28.9.06

La pensée est-elle réductible à de la matière ? La pensée des animaux pour répondre à Marie.

Marie Rivet, traductrice anglais> français a posté hier sur mon blog une question sur la pensée des animaux. Je reviens donc sur la question de la "pensée" selon le matérialisme, et je tâche de répondre à Marie sur la "pensée" des animaux.

Pour Engels dans le fond la pensée, c’est un peu de vibration de l’air, c’est un peu d’encre sur le papier. Cette vibration ou cette encre détermine dans le cerveau de l’auditeur ou du lecteur d’autres réactions chimiques dans son organisme, c’est la transmission de la pensée, c’est la détermination de l’autre à agir. Ce ne seront que d’autres réactions physico-chimique que l’on pourrait mettre en équations mathématiques, si la science expérimentale était plus avancée.

Peut-être suis-je un peu simpliste. Je caricature la pensée d’Engels ? Je ne le crois pas. Ce qui caractérise la pensée matérialiste est son extrême simplisme. Lorsqu’Engels énonce « le cerveau sécrète la pensée comme le foie sécrète la bille », il dit bien cela, il me semble. Il veut dire, il n’y a pas d’âme, il n’y a pas de « pensée » indépendante de la matière.

Tout est très clair, trop sans doute. Cela a donné le « génial Staline » que l’on prenait et qui se prenait pour un génie universel. Une pensée qui explique tout, ou rien n’est mystérieux, est une pensée qui séduit. Dans la conversation, vous avez réponse à tout, dans votre vie intellectuelle, pas de mystère, pas de questions non résolues. Le confort intellectuel et moral vous est offert moyennant peu d’efforts.

Or, selon Gilson reprenant Plotin, la pensée énonce nécessairement, présuppose nécessairement des notions abstraites qui la constitue. Par exemple si j’énonce « je pense donc, je suis. » Ce qui est une vérité saisie intuitivement, laquelle ne permet aucun doute raisonnable. Cette intuition, ma pensée la jugera « juste », « vraie », voire « belle ». Le « juste », le « beau » le « vrai » sont des « intelligibles », des notions abstraites qui forment le tissu de notre pensée. Il est impossible de penser sans penser « vrai », ma pensée est « vraie », cela est présupposé dans toute pensée.

Gilson dans « Constantes Philosophiques de l’Etre » p. 160 s’inspirant de Plotin poursuit son exposé : « Comment [l’intelligence] peut-elle se mettre à leur recherche [du beau, du vrai] sans se mouvoir, elle qui n’est pas dans l’espace ? (…) La vérité est qu’elle ne s’en compose pas. Elle est la totalité de ces intelligibles [le vrai, le beau, le juste etc.] qui sont des êtres ; elle n’a donc besoin ni de raisonner pour les atteindre, ni de se conformer à eux pour être vraie. » En effet, avant le raisonnement se situe l’intuition des « vérités premires ».

Nous ne sommes pas dans le domaine des vérités démontrables, issues de raisonnements, nous nous situons ici avant même le raisonnement. Ces vérités font l’accord de tous les esprits, elles sont au principe de la pensée et la constituent. Découvrir cela n’est évidemment pas découvrir toute la science, mais seulement réfléchir sur les principes de la pensée et sur la pensée elle-même.

Pour répondre à Marie, Gilson poursuit « ce langage qui m’est d’abord du dehors, et où je peine à verser un sens intelligible (…) est-ce lui qui cause le sens qui en fait un langage ? Peu de spectacles sont si troublants que celui de ces primates dits « supérieurs » dont le regard, l’attitude les gestes et le balbutiement, précipité mais intense, semblent vouloir « dire quelque chose » qu’ils ne parviennent pas à exprimer. Ils sont en permanence dans la situation bien connue de l’homme « qui manque de mots pour s’exprimer »

Cela tendrait à prouver que la pensée est antérieure au langage, car les animaux semblent penser mais sont incapables de l’exprimer autrement que par des gestes ou des mimiques.

Un chien est capable d’exprimer une joie indicible de vous voir, l’envie de partager une affection, une contrition d’avoir fait une bêtise, la honte d’avoir été inconsidéré etc. On le voit à sa mimique, à son attitude, pourtant il est incapable de le dire.

