Certaines catégories de personnes reprochent aux droits de l'homme de nier les droits de Dieu. Pour elles, Dieu a seul des droits et parler des droits de l'homme serait nier les droits de Dieu sur l'homme.
Cela n'est d'ailleurs pas entièrement faux puisque de leurs adversaires conçoivent les droits de l'homme comme la négation des droits de Dieu.
Ici, pour résoudre la contradiction apparente, il nous faudra distinguer entre les plans.
Au plan de la théologie individuelle, nous ne pouvons pas ne pas constater que nous sommes entièrement dépendants de Dieu, Maître de notre vie et de notre mort. Il nous a appelé à la vie sans nous avoir consulté au préalable, il nous retirera la vie éventuellement "comme un voleur" (Ap. 3,3), sans prévenir et au demeurant, Il nous retirera un jour la vie à tous autant que nous sommes, en nous prévenant ou sans nous prévenir, selon un choix qui nous reste incompréhensible.
Dieu seul a donc des droits et Il les exerce comme bon Lui semble.
Au plan du droit (entendu au sens d'ensemble de règles juridiques), il a plu à Dieu de conférer des droits aux hommes les uns sur les autres. Ces droits sont aussi des devoirs. Il ne peut y avoir de droits sans devoirs, car il ne peut y avoir de débiteurs sans créanciers. Le débiteur en cette qualité a des devoirs, le créancier en cette qualité a des droits. Dans la vie concrète tout le monde est tour à tour débiteur ou créancier. L'homme est donc tour à tour débiteur de devoirs et créancier de droits.
Pour la clarté d'exposition, nous avons des "Déclarations de droits" plus ou moins bien rédigées, parmi lesquelles émerge la fondamentale "
Déclaration universelle des droits de l'homme" de 1948. Cette déclaration n'est que les "dix commandements" exposés sous forme non plus de devoirs, mais de droits. Elle est en quelque sorte, si l'on me permet cette image pas totalement adéquate, le positif d'un tirage photographique négatif. C'est le "développement" d'une même image.
Cette forme d'exposition sous forme de "Déclaration des droits" est nécessaire. Car, en l'occurrence, au lieu de s'adresser à l'homme individuel, la "déclaration" s'adresse aux hommes en société. A ce point de vue, c'est plutôt l'immunité de la personne conférée par ces commandements qui doivent être exposés. La "déclaration" s'adresse à l'individu débiteur et à l'autorité débitrice afin qu'ils en dégagent plus facilement les obligations correspondantes dans leurs consciences, par conséquent dans leurs activités juridiques.
Les droits de l'homme sont donc l'expression des droits exclusifs de Dieu, source de tous les droits. Et ceux, quelles que soient leurs croyances ou incroyances par ailleurs, qui luttent contre les droits universels de l'homme, luttent contre les droits de Dieu (quelles que soient leurs consciences que Dieu seul juge).