A l'occasion de la mort de Maurice Herzog à l'age de 93 ans, le 14 décembre, on peut (re)voir une interview récente de sa fille Félicité Herzog.
Terrible interview où la fille démolit l'image de son père et où elle parle des circonstances de sa propre conception, comme enfant du couple Herzog.
Herzog fut surtout connu pour son ascension de l'Annapurna, premier 8 000 mètres avec Louis Lachenal.
L'histoire entre Louis Lachenal et Maurice Herzog est connue. Les hommes ne s'appréciaient guère, Lachenal semblait reprocher à Herzog d'avoir tiré seul les bénéfices de l'exploit. Ce qui s'était passé au sommet et l'exploitation de l'exploit des alpinistes dont l'un est resté dans l'ombre de l'autre et est décédé prématurément en 1955 (il avait perdu les deux pieds dans l'expédition, ce qui a sans doute été une des causes de son accident) alimentait une certaine mésentente entre eux. Lachenal accusait Herzog d'être un inconscient. Il disait qu'il avait tout fait pour ramener Herzog, même être amputé de ses orteils. Tout cela pour satisfaire un Herzog dévoré par l'ambition d'avoir un nom et de mener une vie dans les honneurs. Vanité des vanités…
Mon grand-père avait eu les pieds gelés lors de la guerre de 14 (en sus de ses blessures à Verdun), j'ai donc une idée de ce que sont les séquelles de ces blessures. Les deux alpinistes auraient renoncé à 100 mètres pour "échapper à une mort certaine" dixit sa fille, mais n'auraient pu se résoudre à avouer la vérité, jouissant d'une gloire usurpée en faisant "comme si…"
Je me souviens que dans la bibliothèque familiale, il y avait "Anapurna, premier huit mille" de Herzog. Longtemps je me suis demandé ce que "premier huit mille" pouvait bien signifier. Sur la couverture du livre, il y avait la photo d'un personnage tenant la hampe d'une main et le fanion de l'autre, des lunettes de montagne cachaient ses yeux, sa peau était tannée par le soleil, le froid et la sècheresse, en arrière du personnage une pente raide et un sommet proche… du moins c'est comme cela que l'image est resté gravée dans mon souvenir d'enfant (souvenir induit ? Je ne peux pas vérifier, je n'ai plus le livre. Les juges français m'ont spolié, je n'ai donc rien de mes parents). Mais on peut voir la photo ici. Son compagnon, devenu adversaire, Louis Lachenal, dans son "journal" (interdit de publication par contrat) disait qu'il avait perdu ses orteils pour sauver Herzog fou d'ambition. Je n'en ai eu connaissance de cette nouvelle version que depuis quelques années. Pour moi quand j'étais enfant l'Anapurna, c'était le plus haut sommet du monde…
Sa fille, Félicité Herzog, semble expliquer la schizophrénie de son frère (fils de Maurice Herzog) par l'ambiance de mensonge régnant à la maison. Elle prétend que l'expédition ne serait probablement pas parvenue jusqu'au sommet, mais se serait arrêtée 100 mètres plus bas, 100 mètres avant la victoire, l'assaut final n'a pu avoir lieu, faute de réserves physiques, enfin… elle n'affirme rien, mais elle doute… peut-être que… Et puis hein ! son livre est un roman, c'est son imagination… On écrit ce que l'on veut dans les romans… Allez savoir ! Ce secret éventuel fait de double langage : un langage ad extra et un langage dans la famille expliquerait la maladie de son frère dont le mental était séparé en deux. Comme le mensonge coupe l'âme en deux. Possible, possible… En ces domaines rien n'est certain, ni les événements, ni l'origine de la maladie…
Après l'aventure de l'Anapurna, Maurice Herzog avait dit (je l'ai lu quelque part) « jusqu'à maintenant j'ai vécu, maintenant je vais exister. » Il est devenu ministre du général de Gaulle de 1958 à 1965 (enfin haut commissaire, puis secrétaire d'Etat pour être précis, sans avoir jamais été ministre en titre).
Les deux aventuriers de l'Annapurna sont maintenant tous deux entrés dans leurs éternités. Que tous les deux reposent en paix ! L'éternité nous devrons tous la vivre ensemble… Nous saurons le fin mot de l'affaire au Jugement dernier, car dans l'autre monde, il n'y aura plus de mensonge, même plus de dissimulation.
En attendant ce Jugement… encore quelqu'un que nous ne reverrons plus sur cette terre. Je suis à une époque de ma vie où l'on connait moins de vivants que l'on a connu de morts.
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