Selon moi, donc et à la suite du Cardinal Antoniano (auteur de De l’Education Chrétienne des Enfants) les animaux sont capables de pensées rudimentaires, y compris de pensées morales, comme celle de se sentir coupables. Il ne sont évidemment pas capables d’exprimer beaucoup de nuances, mais ils pensent.

27.9.06

Notre pensée preuve de notre immortalité

J’aime réfléchir à la philosophie, aux questions philosphiques. Un de mes livres de chevet est « Constantes Philosophiques de l’Etre » de Gilson . En général, je ne comprends pas grand’chose aux questions qui se posent. Mais parfois, je trouve un passage que je comprends et qui me ravit.

Par exemple sur l’immortalité de l’âme :

[quote]"Si, comme l'assure Engels, c'est le cerveau qui pense, jamais effet ne fut plus dissemblable de sa cause, car le cerveau est un morceau de matière vivante et organisée, d'une certaine dimension et d'un certain poids, d'une structure connue et dont l'activité s'exerce à partir de centres localisables, alors que la pensée, telle que la décrit Plotin, n'offre aucun ces caractères de ce qui est corps dans l'espace."[/quote] (E. Gilson [i]"Constantes Philosophiques de l'Etre"[/i] éd. [i]Librairie Philosophique Vrin[/i] p. 159 et 160, 1983)

Nos pensées,( et nos prières sont aussi des pensées) sont une manifestation de notre âme. Pardon pour cette évidence, mais comme le dit l'épigraphe du livre de Gilson "[i]Tout cela n'a rien d'original. Mais on ne voit pas assez combien c'est important[/i]" (citation d'Edward Sapir, [i]Anthropologie[/i])

Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus dit qu'elle aussi pensait étant enfant :

[quote]"Un jour une de mes maîtresses de l’Abbaye me demanda ce que je faisais les jours de congé lorsque j’étais seule. Je lui répondis que j’allais derrière mon lit dans un espace vide qui s’y trouvait et qu’il m’était facile de fermer avec le rideau et que là " je pensais. " Mais à quoi pensez-vous ? me dit-elle. Je pense au bon Dieu, à la vie.. . à l’ÉTERNITÉ, enfin je pense !... La bonne religieuse rit beaucoup de moi, plus tard elle aimait à me rappeler le temps où je pensais, me demandant si je pensais encore... Je comprends maintenant que je faisais oraison sans le savoir et que déjà le Bon Dieu m’instruisait en secret."[/quote]

Du site jesusmarie.com

http://www.jesusmarie.com/therese_de_lisieux_manuscrits_autobiographiques.html

Ici elle semble dire que "[i]penser[/i]" et faire oraison, c'est-à-dire prier sont une seul et même chose, si l'on pense "à Dieu, à la vie... à l'Eternité" Penser à la vie, c'est prier. Il fallait oser le dire et notre docteur mystique l'a dit.

Note : Plotin est un philosophe grec né en Egypte au troisième siècle après Jésus-Christ et mort à Rome, fondateur d’une école néo-platonicienne. Je pense un jour transcrire la citation faite par Gilson

24.9.06

Les fausses fenêtres de Monsieur Machelon

Les fausses fenêtres de la commission Machelon.

Afin de faire passer le financement par les fonds public des nouveaux cultes et notamment des cultes évangéliques et musulmans la commission Machelon tente de faire croire qu’il n’y a rien de nouveau dans ses propositions, que cela s’est toujours fait.

En réalité, ce qui s’est fait jusque là notamment la prise en charge de l’entretien des bâtiments du culte catholique, par exemple, c’est que les édifices avaient été construits par les dons des catholiques. La nationalisation de ces édifices, sans indemnité à la personne morale de l’Eglise, entraînait en contrepartie la prise en charge des frais de réparation, dont d’ailleurs l’Etat profitait par la conservation de son patrimoine.

