebre) :
"Sans ce signe [du crucifix] notre art ne serait pas envié par le monde entier, il n'y aurait pas de villes historiques. Il n'y aurait pas notre culture et notre tradition."

Et plus loin "Nous savons par les agences de presse, par les déclarations qui arrivent à la rédaction et par les bulletins d'information que l'Italie en bloc compact se prépare à repousser cette sentence absurde".

Le problème que posent les juges de Strasbourg, c'est qu'ils représentent une certaine idéologie et qu'ils manquent de culture juridique. Ainsi souvent, ils ne défendent pas les droits de l'homme, ils les agressent.

4.11.09

La pratique religieuse a un effet psychologique

Comme on peut s'y attendre la pratique religieuse peut avoir un effet bénéfique. Comme beaucoup de choses bonnes, il ne faut pas en abuser. Il ne faut pas que cela tourne à la bigoterie.

http://www.zenit.org/article-22527?l=french

Selon cet article une psychiatre met en évidence les bénéfices de la pratique religieuse sur le mental.

"Psychiatre au Mater Hospital de Dublin, Patricia Casey a affirmé que « la récession à le pouvoir de causer de graves problèmes mentaux, et c'est dans ce contexte que les personnes peuvent se tourner vers la religion, tirant bénéfice de la pratique religieuse pour combattre le stress qui découle inévitablement des situations économiques ».

Patricia Casey a écrit un texte intitulé : « Les bénéfices psychosociaux de la pratique religieuse », publié par l'Institut Iona en avril dernier."

Les Irlandais pratiquent leur religion et de plus en plus depuis la récession. Il semble que la révélation des viols des droits des enfants dans les institutions religieuses irlandaises n'a pas eu d'effet négatif sur la pratique religieuse. Les religions, toutes les religions ont besoin de purifications.

Arrêt anti-crucifix : ce qui est vraiment en jeu

L'arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme du 03 novembre 2009 portant interdiction des crucifix dans les classes est en lecture intégrale sous ce lien.

On observera que l'argumentation de la Cour aussi bien que celui la partie plaignante était historique, au moins en partie. Or ce n'est pas d'histoire qu'il s'agit mais de droit et même de droit fondamentaux. Les arguments historiques ne font que brouiller le débat. Sans tomber dans le laconisme de la cour de cassation française, il serait bon d'élaguer dans les arguments.

Le raisonnement de la CEDH est, semble-t-il, le suivant : l'enseignement est obligatoire, l'enseignement d'Etat se doit de respecter les consciences, or exhiber un symbole religieux revient à violer la conscience des parents athées désireux de donner un enseignement athée à leurs progéniture. Donc il faut que l'enseignement ne soit donné sous aucun symbole religieux.

C'est le raisonnement laïciste. En d'autres termes, il faut que l'enseignement soit athée pour qu'il soit neutre. L'esprit humain étant fait pour affirmer, on ne peut sortir de cette contradiction.

En réalité le texte (article 9 de la Convention) sur la liberté religieuse pourrait encore mieux fonder le droit pour les Italiens d'exposer des crucifix dans les classes.

2. La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l'objet d'autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l'ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d'autrui. »

Si les Italiens ne peuvent "manifester leur religion", il n'y a plus de liberté religieuse. L'ordre public est athée. Rien dans le "2" de l'article 9 ne peut fonder l'interdiction du crucifix.

Le vrai problème est en réalité l'existence d'un enseignement "public" d'Etat, alors que l'enseignement est du ressort des familles. Si une famille veut donner un enseignement athée à ses enfants, elle doit pouvoir le faire sans imposer pour cela l'enseignement athée aux autres familles. C'est donc le financement du système éducatif étatique par les impôts qui est injuste (de façon analogue : financement d'un culte par l'Etat).

L'Etat n'a pas à enseigner, ni une religion, ni l'athéisme. S'il le fait, il sort de son rôle.

Prenant la législation sur l'école "publique" (en fait école privée ouverte par l'Etat) comme une pure donnée de fait, malgré donc l'injustice et l'atteinte à la laïcité que constitue l'école d'Etat, il est bien manifeste que la liberté du peuple italien d'exposer un crucifix dans les salles de classe ne peut être violée au nom du laïcisme. Aucun droit de l'homme ne peut être invoqué pour en violer un autre (article 30 du la déclaration universelle des droits de l'homme). La majorité du peuple italien ne peut se voir imposer une conviction philosophique, c'est la démocratie.

