7.3.09

Pourquoi je ne partage pas l'enthousiasme sur "Humanae vitae"

Sur le Salon beige et ailleurs sur les sites pro Vatican, il est de bon ton de s'extasier sur Humanae vitae l'encyclique du pape Paul VI de fort triste mémoire.

Pour moi en revanche ce pape et cette encyclique, même si elle est parfaitement valable au plan des moeurs, est fortement contestable sur le plan de l'opportunité et des opinions personnelles de ce pape à la moralité douteuse (il n'a pas hésité à mentir pour imposer son rite, contre les droits des fidèles dans son discours du 24 mai 1976, ou plus précisément à user d'une formule volontairement ambiguë qui faisait passer une opinion mensongère pour vérité.

Dans Humanae vitae, le principe est bien affirmé, c'est beau, c'est juste :

"Le très grave devoir de transmettre la vie humaine, qui fait des époux les libres et responsables collaborateurs du Créateur, a toujours été pour ceux-ci source de grandes joies, accompagnées cependant parfois de bien des difficultés et des peines."

Mais le pape prend acte sans critiquer ni approuver en faisant ici encore usage indu de l'ambiguïté s'exprimer.

"2. Les changements survenus sont effectivement notables et de plusieurs sortes. Il s'agit tout d'abord du rapide développement démographique. Beaucoup manifestent la crainte que la population mondiale n'augmente plus vite que les ressources à sa disposition ; il s'ensuit une inquiétude croissante pour bien des familles et pour des peuples en voie de développement, et grande est la tentation pour les autorités d'opposer à ce péril des mesures radicales. En outre, les conditions de travail et de logement, comme aussi les exigences accrues, dans le domaine économique et dans celui de l'éducation, rendent souvent difficile aujourd'hui la tâche d'élever convenablement un grand nombre d'enfants.

On assiste aussi à un changement, tant dans la façon de considérer la personne de la femme et sa place dans la société que dans la valeur à attribuer à l'amour conjugal dans le mariage, comme aussi dans la manière d'apprécier la signification des actes conjugaux par rapport à cet amour.

Enfin et surtout, l'homme a accompli d'étonnants progrès dans la maîtrise et l'organisation rationnelle des forces de la nature, au point qu'il tend à étendre cette maîtrise à son être lui-même pris dans son ensemble: au corps, à la vie physique, à la vie sociale et jusqu'aux lois qui règlent la transmission de la vie."

Et que pense le pape de tout cela ? Juste à ce moment, vous attendez la réponse. Hé bien vous ne l'aurez pas. Vous ne le saurez pas explicitement, mais manifestement il fait cet exposé sans critique. Cet exposé pourtant condamne la famille nombreuse. Est-elle anormale l'intervention de l'homme dans les lois de la transmission de la vie, alors que ces lois sont des conséquences nécessaires, moralement intangibles. Il ne le dit pas, mais il le suggère. La condamnation de la "pilule" que l'on attend explicitement ici ne vient pas.

La morale parfaitement valable du chapitre "paternité responsable" (pourquoi pas "maternité responsable" ? Sans doute parce que l'homme a un rôle actif et que c'est donc au mari de se "retenir" ?) exposée dans ce paragraphe est exposé de telle manière que la plupart vont comprendre que la famille féconde n'est pas une obligation pour les parents. O certes ce n'est pas ce qui est écrit, mais une lecture rapide conduit nécessairement à cette conclusion qu'il ne faut pas avoir de nombreux enfants.

C'est d'ailleurs ce qui s'est passé dans les faits puisque on a assisté à l'écroulement démographique des pays de cultures catholiques juste après cette encyclique.

En outre cet exposé, conduit à un consensus éthique en faveur de la famille restreinte qui non seulement est présentée finalement comme une possibilité mais comme la véritable vertu.

De là à encourager l'avortement, il n'y a qu'un pas, car il est difficile d'expliquer au peuple que la famille restreinte, c'est bien (dans certains cas etc., mais cela ne sera pas retenu) mais que l'avortement c'est mal. Entre deux maux, les gens simples seront tentés de choisir l'un et pas l'autre. A la honte de ne pas savoir se retenir comme le conseille le pape, les parents préféreront la suppression du gosse.

C'est pourquoi, je pense que cette encyclique de ce curieux pape, devrait être complétée par

1) qu'il n'y a pas lieu de se soumettre à l'opinion médiatique, même serinée
2) l'affirmation que la crainte de la surpopulation est une chimère
3) le fait que la famille nombreuse, même dans les cas difficiles économiquement n'est jamais un vice.

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