28.12.12

Droits de l'homme contre droit naturel ?




Voici un texte de monsieur Madiran trouvé sur le Salon beige et tiré de Présent :

« L’instrument adéquat de cette évolution manifestement infernale, c’est le langage démocratique, c’est la conceptualisation démocratique, c’est la supercherie démocratique des droits de l’homme imposant leur souveraineté absolue à l’encontre et à la place de la loi naturelle. »

Monsieur Madiran adore les antinomies. Ici droits de l'homme et démocratie d'un côté et hiérarchie de l'autre.

Alors que le droit naturel ne s'oppose pas aux droits subjectifs. Ce sont deux notions distinctes. Le droit naturel est un ensemble de règles qui fondent les droits universels de l'homme.

Les droits fondamentaux et universels n'annihilent pas les droits contingents et personnels, ils les fondent. Le nourrisson a le droit d'être nourri parce qu'il existe un droit universel à la vie dont il jouit en vertu du droit (pris dans le sens d'« ensemble de règles »). Les parents doivent s'occuper de leurs enfants, les protéger, les nourrir, les cajoler lesquels leur doivent le respect, ils ont donc des droits symétriques et inégaux fondés sur leurs droits fondamentaux respectifs et égaux (les enfants ont droit à la vie et au développement, les parents ont droit, eux aussi à la vie et à la liberté religieuse et à la liberté d'expression).

Le droit naturel confère des droits universels (donc des devoirs, les droits supposent des devoirs, ils sont ensemble indissociables) il est donc erroné d'opposer "droits universels de l'homme" et droit naturel. Un droit subjectif suppose toujours un créancier et un débiteur. Du point de vue de l'exposition didactique on peut présenter le droit fondamental objectif comme un catalogue de droits universels fondamentaux subjectifs (les fondements de ces droits et les aspects techniques sont supposés connus).

La démonstration de monsieur Madiran est fondée sur une confusion sémantique entre les deux sens du mot "droit" (droit objectif, soit ensemble de règles, droit subjectif capacité d'exiger juridiquement).

La démocratie, qui n'est pas nécessairement la démocratie à la Rousseau, peut et doit respecter le droit naturel, autrement dit les droits universels de l'homme. Comme le dit génialement Jean XXIII, il faut un ordre juridique "ferme", un ordre public ferme. (Pacem in terris, j'ai déjà posté sur la question). Il est vrai qu'historiquement il a fallu du temps pour faire le point et mettre toutes les notions en place. Il est vrai que la Déclaration du 26 août 1789 mêle de bons articles avec des articles rousseauistes inquiétants (la loi n'est qu'une volonté).

Tout cela n'aurait qu'un intérêt académique si la prose de monsieur Madiran ne conduisait au lefebvrisme et au sédévacantisme. En effet, si les discours du Pape sont remplis de supercheries infernales (Jean XXIII, Jean-Paul II et le Compendium insistent sur le caractère central de l'organisation sociale autour de la notion de droits universels de l'homme), il devient impossible de suivre le Pape en matière doctrinale. Ce qui conduit au lefebvrisme et au sédévacantisme. Le fait  que monsieur Madiran garde le silence après avoir accusé le Pape de "supercherie" "infernale" dans ses exposés doctrinaux, tout en toisant les malheureux qui font confiance à l'éditorialiste de "Présent" et deviennent sédévacantistes, alors que lui-même semble mépriser cette opinion, est apparemment incohérent. Mais peut-être peut-on retrouver la cohérence chez monsieur Madiran en émettant l'hypothèse d'un mépris pour le public qui lui fait confiance. L'affaire Mittterrand-Le Pen pourrait le confirmer. Il est historiquement établi par messieurs Cohen et Péant que monsieur Le Pen était un agent, parfaitement conscient, suscité par monsieur Mitterrand dont il recevait les ordres derrière le dos des électeurs naïfs et trompés (des électeurs de gauche, mais surtout des électeurs traditionalistes). Il existait, paraît-il et selon MM. Cohen et Péan (et il existe car on ne voit pas pourquoi cela aurait cessé), des agents de liaison entre la direction socialiste et la succursale "frontiste" (Nous somme en plein dans l'ambiance "1984" de Orwell). Je crains fort que l'on ne nous ait pris pour des imbéciles et que l'on ne continue à le faire.

Les exposés trompeurs, anxiogènes et scandaleux de monsieur Madiran aboutissent au retrait de la vie sociale et politique de ceux qui y adhèrent. Ce retrait est de deux genres :  1) le genre sédévacantisme ou lefebvrisme 2) genre  militance au "Front national". Dans tous les cas, cela aboutit à la neutralisation des traditionalistes, leur appauvrissement, leur marginalisation, donc leur absence d'influence. C'est finalement tout ce dont rêvent les ennemis de la France catholique. Mitterrand et ses amis en ont rêvé, MM. Le Pen et Madiran le réalisent.

Aujourd'hui le Salon beige publie la prose de monsieur Madiran comme s'il s'agissait d'un oracle...

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