27.7.06

Difficulté de l'incroyance

Difficulté de l’incroyance.

Staline avait fait mettre dans la constitution soviétique de 1936 :

"Celui qui ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus." Il s’agit de l’article 12 du chapitre relatif à « l’organisation de la société soviétique ».

ARTICLE 12. In the U.S.S.R. work is a duty and a matter of honor for every able-bodied citizen, in accordance with the principle: "He who does not work, neither shall he eat."

(pris sur ce site en anglais :

http://www.departments.bucknell.edu/russian/const/36cons01.html)

Noter que dans la constitution en question la citation est faite entre guillemets. Staline n’était pas allé jusqu’à donner les références. Pour moi, il est évident que cette citation est une réminiscence des lectures pieuses de Joseph Dougachvili que sa pieuse mère avait envoyé au séminaire orthodoxe. Lorsqu’il a rédigé la constitution, il n’a pu s’empêcher de mentionner cette citation.

Pour saint Paul, c’est une boutade. Staline l’avait reprise dans un sens sans doute plus inquiétant.

Le texte de saint Paul est le suivant : 2 Thés X :

[quote]8 Nous n'avons mangé gratuitement le pain de personne; mais nous avons été nuit et jour à l'œuvre, dans la fatigue et la peine, pour n'être à charge à aucun de vous.

9 Ce n'est pas que nous n'en eussions le droit; mais nous voulions vous donner en

nous-mêmes un exemple à imiter.

10 Aussi bien, lorsque nous étions chez vous, nous vous déclarions que si quelqu'un ne veut pas travailler, il ne doit pas manger non plus. [/quote]

Il est bon de prendre ses vérités, ses références où on les trouve, sans préjugés, dégagé de tout sentiment violent qui pourrait fausser l'intelligence.

Tout est une question d’esprit dans le fond. Il est curieux que nos farouches bolchéviques bouffeurs de curés, pourfendeurs de croyances en l’au de-là, prennent des références dans st Paul. Saint Paul n’est pas aimé des incroyants. Renan admirait Jésus, mais n'avait pas de mots assez dur pour saint Paul.

Staline restait, paraît-il, une demi-heure chaque jour sur la tombe de sa femme. Il y restait prostré, sans mot dire. (source reportage historique sur Staline de la chaîne « histoire »). Elle s’était suicidée au retour d’une cérémonie officielle. Que se passait-il dans la tête du tyran, alors ? Comment son mari pouvait-il ainsi aller chaque jour sur la tombe de celle dont, selon ses croyances, il ne restait qu’un peu de matière en décomposition ?

26.7.06

Un film "Les pommes d'Adam"

Ce film danois de 2005 de Anders-Thomas Jensen. Les pommes d'Adam, pourquoi ce titre ?

Pour me conformer aux conseils du gouvernement en cette période de canicule, je suis allé voir un film d’auteur dans ce qui était autrefois une salle de cinéma d’art et d’essai. Ce film danois « Adam’s Apples » est à petit budget. Il s’agit d’une sorte d’apologue.


Ivan, un pasteur luthérien qui nie la réalité lorsqu’elle est désagréable (sa femme s’est suicidée, non elle est morte d’un accident ; son fils est handicapé, non il est en pleine forme et fait merveille en mathématique ; une femme subit une grossesse à risque, mais non, il n’y a pas de risque etc.). Selon le pasteur, le diable est toujours vaincu et donc le mal n’existe pas.

Il prend en charge des délinquants pour les réhabiliter. Ceux-ci continuent à voler et à se bagarrer, mais lui, naturellement, ne veut pas le voir. Le délinquant (l’acteur n’est pas vraisemblable, il a une trop bonne tête) qui est le pire, se bat pour faire accepter la réalité : Dieu ne nous aime pas et la preuve, c’est le livre de Job. (Job perd ses enfants, ses biens puis sa santé) Ce n’est pas le diable, c’est Dieu qui veut le mal.

Adam, l'affreux néonazi se met à lire la bible. Il est confronté à deux événements. Premier événement il s'aperçois que le pasteur est un menteur ou un fou qui nie la réalité. Deuxième événement, il lit la bible plus précisément le livre de Job.

Je suis allé chercher le livre de Job et j'y lis en effet après le récit des malheur de Job :

9 Et sa femme lui dit: « Tu persévère encore dans ton intégrité! Maudis Dieu et meurs! »
10 Il lui dit: « Tu parles comme une femme insensée. Nous recevons de Dieu le bien, et nous n'en recevrions pas aussi le mal? » (...)

Job ch. II citation du site jesusmarie.com

Donc Adam va faire observer au pasteur que Dieu veut notre mal et que c'est son livre qui le dit.

Les deux hommes vont se rapprocher : Adam quitte ses fréquentations néonazis et le pasteur cesse de nier la réalité.

Ils vont donc se réunir pour accueillir de nouveaux ancien prisonniers sur des bases plus saines.

Ne cherchez pas la vraisemblance dans ce film qui est une pure parabole, une fable à thème. Si vous n'êtes pas choqué par les invraisemblances vous pourrez passer un bon moment. Ce film est une oeuvre pour initiés.