Mais il paraît que Mgr Fellay a enseigné dans une conférence qu'il y avait trois catégories d'ennemis de l'Eglise : les maçons, les modernistes, les juifs. Il n'a évidemment aucun titre à énoncer cette liste inamicale.
L'Eglise n'a d'ailleurs pas besoin de défenseurs. (C'est une manie intégriste de se croire un défenseur du Christ). C'est une des catastrophiques conséquences de l'interprétation des "deux étendards" des Exercices de saint Ignace.
Pour les juifs, je lui ferais observer que l'Eglise est l'héritière de la synagogue et que les catholiques ne sont que des juifs dissidents (en un certain sens). Je lui ferais observer que le talmud est une des sources de la culture catholique et française. Ceux qui nous apportent une partie de notre culture ne sont certainement pas nos ennemis. Je l'ai prouvé sur ce blog. (taper "Talmud" dans le moteur de recherche) D'ailleurs le continuel flux de conversions du judaïsme vers le catholicisme ou, plus généralement, le christianisme démontre suffisamment la réalité de la parenté judéo-chrétienne.
Pour les francs-maçons et les modernistes, la plupart sont de bonne foi et ne se voient pas en ennemis de l'Eglise.
Réfléchissons aux sources de cette mentalité particulière, aux causes de cet hybris.
L'hybris intégriste est fondée sur les retraites de cinq jours. Ces retraites sont un des principales sources de la mentalité intégriste.
Voici pourquoi Mgr Fellay se croit autorisé à désigner les ennemis de l'Eglise : c'est un extrait de ce livre des "Exercices spirituels" de saint Ignace de Loyola que, personnellement, je ne peux lire à chaque fois sans un frisson d'effroi :
« 137 Le premier prélude consiste à se rappeler le fait historique de la méditation. Ici c'est, d'un côté, Jésus-Christ qui appelle tous les hommes et veut les réunir sous son étendard; de l'autre, c'est Lucifer qui les appelle sous le sien.
138 Le second prélude est la composition de lieu. Ici, on se représentera une vaste plaine près de Jérusalem, au milieu de laquelle se trouve Notre-Seigneur Jésus-Christ, chef souverain de tous les hommes vertueux, et une autre plaine près de Babylone, où est Lucifer, le chef des ennemis.
139 Le troisième prélude consiste à demander ce que je veux obtenir. Dans cet exercice ce sera, premièrement, la connaissance des ruses du chef des méchants et le secours dont j'ai besoin pour m'en défendre; secondement, la connaissance de la véritable vie, qui nous est montrée par le chef souverain et légitime, et la grâce nécessaire pour l'imiter. »
Après cela, soit vous vous jugez un "bon" et vous vous enflez de haine pour les autres humains, soit vous vous jugez un "méchant" et vous vous désespérez. En l'occurrence, après avoir médité les "deux étendards", Mgr Fellay s'imagine, comme semble l'y inviter ce livre scandaleux, être parmi les bons. Il fait face sous la bannière de Jésus, aux méchants : les juifs, les maçons et les modernistes.
Ridicule et dangereux ! (Le livre, en lui-même, dans sa signification profonde, n'est peut-être ni dangereux, ni scandaleux, si l'on en croit Pie XI, mais dans son utilisation, il l'est certainement).
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