De même lorsque « dans les années soixante pour faire face au besoin de construction de lieux de culte liés à l’arrivée des rapatriés d’Algérie, un système de prêts bonifiés de la Caisse des Dépôts et consignations au profit de l’AFINER (Association pour le financement des édifices religieux) permit de construire une quarantaine de lieux de culte catholiques, protestants et israélites » (p. 18 du rapport), cela est une mesure de justice en raison de l’expropriation sans indemnité des édifices religieux de ces religions par l’Algérie. On prend ainsi prétexte d’une mesure de justice pour indemniser des personnes morales qui avaient financé elles-mêmes les édifices du culte et en avaient été expropriées sans indemnité pour financer aujourd’hui ceux qui ont exproprié les cultes ! D’ailleurs le seul « cadeau » portait sur le montant des intérêts et non sur le capital. Ce n’était pas une subvention, alors que cela aurait pu l’être.

Tant de cynisme laisse pantois !

Car il n’est pas dans la tradition républicaine, ni même française de financer les cultes avec l’argent des membres des autres cultes, voire avec l’argent de ceux qui n’ont aucun culte. Si des mesures pareilles étaient prises nous ne serions plus dans un état de droit, assurant la justice.

21.9.06

L'injustice intolérable de la commission Machelon

La commission Machelon : une curieuse composition, les athées sont oubliés. Ce rapport plein de cautèle peut être consulté sous le lien visé ci-dessus.

Selon le rapport Machelon la France compte environ vingt-cinq pour cents d’athées et d’agnostiques. Elle les enrôle chafouinement dans les autres cultes en prétendant pour eux que bien qu’athée ou agnostiques, ils n’en seraient pas moins religieux. « se dire sans religion ne signifie pas nécessairement que l’on se sente athée ou que l’on se désintéresse des questions dites spirituelles» (page 6).

En tout cas ceux qui s’en désintéressent ou ceux qui se disent athées n’ont qu’à accepter le rapport Machelon payé avec leurs impôts. Car d’athée il n’y en a aucun qui ait siégé à ce titre dans la commission. On décidera donc pour eux ce que l’on doit faire de leur argent après avoir décidé de ce qu’ils pensaient. Comme il s’agit probablement d’un quart de la population, c’est tout de même un peu fort.

Cette commission n’a aucun athée ou agnostique dans son sein, elle n’a pas non plus de représentant du culte catholique. Certes, siégeaient dans cette commission des catholiques, mais de représentant du culte, non. La religion catholique est représentée par les évêques et le pape, ils peuvent déléguer des personnes de leurs choix, mais ce sont eux qui ont l’autorité.

Donc cette commission n’a aucune représentativité, aucun membre de la hiérarchie ou de délégué de la hiérarchie catholique (70 % de la population), aucun athée ou agnostique (25 % de la population) que représentait cette commission ? Rien : des fonctionnaires dévoués à l’époux de Cécilia, des avocats, des juristes de divers horizons, mais toujours des OBLIGES plus que des personnes parfaitement libres ou représentatives.

Il n’est pas étonnant que cette commission aille dans le sens de ses obligés et préconise que l’argent public aille financer les opinions religieuses. Les athées et agnostiques n’auront qu’à bien payer pour être combattus, voire menacés. Les sectes pourront prendre le pouvoir dans des municipalités et financer avec l’argent de tous les contribuables leurs activités et les préfets pourront imposer de financer la religion qui leur plaira, le maire n’aura qu’à s’exécuter.

La loi de 1905 donnait finalement satisfaction à tous, elle fonctionne depuis plus de cent ans, sans anicroche avec de multiples confessions, mais que veulent en réalité les hommes politiques ?

En tout cas, si ce rapport devait être appliqué on se trouverait dans une situation intolérable au regard de la justice, de la simple justice sociale.

19.9.06

Réflexion personnelle sur Benoît XVI, Duns Scott et la loi

Jean-Duns Scott (1265-1308) est un moine franciscain Ecossais béatifié par Jean-Paul II en 1990. Un intellectuel qui a laissé des ouvrages importants dans l’histoire de la théologie de la philosophie et du droit.

Pour lui le droit n’est pas une ordonnance de la raison mais une simple ordonnance arbitraire de Dieu, c’est du moins ce que je retiens du résumé consultable ici :

http://www.denistouret.fr/ideologues/Duns_Scott.html

« Affirmer l'existence d'un ordre naturel qui émanerait de la raison divine c'est amoindrir la puissance de Dieu qui ne saurait être obligé d'agir selon la raison mais comme il l'entend. (…) Il est vrai que [Dieu] a créé un ordre qui peut être qualifié de naturel. Mais Dieu, qui dispose du pouvoir absolu, n'est pas lié par ses propres lois et donc par l'ordre naturel, c'est ainsi qu'il agit par miracles, qu'il a voulu que Marie, tout en demeurant vierge, donne naissance à son fils, ce qui n'est pas dans la nature des choses. »

Si Dieu fait des miracles, ce n’est pas sans raison. Donc l’exception n’infirme nullement la règle que l’on peut retrouver dans la loi, la raison.