Dans ce cadre nécessairement injuste qu'est l'enseignement d'Etat, c'est aux athées à faire preuve de tolérance (article 26 de la déclaration universelle des droits de l'homme). Du moment que l'éducation aux droits de l'homme est assurée, la présence du crucifix doit être tolérée par les autres convictions religieuses ou philosophiques.

Cependant, le vrai problème de fond est ailleurs.

Il faudrait encourager partout dans le monde la privatisation de la fonction d'enseignement afin que cette fonction, privée par nature, soit restituée aux familles. Ce droit naturel des parents à donner une éducation à leurs enfants est transcrit dans le droit positif article 2 du protocole n° 1 (1) de façon très imparfaite, car le rôle subsidiaire de l'Etat en matière d'éducation devrait y être énoncé, or il ne l'y est pas. Ce rôle subsidiaire de l'Etat devrait amener au démantèlement des systèmes d'éducation d'Etat (article 26 de la Déclaration universelle in fine) par l'institution du "bon scolaire".

(1) « Nul ne peut se voir refuser le droit à l'instruction. L'Etat, dans l'exercice des fonctions qu'il assumera dans le domaine de l'éducation et de l'enseignement, respectera le droit des parents d'assurer cette éducation et cet enseignement conformément à leurs convictions religieuses et philosophiques. »

2.11.09

La France de la liberté religieuse

Les lefebvristes chez qui la "nouvelle droite" poursuit ses ravages, sont en pointe contre la liberté religieuse.

L'idéologie lefebvriste est fondée sur l'inculture.

Il faut évidemment distinguer les droits de l'Eglise sur les fidèles catholiques et les droits naturels de l'Eglise à l'extérieur. Il faut ensuite distinguer entre naturel et surnaturel. Il faut enfin avoir en tête la notion juridique de "titre". Cette notion est essentielle pour comprendre cette question.

Il se peut que la source de cette confusion lefebvriste réside dans l'excès de confiance dans les "Exercices spirituels" prêchés à la mode intégriste. Le spirituel n'est pas tout l'ordre humain, vouloir que le spirituel règle tout l'ordre humain est une erreur islamique. La laïcité, la distinction entre les ordres naturels et surnaturels entre le religieux et le laïc ne sont pas des distinctions facultatives, encore moins des erreurs.

L'Eglise a toujours défendu la liberté religieuse. Les lefebvristes inventent une rupture dans la doctrine. J'ai d'ailleurs prouvé sur mon blog que saint Pie X lui-même parle déjà de la liberté religieuse.

http://denismerlin.blogspot.com/2009/06/saint-pie-x-pour-la-liberte-religieuse.html

Les lefebvristes luttent contre la pensée de saint Pie X.

La "liberté de la religion" n'est pas le "contraire" de la "liberté religieuse". Elle en est une application particulière.

Quant à la nouvelle droite, aux nietzschéens, aux darwinistes, aux lefebvristes, aux anticléricaux (pour moi ils sont apparentés, voire parfois se confondent) ils ne sont pas la France. Ils sont l'anti-France.

Une étape vers "Caristas in veritate", "Ubi arcano"

L'encyclique Caritas in veritate on le sait met en avant le bien commun universel en vue du développement individuel et collectif.

Cette idée du bien commun universel prend sa source dans l'évangile qui nous enseigne que nous sommes "tous frères" (Mt 23,8).

Voici un passage de l'encyclique Ubi arcano de Pie XI du 23 décembre 1922 sur cette fraternité universelle :


"Cet amour même de sa patrie et de sa race, source puissante de multiples vertus et d'actes d'héroïsme lorsqu'il est réglé par la loi chrétienne, n'en devient pas moins un germe d'injustice et d'iniquités nombreuses si, transgressant les règles de la justice et du droit, il dégénère en nationalisme immodéré. Ceux qui tombent en cet excès oublient, à coup sûr, non seulement que tous les peuples, en tant que membres de l'universelle famille humaine, sont liés entre eux par des rapports de fraternité et que les autres pays ont droit à la vie et à la prospérité, mais encore qu'il n'est ni permis ni utile de séparer l'intérêt de l'honnêteté : la justice fait la grandeur des nations, le péché fait le malheur des peuples (Prov. XIV, 34)."


