13.10.08

Le bien commun est commun ou il n'est pas le "bien commun"

Le Salon beige nous régale d'un discours (au sens large) de Rémy Fontaine, journaliste à Présent.

"La doctrine sociale est le discours que tient l’Eglise sur la société et sur la place de l’homme dans la société. A côté de la morale familiale, de la morale personnelle, il existe donc une « morale sociale », qu’on appelle la doctrine sociale de l’Eglise. Cette doctrine repose sur une vision de l’homme comme créature pécheresse et rachetée, comme « animal social » Nous pourrions résumer cette vision sociale en deux principes: premièrement, le bien commun de la société est supérieur au bien de chacun de ses membres."

D'une part la morale sociale comprend la morale familiale. Est social ce qui concerne les relations entre êtres humains. Or la famille est une société, c'est même la fondamentale société, il ne peut y avoir plus social.

Ne prenant qu'un exemple tiré du Compendium de la doctrine sociale je trouve dans l'index :

"Famille et amour conjugal, 209, 210, 211, 212, 215."

Ensuite le bien commun n'est pas étranger à chacun des membres de la société sinon il ne serait plus commun. Il serait un bien singulier d'un tout qui pourrait contrarier le bien particulier. Ce serait un bien singulier d''un tout et non un bien commun. Le bien commun (amour, justice) n'est donc pas un bien supérieur en ce sens qu'il serait étranger à chacun des membres de la société, il est bien meilleur pour chacun que son bien singulier purement individuel (exemple : être bien logé) et il est meilleurs parce qu'il est commun et donc plus élevé (justice générale, amour).

"Le bien commun est meilleur pour chacun des particuliers qui y participent, en tant qu’il est communicable aux autres particuliers : la com­municabilité est la raison même de sa perfection. Le particulier n’atteint le bien commun sous la raison même de bien commun qu’en tant qu’il l’atteint comme communica­ble aux autres."


Dit De Koninck dans "Primauté du bien commun".

Car matériellement le bien commun est avant tout : 1)l'amour que se portent les membres de la société les uns aux autres, 2) il est la justice (vertu sociale) qui règne et qui ne peut régner qu'entre plusieurs.

Le bien commun, qui est aussi le bien de chacun (car sinon il ne serait pas commun) est meilleur pour moi que mon bien singulier (ex. manger à ma faim), mais il est aussi mien.

C'est pourquoi lorsque je paie mes impôts, ou lorsque je suis appelé sous les drapeaux POUR UNE GUERRE JUSTE, je sacrifie, peut-être, mon bien tout personnel mais certainement pas au détriment de mon bien singulier, car le bien commun est mon bien singulier aussi, sinon il n'est pas commun. Si je me fais tuer (sans l'avoir cherché, ce qui serait faute contre mon bien singulier et contre le bien commun, en ce que ma vie fait partie du bien de tous) pour protéger ma petite soeur, je ne sacrifie pas mon bien singulier pour un bien qui me serait étranger, mais au contraire pour le bien commun qui est l'amour entre membres de la famille et qui est mon bien aussi en ma qualité de membre d'une famille où règne l'amour, éminent bien commun à tous.

Concluons par un extrait de De Koninck

"Suffirait-il d'exalter la primauté du bien commun: ? Non plus. Les régimes totalitaires saisissent le bien commun comme prétexte pour asservir les personnes personnes de la façon la plus ignoble."


Car les sociétés totalitaires envisagent le bien commun comme un bien singulier d'un tout qui s'opposerait à la communauté du bien ; dans cette perspective le bien de la société ne serait plus le bien personnel de chacun. Triste de constater que c'est R. Fontaine qui fait cette erreur, mais elle est finalement cohérente avec l'idéologie scoute où le scout se sacrifie pour un bien qui n'est pas le sien. Cette prise de position est aussi en cohérence avec le "contrat social" de Hobbes, Locke, Rousseau où l'homme est envisagé comme un individu sacrifiant son bien pour entrer en société, alors que la société est son bien commun et donc aussi son bien singulier et même un bien singulier et commun plus grand pour lui que son bien purement singulier, car communicable aux autres.

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