Mère Térésa, qui était albanaise, donc d'un pays européen pauvre, disait que la pauvreté qu'elle avait vue dans son pays n'était rien en regard du dénuement dans lequel vivait certains habitants de l'Inde. Elle avait une formule du genre, nous avons l'impression que c'est grave, mais ce n'est rien en comparaison. Mgr Müller dit à peu près la même chose en ce qui concerne l'Amérique latine. L'extrême pauvreté qui ôte sa dignité à l'homme dont la liberté n'est plus que nominale, a sans doute contribué à l'élaboration de la "théologie de la libération" d'Amérique latine :
A la question : « Votre engagement dans la théologie de la liberation a-t-il compromis votre nomination », Mgr Müller répond :
GM – Je ne sais pas. À la foi catholique (si vous la connaissez) appartiennent essentiellement le devoir social, la responsabilité envers le monde, l'amour du pauvre. Théologie de la libération est une formule, mais toute théologie chrétienne a quelque chose à voir avec la liberté de l'homme. Dans ce contexte, en Amérique latine aussi cela concerne des questions théologiques : par rapport à une misère et une indignité que beaucoup de gens autour de nous ne peuvent imaginer, par rapport à cette injustice flagrante, nous ne pouvons pas nous contenter de passer en haussant pieusement les sourcils. La foi et l'action bonne vont ensemble. Ce sont les deux faces d'une même monnaie.
Il y a semble-t-il théologie de la libération et théologie de la libération. La première serait un simple habillage chrétien de l'idéologie marxiste. La seconde serait plutôt à rattacher à un certain libéralisme justement entendu qui fait de la liberté, avec la vérité, les valeurs fondamentales du message chrétien. C'est par la libération que l'on accède à la liberté. Ceux qui vivent dans le dénuement ont besoin d'être libéré de cet état. C'est dans ce sens que le sénateur italien Pera (lui-même non chrétien) a écrit un livre pour dire que nous devions nous dire libéraux. Il a été approuvé par le Pape. Or un libéral est favorable à la libération, il n'y a donc pas lieu de se scandaliser de la théologie de la libération justement entendue.
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