Puisque nous sommes plus sensibles à l'utile qu'à des biens absolus, souvenons-nous "Il n'est pas utile de séparer l'intérêt de l'honnêteté".

1.11.09

Réflexion sur la valeur du Saint Suaire.

Benoît XVI se recueillera devant le Saint Suaire exposé le 2 mai 2010.

C’est le cardinal Poletto qui l’a annoncé après avoir été reçu par le pape selon zenit. De la dépêche, j’extrais les deux petits paragraphes suivant :

« Le cardinal Poletto a notamment rappelé que Jean-Paul II, en 1998, avait affirmé qu'il ne revenait pas à l'Eglise « d'établir s'il est authentique ou non, parce que cela concerne l'histoire, les historiens et les scientifiques. Mais notre foi n'est pas fondée sur le Saint-Suaire, cela ne nous préoccupe donc pas ».

« Mais il est important de rappeler que le pourcentage de personnes convaincues de l'authenticité du Saint Suaire, c'est-à-dire qu'il est vraiment le suaire qui a recueilli le corps de Jésus dans le sépulcre, est beaucoup plus important que ceux qui nient son authenticité, même dans le domaine scientifique », a-t-il souligné.


« Il n'y a pas d'explications : la science n'a pas encore réussi à expliquer la formation de cette image admirable que nous avons sur le Saint Suaire », a-t-il conclu.

http://www.zenit.org/article-22489?l=french

« Le cardinal Poletto a notamment rappelé que Jean-Paul II, en 1998, avait affirmé qu'il ne revenait pas à l'Eglise « d'établir s'il est authentique ou non, parce que cela concerne l'histoire, les historiens et les scientifiques. Mais notre foi n'est pas fondée sur le Saint-Suaire, cela ne nous préoccupe donc pas ».

Ce n’est pas parce que la foi de l’Eglise n’est pas fondée sur le Saint Suaire que l’on doit se déclarer sceptique sur l’authenticité de la relique pour être un « vrai » catholique. A ce propos l’article wikipedia sur le Saint-Suaire est erroné : le culte de la relique n’est pas « institué » mais il en est permis, cette image n’est pas « pour les chrétiens », mais pour tout le monde : les croyants comme les incroyants peuvent y croire ou non. Ceux qui n’y croient pas ne vont pas contre la foi, mais contre la raison. Donc on peut être croyant et en contester l’authenticité et être incroyant et en confesser l’authenticité. Dès qu’il s’agit de christianisme l’inculture est de mise, même dans les articles d’encyclopédies. Les autres linges conservés comme témoin de la Passion du Christ sont des linges également authentiques (plusieurs linges ont servi à recouvrir le corps). http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Suaire

Intéressant l'article de wikipedia relate qu’un des linges, conservé à Besançon et qui représentait lui aussi le Christ a été glorieusement et intelligemment brûlé par la Convention le « 5 prairial an 2 ».

On « apprend » aussi à la lecture de l’article de wikipedia qu’une autre relique est fausse parce qu’elle est ornée d’inscriptions musulmanes en arabe brodées au fil de soie sur le linge. Cette « preuve » n’en est pas une : la broderie a pu être effectuée après.

Revenons au Saint-Suraire de Turin : la valeur de la relique est fondée sur la raison historique. Les conclusions de la raison ne sont pas facultatives pour le croyant, ni d’ailleurs pour aucun être humain, même incroyant.

A propos de cette relique les très nombreuses preuves historiques et scientifiques sont suffisantes pour me convaincre absolument de l’authenticité de la relique. Une seule suffirait d’ailleurs : c’est le négatif de la photographie de la relique qui « révèle » l’image. Or la photographie n’existait pas au Moyen Age et un "faussaire" aurait peint l'image en positif.

De plus cette image, par des moyens plus sophistiqués, est aussi la preuve de la résurrection du Christ, car l’image, sans aucun pigment, s’est formée au moment où le corps, devenu subtil, est passé à travers le tissu sans le détériorer et sans rien y laisser.

Je ne « crois » pas au Saint Suaire, j'adhère aux conclusions que me dicte ma raison à son sujet et ma conviction est inébranlable malgré la neutralité de l’Eglise.