Un des procédés fondamentaux du "traditionalisme" est la déformation des propos en vue de la condamnation du discours de l'adversaire, en lui imputant des fautes morales et non des erreurs. J'en ai été victime de la part de "Meneau" qui profère à mon encontre des diffamations..."cordialement". Meneau m'accuse de rien de moins que d'avoir produit un "
chef d'œuvre de mauvaise foi" dans mes critiques des positions traditionalistes. Or les positions "traditionalistes" reprennent presque toujours les thèses révolutionnaires (le pape Paul IV était antisémite, Moïse a édicté des lois contraires au bons sens et très méchantes, Vatican II c'est la Révolution d'octobre, le Pape est machiavélique, le Pape est libéral et relativiste etc.)
Un des buts des textes traditionalistes, au moins un des effets, est que leurs lecteurs condamneront sans avoir lu et s'enfermeront dans une opinion sans vérifier si la critique est pertinente, puisque l'auteur pose au grand honnête homme critiquant un malhonnête. Ce procédé produit à une psychologie particulière fondée sur la terreur de se tromper si l'on ne suit pas le penseur (péché mortel, enfer). Cette psychologie produit elle-même l'enfermement sociologique (peur du monde, création d'un monde "entre nous"). Le monde serait plein d'hypocrites machiavéliques n'ayant pour but que de faire tomber les autres en enfer avec le diable (les méchants vont en enfer, les bons vont au paradis), le traditionalisme est le milieu où se retrouvent les "bons".
Cela dit en introduction à la critique de la critique de la réunion d'Assise, parce que cette mentalité s'en prend à des personnes en charge de très lourdes responsabilités et jusqu'au Pape. Nous en avons un exemple dans le cas de la réunion d'Assise prévue pour 2011.
Le Pape convoque à une réunion à Assise en "octobre prochain". Il a annoncé cette réunion lors de la "Journée mondiale de la Paix" (le 1er janvier).
A l'occasion de cette annonce, le Pape ne laisse rien dans l'ombre, il dit tout clairement des fondements et des objectifs de cette réunion. Il suffit de le lire attentivement et de méditer son texte.
Or, sans se donner la peine de comprendre le discours de convocation, la Fraternité saint Pie X (FSSPX) et ses émules (les dirigeants de l'Institut du Bon Pasteur (IBP) les abbés Laguérie, Aulagnier - lequel publie
un texte de Roberto de Mattei - et de
Tanouärn qui intitule son article "Le risque d'une nouvelle stratégie", vont critiquer des positions... qui ne sont pas celles du Pape.
A titre d'exemple, voici ce qu'écrit l'abbé Laguérie sur son blog à propos de la réunion d'Assise d'octobre 2001 :
"Commençons par ce dernier point [la réunion d'Assise] qui ne peut évidemment rien apporter de bon, en soi. On peut bien trouver mille opportunités et devoir prendre mille précautions : les risques de syncrétisme, de relativisme et de scandale sont inéluctables parce que consubstantiels à ce genre de rassemblements. Le lieu-tenant de Jésus-Christ sur terre se met lui-même, et l’Eglise qu’il gouverne, au niveau des sectes diaboliques ou des religions qui refusent le Représenté ou encore le représentant lui même. La caractéristique de la religion du Christ, depuis les apôtres, c’est son auto-revendication comme détenant la vérité que les autres n’ont pas. Les autres peuvent avoir « des vérités » (quelque semence du Verbe, justement) mais non point La Vérité, parce que l’unique vérité catholique c’est le Christ Lui-même. C’est toute la doctrine de Saint-Jean (entre autres apôtres) concernant justement le (beau) Bon-Pasteur. Avant même de se définir Lui-même comme le bon berger qui octroie le vrai pâturage, Jésus affirme d’abord qu’il est la porte. « Je suis la porte des brebis… » Nul ne vient au Père que par Lui et ceux qui entreraient par une autre issue, escaladent les murs ou percent les toits, sont des brigands et des larrons. Est-ce assez clair ? Ce n’est absolument pas dire que cette grâce de Jésus n’est donnée que dans son Eglise, mais c’est toujours par Lui et même par Elle. Inviter les responsables de religions en tant que tels, en tant qu’ils les président, et même dans l’hypothèse qu’ils y feraient du bien, c’est leur donner une reconnaissance à laquelle ils n’ont pas droit et la récuser à celui qui la détient. C’est admettre les concubines en la demeure de l’épouse. Que dire d’un majordome qui imposerait cela à l’époux fidèle et pensez-vous bien détenir son aval ?"
En réalité, dans son message, le Pape part de la notion de liberté religieuse et il critique les "fondamentalismes" qui veulent imposer la religion "à tous par la force". Il invite dès lors les "grandes religions" à venir non pas prier pour prier, sans autre but que de prier, mais à prier pour la paix, qui est le fruit de la liberté religieuse. Il n'y a pratiquement aucun élément de foi dans ce discours, tout est rationnel. Le seul élément de foi serait le titre d'invitation, car c'est le Pape qui a l'initiative et qui invite. Il est en effet la seule autorité doctrinale au monde, la seule autorité qui parle au nom de Dieu parmi les hommes (il n'y en a pas d'autre), si cela se constate et s'impose comme un fait, cela découle de la foi catholique, sur ce point absolument originale.
Le Pape invite, non "les responsables" (il n'y en a pas), mais les "représentants" des "traditions religieuses du monde" et finalement "les hommes de bonne volonté" (donc par hypothèse les athées ou agnostiques), quelles que soient leurs croyances ou leurs fonctions dans la société. Et il les invite à vivre leur foi comme un cheminement au service de la paix. Il leur dit que quelles que soient leurs croyances, il leur faut orienter leur foi vers la paix. Il constate encore que la paix est liée à la liberté religieuse (c'est-à-dire : respect des consciences et des croyances dans les limites de l'ordre public). A aucun moment, il ne renie Jésus-Christ, au contraire. A aucun moment, il n'est machiavélique. A aucun moment il ne fait profession de relativisme, au contraire, il se fonde sur la doctrine de Jésus. A aucun moment il ne renonce à son autorité, c'est lui qui invite. Mais il dit aux "hommes de bonne volonté", respectez vos consciences, mais tournez les vers la vérité et le bien, ils vous conduiront à la paix. Car la paix ne viendra pas de la force (militaire, économique, culturelle, médiatique) mais des consciences s'ouvrant à la "vérité". Et la vérité, c'est, entre beaucoup d'autres choses, la liberté religieuse (vérité rationnelle confirmée par la foi).
Non seulement le pape ne prêche pas le relativisme, mais il prêche Jésus et Jésus crucifié qui nous invite à rechercher la vérité et le bien quoiqu'il en coûte.
Bref,
lisez le Pape avant de le critiquer et vous éviterez de le critiquer injustement commettant ainsi de très graves péchés.