Hier, j'ai participé au repas que le Centre communal d'action sociale offre aux vieux de la commune de Montgenèvre. J'ai donc pu recueillir le témoignage d'un homme né en 1931 sur les événements subis par l'humble population pauvre d'un (à l'époque) pauvre village alpin.
Les habitants de Montgenèvre, village frontière entre l'Italie et la France ont vécu pendant la guerre de 39-45 une aventure ignorée de la grande histoire, mais fort intéressante parce que la petite histoire fait comprendre la grande.
De 1940 au 23 septembre 1943, le village est annexé par l'Italie de Mussolini. Le 23 septembre 1943, Rome capitule et se range du côté des alliés. Les troupes italiennes disparaissent, et selon le témoin, abandonnent armes et uniformes. Elles sont remplacées par les troupes allemandes qui occupent le nord de l'Italie et appuient le gouvernement de Mussolini installé à Salò.
En août 1944, les troupes allemandes déportent toute la population de Montgenèvre en Italie, à Bousson. Montgenèvre devient un village fantôme. Bousson est situé à moins de 20 kilomètres de Montgenèvre. Ils sont 71 déportés dont un bébé et des enfants. Au cours de cet épisode, un bombardement français par obus tue 4 enfants dont une petite fille de 5 ans avec la maman. Ils étaient assis en cercle, en famille. Il y eut 19 blessés dont une femme a ses deux jambes amputées (elle tint ensuite le bar de l'hôtel "Le Chalvet" qu'elle exploitait avec son mari). En mars 1945, ils sont de nouveau déportés de Bousson à Turin (Italie) où ils occupent dans des conditions d'hygiène précaire un ancien cantonnement militaire (poux). Ils dorment sur la paille. Ils y restent un mois de fin mars à fin avril 1945, et sont déportés encore de Turin à Milan où ils restent 24 heures, le 24 ou le 24 avril. Après 24 heures, la Croix rouge helvétique les prend en charge, les emmène en Suisse les épouille, les soigne. De Suisse, où ils ne restent pas, ils sont rapatriés à Briançon fin avril 1945 pratiquement au moment de la capitulation de la "République sociale" le 25 avril 1945.
Il reste deux mystères, selon le récit de ce vieux monsieur. Lorsqu'ils rentrent à Montgenèvre les déportés constatent qu'une dizaine environ de maisons ont été incendiées. L'emplacement de ces maisons du centre du village se voit encore aujourd'hui : l'emplacement en est occupé aujourd'hui par des bâtiments datant des années 50. Le témoin dit ne savoir qui a perpétré ces incendies entre août 44 et fin avril 45 dont les auteurs sont restés inconnus. Il ne semble pas qu'il y ait eu ne serait-ce qu'une enquête.
Les Allemands avaient enrôlé dans leurs rangs, des "Mongols". Les "Mongols" étaient utilisés contre les populations françaises. Ces "Mongols" auraient perpétré deux assassinats de paysans travaillant dans leurs champs. Je pense que ces "Mongols" devaient en réalité être des Russes de la division "Vlassov", mais ce n'est qu'une hypothèse. Ce récit, c'est l'histoire vue par le peuple, pas par celui des intellectuels, des historiens travaillant sur des documents, il est donc probable que l'appellation populaire "Mongol" désigne un autre réalité ethnique. La politique allemande était d'utiliser, parmi ceux qui se mettaient de leur côté, les Russes en France et les Français en Russie.
Cette petite histoire de l'humble peuple français est plus réelle que les grandes théories des journaux et des discours. On mesure aussi l'injustice du procès Papon par exemple qui fit abstraction de la véritable situation des Français à cette époque.
Les calomnies que Sarkozy et Hollande déversent encore de nos jours sur un peuple travailleur et exploité, encore affaibli par un certain clergé se retournant contre sa culture me rendent ce peuple encore plus sympathique.
Les troupes allemandes on assassiné un oncle de mes enfants. Il faut y joindre maintenant, nouvelle expérience de 2012, le récit de cette déportation, de cette petite fille morte et des trois enfants avec leurs enfants morts sous les obus français. (J'ai connu le père de la petite fille dont l'histoire est connue dans le village. Il est décédé au début des années 70 du XXème siècle.)
Pauvre peuple français couvert de crachats par ceux qui devraient le protéger.
Quand donc son calvaire finira-t-il ?
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