17.11.08

Composition : difficulté de la transition

Définition et difficultés des transitions.

Il ne suffit pas que le plan d’une œuvre soit nettement arrêté dans l’esprit de l’écrivain, il faut encore rendre ce plan sensible pour le lecteur. C’est à quoi servent les transitions.

Définition – Les transitions sont des idées intermédiaires,destinées à exprimer le rapport qui existe entre deux idées plus importantes ou deux groupes d’idées. Les point d’attache entre nos pensées sont infiniment variés ; les principaux sont les rapports de cause à effet, la ressemblance, la différence, l’opposition, la coexistence dans le temps ou dans l’espace, etc.

Oreste demande à Pyrrhus qu’on livre Astyanax aux Grecs (dans Andromaque de Racine) :

Et dans toute la Grèce il n’est point de familles

Qui ne demandent compte à ce malheureux fils

D’un père ou d’un époux quHector leur a ravis.

Et qui sait ce qu’un jour ce fils peut entreprendre ?

Peut-être dans nos ports, le verrons-nous descendre,

Tel qu’on a vu son père, embraser nos vaisseau,

Et la flamme à la main, les suivre sur les eaux.

(1) en note : Racine Andromaque, Act. I, sc. II, v. 161

Et qui sait ce qu’un jour ce fils peut entreprendre ?

Voilà le pont entre le passé et l’avenir ; voilà la phrase qui permet d’aller des maux que les Grecs ont soufferts à ceux dont ils sont menacés.

Quelquefois, au lieu d’être annoncée par une phrase entière ou une simple proposition, la transition est indiquée par un ou deux mots : mais, bref, au reste, cependant, d’ailleurs, c’est pourquoi, etc. Dans une fable de La Fontaine, l’hirondelle s’adresse ainsi à de petits oiseaux :

Demeurez au logis ou changez de climat :

Imitez le canard, la grues et la bécasse.

Mais vous n’êtes pas en état

De passer comme nous des déserts et les ondes,

Ni d’aller chercher d’autres mondes ;

C’est pourquoi vous n’avez qu’un parti qui soit sûr :

C’est de vous enfermer aux trous de quelques mur (I).

(I) La Fontaine, Fables, l. I, f. VIII L’Hirondelle et les petits oiseaux.

Dans les deux conjonctions mais, c’est pourquoi, l’une indique une objection, l’autre, une conséquence. Elles nous avertissent que nous abordons chaque fois un nouvel ordre de pensées.

Abbé Cl. Vincent « Théorie de la composition littéraire » J. de Gigord Editeur 1916

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