27.1.13

La dimension nécessairement transcendante du mariage

Voici le discours que Jean-Paul II tenait deux ans avant sa mort lors de l'audience inaugurale de la Rote romaine (30 janvier 2003) à propos du mariage (extrait) :




« 2. Constatant la grande majorité de causes de nullité de mariage présentées à la Rote, Mgr le Doyen a souligné la crise profonde qui touche actuellement le mariage et la famille. Un point important qui ressort de l'étude de ces causes est la perte de vue entre les contractants de ce qu'implique, dans la célébration du mariage chrétien, le caractère sacré de celui-ci, aujourd'hui très fréquemment ignoré dans sa signification  profonde,  dans  sa valeur intrinsèque surnaturelle et dans ses effets positifs sur la vie conjugale.

Après m'être arrêté au cours des années précédentes sur la dimension naturelle du mariage, je voudrais aujourd'hui attirer votre attention sur le rapport particulier que le mariage des baptisés possède avec le mystère de Dieu, un rapport qui, dans l'Alliance Nouvelle et définitive en Christ, revêt la dignité de sacrement.

La dimension naturelle et la relation avec Dieu ne sont pas deux aspects juxtaposés :  au contraire, ils sont intimement liés comme le sont la vérité sur l'homme et la vérité sur Dieu. Ce thème me tient particulièrement à cœur :  je reviens également sur celui-ci dans ce contexte, parce que la perspective de la communion de l'homme avec Dieu est plus que jamais utile, et même nécessaire, pour l'activité des juges, des avocats et de tous les agents du droit dans l'Eglise.

3. Le lien entre la sécularisation et la crise du mariage et de la famille apparaît de façon plus qu'évidente. La crise sur le sens de Dieu et sur le sens du bien et du mal moral est arrivée à obscurcir la connaissance des points capitaux du mariage lui-même et de la famille qui se fonde en lui. Pour retrouver de façon effective la vérité dans ce domaine, il faut redécouvrir la dimension transcendante qui est intrinsèque à la pleine vérité sur le mariage et sur la famille, en surmontant toute dichotomie tendant à séparer les aspects profanes des aspects religieux, comme s'il existait deux mariages:  l'un profane et l'autre sacré.

"Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa" (Gn 1, 27). L'image de Dieu se trouve également dans la dualité homme-femme et dans leur communion interpersonnelle. C'est pourquoi, la transcendance est contenue dans la nature même du mariage, dès le début, car elle l'est dans la distinction naturelle entre l'homme et la femme, dans l'ordre de la création. Etant "une seule chair"(Gn 2, 24), l'homme et la femme, que ce soit dans leur assistance réciproque ou dans leur fécondité, participent à quelque chose de sacré et de religieux, comme le souligne bien, en se référant à la conscience des peuples antiques sur les noces, l'Encyclique Arcanum divinae sapientiaede mon prédécesseur Léon XIII (10 février 1880, in Leonis XIII P.M. Acta, vol. II, p. 22). A ce propos, il observait que le mariage "dès le début a presque été une figure (adumbratio) de l'incarnation du Verbe de Dieu"(ibid.). Dans l'état d'innocence originelle, Adam et Eve possédaient déjà le don surnaturel de la grâce. De cette façon, avant que l'Incarnation du Verbe n'ait lieu de façon historique, son pouvoir sanctificateur se déversait déjà sur l'humanité.

Jean-Paul II s'adressait au tribunal qui juge des affaires matrimoniales dans l'Eglise. En conséquence, si Jean-Paul II parlait du "mariage chrétien", il ne faut pas en déduire que le mariage a-chrétien ne serait pas sacré. D'ailleurs Arcanum divinæ dit, selon moi, que le mariage authentique et universel est un sacrement même entre non catholique et non baptisés. Voir mes posts sur la question.

Ce n'est donc pas uniquement dans la procréation, mais encore dans la dualité et dans l'altérité des sexes et dans leur entr'aide qu'il y a quelque chose de religieux parce que l'image de Dieu se trouve dans la réunion des deux sexes différents. Cet aspect religieux, qui, selon moi, peut exister dans le mariage civil, au moins de celui des non-catholiques, manque au pseudo mariage sans altérité sexuelle. Le mariage est universellement sacré, c'est pourquoi il figure parmi les droits universels de l'homme (article 16 de la Déclaration universelle).

Le mariage est un des éléments constitutifs de l'humanité. La sacralité de l'humanité fonde les droits universels de l'homme. C'est pourquoi ceux qui militent contre le mariage, militent contre l'homme et ses droits universels.


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