Benoît XVI a voulu marquer dans son discours de Ratisbonne que cette opinion n’est pas conforme à ce qui pourrait être appelé la rationalité de la foi et donc, selon moi, la rationalité de la loi (Dieu nous parle par le contenu de la foi qui contient la morale et donc les lois)

Dieu agit avec « logos », c’est-à-dire avec raison et l’analogie entre Dieu et nous, même si elle reste lointaine n’en reste pas moins une analogie. Nous sommes formés à l’image de Dieu, nous retrouvons donc dans notre âme l’image de Dieu. Dieu n’est pas soumis à la rationalité, au sens où il serait soumis à quoi que ce soit, mais Il ne peut être en désaccord avec elle, car la raison est un moyen d’arriver à la vérité. Le langage est toujours inadéquat à son objet et il l’est encore plus lorsque l’on traite de Dieu, cette « soumission » de Dieu à la raison en une illustration.

Selon le pape Duns Scott initie un mouvement en occident qui ne veut voir dans la loi qu’une ordonnance arbitraire, une volonté sans aucune raison perceptible à nos entendements humains.

Duns Sott semble ainsi s’opposer, à la définition thomiste de la loi : « la loi est une ordonnance de la raison promulguée par une autorité légitime en vue du bien commun. »

Si nous n’envisageons plus que les lois humaines, des lois dites « positives », la raison doit donc y présider. Il me semble que le monde moderne, la pensée juridique moderne est en parfait accord avec ce principe, au moins intellectuellement. Si l’on dit la loi doit-elle être raisonnable, conforme à la raison, tout le monde répondra « oui ».

Mais en pratique, vouloir faire reposer la loi uniquement sur les mœurs telles qu’on les constate, est un volontarisme, qui même s’il est collectif (« la loi doit se conformer aux mœurs ») n’en reste pas moins un volontarisme où la recherche de la rationalité semble, par principe, évacuée. Dans cette perspective, Duns Scott serait le père du droit moderne. De l’absolue liberté de la volonté divine, on glisse à l’absolue liberté de la société des humains dont seule la volonté générale compte.

17.9.06

Un secret d'éternelle jeunesse

Nos idées ne prennent pas de ride.

On a bien ri d’entendre Mademoiselle Arlette Laguiller dire « nos idées n’ont pas pris de rides »

Bien sûr si l’on prend le sens que veut signifier Mademoiselle Laguiller, il est évidemment absurde de dire nos idées ne prennent pas de rides, c’est-à-dire ne sont pas souvent périmées. Si nos idées doivent s’adapter aux événements et se modifier en conséquence de l’évolution du monde.

Cet entêtement n’augure rien de bon, le monde a changé, nos idées doivent changer.

Marie a posté sur le sujet lorsque je lui ai fait observer que je trouvais l’expression poétique, elle m’a répondu, mais voyons, nos idées changent ! Et elle a raison. Nos idées changent, nous en abandonnons certaines et en adoptons d’autres. Je suis d’accord.

Lien vers le blog de Marie :

http://marie.cedrix.org/log/index.php?General

Mais l’expression : nos pensées ne prennent pas de rides est exacte en ce que si je pense : « j’aime maman », cette pensée reste éternellement jeune, elle le restera. Donc en ce sens, dès qu’il s’agit d’amour nos pensées ne prennent pas de ride. A quatre-vingt dix ans ou au-delà ma pensée d’amour sera éternellement jeune. Je serais ridé comme une vieille pomme, mais mes idées seront jeunes, éternellement jeunes.

