Donc, je laisserai le sujet des affirmations du pape, pour seulement relever l'inadaptation de la pensée de l'abbé de Tanüarn à la véritable signification de Dignitatis humanæ et du Syllabus.
Voici un extrait du post de l'abbé de Tanoüarn tel que je l'ai trouvé sur le "Forum catholique" (sic) :
« C'est exactement la doctrine de la conscience dans Vatican II. Le pape ne dit pas cela de lui-même. Il répète ce qu'a dit le Concile. J'ai toujours pensé personnellement - et j'ai écrit dans mon livre Vatican II et l'Evangile, épuisé mais votre disposition sur le Web - que cette doctrine de la conscience comme sujet de l'acte de foi était calamiteuse pour l'Eglise, qu'elle tendait à transformer en une Ecole de philosophie - avec sur le plan du recrutement les conséquences calamiteuses que l'on peut imaginer. Les philosophes, dans tous les groupes humains ne constituent qu'une toute petite minorité. Pour l'Eglise universelle, cette transformation pourrait la mener à mettre la clé sous la porte...
Voici le texte de Vatican II, Dignitatis humanae §3, qui ressemble beaucoup au début de l'extrait de l'entretien du pape avec Scalfari :
"La vérité doit être cherchée selon la manière propre à la dignité de la personne humaine et à sa nature sociale, à savoir par une libre recherche, avec l'aide du magistère, c'est-à-dire de l'enseignement, de l'échange et du dialogue par lesquels les uns exposent aux autres les vérité qu'ils ont trouvé ou pensent avoir trouvé afin de s'aider mutuellement dans la quête de la vérité". Et encore : "Chacun a le devoir de chercher la vérité en matière religieuse, afin de se former prudemment un jugement de conscience droit et vrai en employant les moyens appropriés".
Petite différence : le pape François n'évoque pas l'aide du magistère. Pour lui, la recherche personnelle semble devoir être absolument libre et l'examen de la vérité chrétienne ne doit rencontrer aucun obstacle ni aucune limite. J'ai l'impression de lire le commentaire que donne le Père Theobald (autre jésuite franco-allemand) à la Constitution Dei Verbum. L'Evangile c'est d'abord un style. Sur le fond, chacun est libre. Je dois dire que cette perspective me fait terriblement penser à une formule de Pie IX qui forme la proposition 15 du Syllabus :
Voici la critique de l'abbé de Tanoüarn sur la pensée du pape François au sujet de la "conscience" :
"Il est libre à chaque homme d'embrasser la religion qu'il aura réputée vraie selon la lumière de sa raison".
Juste une précision importante : Pie IX formule cette proposition pour la condamner, car la lumière de la foi (lumen fidei) est supérieure à celle de la raison. Vatican II, lui, envisage la foi comme issue de l'enseignement, de l'échange et du dialogue. Il s'agit d'un processus rationnel et collectif. Et le Concile en fait "le mode de recherche propre à la personne humaine" qui exclut tous les autres. »
Ce qui invalide la critique de l'abbé, c'est que Dignitatis humanæ a pour sujet le droit. Alors que Pie IX s'exprime en matière de théologie. Ainsi la proposition condamnée par Pie IX est condamnée en tant qu'affirmation péremptoire et conclusion nécessaires de la raison universelle en matière de philosophie et de théologie. La raison universelle de l'homme condamne cette assertion. Il existe des raisons universelles relatives au choix de la religion.
Alors que, s'appuyant sur les données certaines de la raison universelle de l'homme, Dignitatis humanæ traite du droit qu'ont les hommes les uns sur les autres.
Avant de critiquer Dignitatis humanæ, il vaudrait mieux la lire attentivement et comprendre de quoi elle traite :
« En outre, en traitant de cette liberté religieuse, le saint Concile entend développer la doctrine des Souverains Pontifes les plus récents sur les droits inviolables de la personne humaine et l’ordre juridique de la société. »
(Fin du préambule. Le préambule circonscrit la matière et le sujet traités)
Dignitatis humanæ traite donc de droits subjectifs et de droit objectif.
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