28.11.12

Non pas un règne politique, mais un règne sur la politique


Extrait du sermon de Benoît XVI lors de la messe du Christ-Roi 2012 :

« (…) [Jésus] a été arrêté, insulté, raillé, et ses ennemis espèrent obtenir maintenant sa condamnation au supplice de la croix. Ils l’ont présenté à Pilate comme quelqu’un qui aspire au pouvoir politique, comme le prétendu roi des juifs. Le procureur romain mène son enquête et interroge Jésus : « Es-tu le roi des Juifs ? » (Jn 18, 33). Répondant à cette demande, Jésus précise la nature de son règne et de sa messianité-même, qui n’est pas un pouvoir mondain, mais un amour qui sert ; il affirme que son règne ne doit pas être absolument confondu avec un règne politique quelconque : « Ma royauté ne vient pas de ce monde … Non, ma royauté ne vient pas d’ici » (v. 36).
 [Pilate] pose une question (…) : « Alors, tu es roi ? ». Quel genre de roi peut être un homme dans ces conditions-là [dans la situation d'un accusé dépouillé de tout, sans police, sans armée, sans fortune, sans rien] ? Mais Jésus répond par l’affirmative : « C’est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité, écoute ma voix » (18, 37). Jésus parle de roi, de royaume, cependant, il ne se réfère pas à la domination, mais à la vérité. »

La politique fascine. Un simple ministre vit une vie exaltante :  aucun souci matériel, des serviteurs de haut niveau comprenant facilement vos désirs, des interlocuteurs intelligents et enrichissants, des décisions qui s'imposent à des dizaines de millions d'individus ; qui peut mener une vie semblable à celle d'un ministre ? Même un milliardaire n'a pas une vie comme celle-là.

Pourtant Jésus n'en a pas voulu. Car la politique est soumise à un règne plus important : celui de la vérité. C'est donc bien plutôt l'ordre politique qui doit être soumis à Jésus qui est la vérité et cette soumission sera volontaire et non obtenu par la force.

« Notre histoire — l'effort personnel et collectif pour élever la condition humaine — commence et culmine en Jésus : grâce à lui, par lui et pour lui, toute réalité, y compris la société humaine, peut être conduite au Bien suprême, à son achèvement. Une vision purement historique et matérialiste finirait par transformer le bien commun en simple bien-être socio-économique, privé de toute finalisation transcendante, c'est-à-dire de sa raison d'être la plus profonde. »

(Compendium, 170)

Car l'ordre politique, outre qu'il est subordonné au bien des individus et des familles, a Jésus 1) pour condition 2) pour véritable acteur et 3) pour fin transcendante (c'est-à-dire, qui est d'un ordre supérieur - en l'occurrence à l'ordre terrestre -). Nous sommes ici à équidistance entre les libéraux qui ne veulent pas voir en Jésus la condition, l'acteur et la fin de l'ordre politique commun et les "intégristes" qui croient que c'est saint Pierre qui avait la bonne solution (Jn 18 10-11), sans préjudice cependant de la légitime défense des droits universels de l'homme dont les droits culturels et ethniques particuliers et contingents que le Christ garantit par ailleurs.

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