Ce qui m’a donné cette idée, c’est la pensée de Plotin rapportée par Gilson dans son « Constante philosophique de l’être » (Vrin éditeurs éd. 1983, p. 160) « Ces intelligibles s’offrent à nous sous forme de notions distinctes telles que le « juste » et le « beau » par exemple. (…) comment [l’intelligence] peut-elle se mettre à leur recherche sans se mouvoir (…) ? » Nos pensées, notre intelligence recherche le vrai, le bien, l’amour et ces pensées qu’elle engendre sont éternellement jeunes d’autant plus qu’elles seront simples et amoureuses. Notre pensée est inaltérable, elle peut être alerte sans se déplacer, elle peut être fraîche après des dizaines d’années, elle peut même rajeunir et devenir plus fraîche au fur et à mesure de l’écoulement des années.

« Je m’avancerai à l’autel de Dieu, au Dieu qui réjouit ma jeunesse » chante le roi psalmiste, ce psaume peut être récité par des vieillards. (psaume 43)

Nos pensées ne prennent pas de ride, en ce sens, c’est parfaitement vrai, c’est la seule chose qui reste éternellement jeune chez nous. Profitons-en, comme dit la pub ;-) ayons des pensées jeunes, des pensées d’amour.

16.9.06

Benoît XVI, les médias et l'islam

Le pape a fait un cours dans une ancienne université où il a enseigné, l'université de Ratisbonne (Regensbourg)

Le thème de son cours est "foi et raison" et rien d'autre.

Pour accrocher l'auditoire, il rapporte le dialogue entre Paléologue un empereur bysantin du quinzième siècle avec un Persan cultivé. Au cours de ce dialogue, rapporté par l'empereur lui-même, celui-ci fait observer à son interlocuteur qu'user de violence en matière de religion n'est pas conforme à la raison. Ce qui dans sa mentalité de Grec, démontre que cela ne peut venir de Dieu, la raison ne pouvant contredire Dieu et réciproquement. La violence doit donc, selon Paléologue, exclue de la religion.

Le pape fait observer que cet argument n'a aucune chance de convaincre un musulman car, pour l'islam (comme d'ailleurs pour Duns Scott, un penseur chrétien du Moyen-Age) Dieu n'est lié par rien et donc même pas par la raison ou le bien. Alors que pour la pensée occidentale classique Dieu est au-dessus de la raison mais ne saurait la contredire puisqu'elle est un instrument qu'il a donné à l'homme pour parvenir à la vérité. La raison fait partie de la révélation. Et Dieu ne peut pas ne pas vouloir le bien, non qu'il lui serait soumis, mais parce qu'Il est lui-même le bien.

Voilà toute l'affaire. Le pape n'a donc pas eu l'intention de critiquer l'islam, il a simplement voulu poser l'état de la question avant son exposé sur "la foi et la raison". Puis il part sur d'autres considérations dans un texte très profond et admirable.

Quel chambard !

Je crois que toute l'affaire est venue du titre donné par le journaliste de l'agence catholique au discours du pape : "La violence est en opposition avec la nature de Dieu et la nature de l'âme"

Ce titre n'est pas du pape et ne résume en rien le contenu de l'intervention de Benoît XVI. Le titre de l'intervention du pape est "foi et raison", et le sous-titre aurait pu être plus justement. "La rationalité fait partie de la révélation chrétienne depuis la rencontre du judaisme et de l'héllenisme." Ou quelque chose d'approchant.

Voilà toute l'histoire. Je cours relire le discours du pape que vous pourrez retrouver sur le lien avec le fameux sous-titre devenu involontairement incendiaire ! La lecture de ce document non seulement n'incite en rien à la haine ou au mépris, mais constitue une excellente introduction à la compréhension de la culture mondiale contemporaine et une base pour servir au dialogue, avec l'islam par exemple.

5.9.06

L'enregistrement des déclarations devant la police

http://fr.news.yahoo.com/05092006/290/la-reforme-de-la-justice-de-l-apres-outreau-est.html

Selon une dépèche Reuters, consultable sur le lien ci-dessus, un projet de loi de réforme de la justice est prêt. Rédigé sous l’autorité du garde des sceaux, Monsieur Pascal Clément, il prévoit l’enregistrement dans les affaires criminelles exclusivement des déclarations faites devant la police et devant les juges d’instruction.

Comme on l’a déjà fait observer, l’écrit se justifiait du temps où l’enregistrement audio-visuel n’était pas possible, car bien trop onéreux.

De nos jours la mémoire électronique se fait bon marché (ne parlons pas de la mémoire sur pellicule de gélatine, qui va devenir un souvenir), où les caméras envahissent la vie de tous les jours. « Faites la gueule, vous êtes filmés ! » et ont un coût qui devient dérisoire, je pense que l’on va vers un tout audio-visuel au moins pour les dépositions de témoins et de mis en causes.

Les témoins et surtout les prévenus et les accusés à longueur de procès prétendent que les aveux ont été arrachés sous la contrainte, voire sous la torture, ou sur la foi de promesses fallacieuses. « Si tu avoues on te libérera, ou on oubliera tel aspect du dossier. » Cela mettra fin à tous ces arguments où c’est la parole des uns contre celle des autres. Cela mettra fin aux attaaques dont est l’objet la justice française par les associations défenderesse des droits de l’homme et les organismes internationaux.

Et cela d’autant plus que les procès verbaux d’interrogatoire de police ne valent que comme renseignements et sont toujours discutables (au sens étymologique, non pas au sens qu’ils seraient douteux !) en droit. C’est le sens de l’article 431 du Code de Procédure Pénale, non pas que le procès verbal est sans valeur, mais que l’on peut combattre ses constatations par l’apport de preuve contraire. A défaut de preuve contraire, il fait foi, mais une preuve contraire peut amener le juge à le rejeter. Il n’a pas de valeur absolue.

Si l’on a un enregistrement audio-visuel, à mon avis plus rien ne sera discutable, au moins pour les déclarations contenues dans le procès verbal. Si la personne mise en examen s’effondre spontanément, donne des détails spontanément, il ne lui sera plus possible ensuite de dire qu’elle a été torturée, qu’on lui a soufflé les détails etc.

Je ne comprends pas pourquoi les syndicats de police et de magistrats s’opposent à cette mesure de bon sens. C’est un peu comme si lors de son invention on s’était opposé à la machine à écrire ou au traitement de texte ! Ou comme ceux qui prétendaient, lors de l’invention du chemin de fer, qu’à cent km à l’heure la respiration deviendrait impossible !.

Le progrès, c’est le progrès, il y a encore dix ans, on conseillait de garder dans un bureau un machine à écrire, « pour le cas où… », aujourd’hui cette précaution semble antédiluvienne et même les pépés comme moi, ne la prennent plus ! D’ici quelque temps, ce sera la même chose pour l’enregistrement audiovisuel qui semblera naturel à tous et cela même pour les affaires correctionnelles.

3.9.06

Eva Joly dénonce la corruption française

Madame Eva Joly dénonce la corruption à la française.

Madame Eva Joly est citoyenne Franco-Norvégienne. Norvégienne d’origine, elle a épousé un Français.

Elle donne une interview publiée aujourd’hui dans le « Journal du Dimanche » dit aussi le JDD sur la corruption à la française.

Ancienne juge d’instruction en charge du dossier ELF (ancienne société pétrolière française nationalisée, devenue aujourd’hui une « marque » de Total) elle a été obligée de démissionner de son poste et de rentrer dans son pays d’origine à la suite de menaces de mort.

"Je vous assure que les Français ont tort de croire que les choses sont sous contrôle. Tous d'ailleurs ne le pensent pas. A commencer par l'OCDE qui a vérifié l'application, par ses pays membres, de la convention de 1998 relative à la lutte contre la corruption et ne classe pas la France en tête des pays vertueux", ajoute l'ex-juge d'instruction, aujourd'hui en poste au sein de l'Agence publique norvégienne pour l'aide au développement (Norad) où elle lutte contre la corruption dans l'aide au développement. » affirme-t-elle dans son interview. (source AFP)

http://actu.dna.fr/060902204408.5b98t7q9.html

La corruption est aussi de découragement pour les acteurs économiques qui se voient voler le fruit de leurs travail ou de leurs investissements.

La corruption est cause de manque de confiance dans la justice. Si un juge peut être menacé de mort et choisir de rentrer dans son pays, combien ne peuvent que « se coucher ». Si elle peut se permettre de dire ce qu’elle dit, c’est qu’elle est protégée par sa nationalité norvégienne. Nos « petits chefs français » ne peuvent l’atteindre.

La corruption n’a pas toujours pour mobile le « bakschich », elle peut avoir le copinage ou le désir de promotion. Il y a quelques années le journal « La Provence » de Marseille avait dénoncé la corruption étalée au Palais de Justice où un juge était connu pour ses interventions pour la mairie (on ne donnait pas le nom du juge et pourtant on aurait bien aimé « des noms, des noms, qu’on rigole ») que croyez-vous qu’il arriva ? Rien. On peut légitimement penser que tout est comme avant. A ma connaissance, aucune réaction, l’information n’a pas été reprise dans les média nationaux. Tout va bien.

En l'an deux mille avait été organisé une exposition sur les années Mitterrand. L'expo donnait à voir une lettre de l'ex-président de la république. C'était une lettre d'intervention auprès des juges. Il paraît qu'il intervenait même dans des affaires de divorces !

Pour une Eva Joly, combien de juges qui ne peuvent rien dire ?

2.9.06

Le droit naturel et Michel Onfray

Lu sur le Net :

« Le décalogue vaut comme invite locale, sectaire et communautaire. Sous-entendu “toi, juif, tu ne tueras pas de juif”. En revanche, tuer les autres, les aussi, les goys, le forfait n’est plus vraiment tuer. Yahvé parle à son peuple élu et n’a aucune considération pour les autres. La Torah invente l’inégalité éthique, ontologique et métaphysique des races (…) Depuis deux mille cinq cents ans, aucun responsable issu du peuple élu n’a décidé que ces pages relèvent de la fable, de balivernes et de fictions préhistoriques dangereuses au plus haut point, car criminelles. Bien au contraire. Il existe sur la totalité de la planète, un nombre considérable de gens qui vivent, pensent, agissent, conçoivent le monde à partir de ces textes qui invitent à la boucherie généralisée sans jamais avoir été interdits de publication pour appel au meurtre, racisme et autres invitations aux voies de fait.” Michel Onfray, Traité d’athéologie, cité par Actualité Juive n°887 du 21.04.2005, p.30

Le pseudo-philosophe Michel Onfray procède par affirmations gratuites. A tu ne tueras pas d’être humain, qui est le cinquième commandement et qui est entendu ainsi par toute l’humanité, il ajoute lui-même : tu ne tueras pas de Juifs, mais tu pourras tuer les non-juifs.

Comme ce commandement a été reçu par Moïse à un moment où le peuple juif n’existait pas, l’affirmation d’Onfray est absurde pour quiconque a un peu de culture historique.

Elle est aussi absurde car la bible, même de l’Ancien Testament, parle de nombreux saints qui n’étaient ni hébreux, ni juifs (entre autres Melchisedech, ou Job qui n’étaient ni Juifs ni Hébreux, voire Moïse, sa sœur Myriam qui n’étaient pas juifs, mais hébreux)

Elle est aussi très originale (à moins d’aller chercher dans les poubelles de la propagande antisémite), mais sans aucune justification. Or on a rarement raison tout seul.

Qu’à cela ne tienne, enfourchant son cheval de bois, Onfray sonne la charge. Du décalogue qui s’adresse à toute l’humanité, il fait une « invite » de ce qui est en fait un commandement. « L’invite » devient communautaire et sectaire par son bon vouloir. De « tu ne tueras pas », il fait « tue ». Du haut de son cheval, sabre au clair et tournoyant de tous côtés, il coupe les têtes, il condamne les chimères sous lesquelles il décrit les juifs d’abord, puis tous les croyants, sans aucune référence au réel ou suite logique.

Il se prend pour saint Michel terrassant le dragon. Le petit Michou devient prophète et condamne à lui tout seul toute une culture pluri-millénaire.

Dire que ce genre de littérature rapporte des millions à son auteur. D’innombrables gogos se repaissent de ces textes de déchetteries, fleurant la stupidité, l’ignorance et l’antisémitisme. Il fait rire à cause du contraste entre la réalité de sa nullité et sa prétention à la philosophie. En rire, oui si ce n’était pas certains côtés inquiétant.

Car, si les athées n’ont que ça à opposer aux croyants, ces derniers peuvent dormir tranquilles, du moins du point de vue intellectuel, car ces textes sont aussi dangereux.

Dangereux car ultra violents sous couvert de condamnation de la violence, ultra sectaires sous couvert de lutte contre le sectarisme, mais surtout parce qu’ils nient le droit naturel comme fondement de la société humaine.