30.9.12

La confrérie des absents

Lu sur le Forum catholique, un discours du cardinal Canizarès :


"Il y une urgence très grande : raviver les racines chrétiennes de notre Espagne. Ce n’est pas seulement une question de culture ou un mimétisme de domination, bien au contraire : c’est simplement parce que l’avenir est là. Les racines chrétiennes, c’est la confession de la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ, fils unique. Il n’y a pas d’autre avenir. Il n’y en a pas d’autre."
"Il est nécessaire que nous promouvions et que nous encouragions la présence des catholiques dans la vie sociale et publique. (…) Beaucoup de fidèles chrétiens grossissent les rangs de ceux que j’appelle « la confrérie des absents ». C’est une confrérie qui a de nombreux membres qui ne veulent pas en sortir ; ce sont les absents de notre monde, les absents de la politique, les absents des moyens de communication, les absents du monde de la science : ils laissent de côté, dans le monde de la science, de la politique, de l’économie, de la culture, etc., ils laissent à la porte la réalité de la Foi.....
 ...... La plus grande tromperie qui puisse exister, c’est de croire que la Foi se cantonne à la vie privée : « Je suis croyant, mais au sein de mon parti je dois agir conformément à ses critères. » Non ! Non ! Je le dis clairement, non !"....
 ..... "Il est nécessaire d’impulser la présence des catholiques dans la société"

Selon mon expérience, l'absence des catholiques dans la vie publique peut s'expliquer par plusieurs facteurs qui ne sont pas toujours du côté des « absents ».

Tenez avec un peu d'imagination voici quelques raisons qui peuvent expliquer l'existence de la confrérie des absents :

La vie publique, c'est dur et pour un catholique il y a plus de coups à recevoir que de satisfactions à attendre. La présence des sectes gâteuses mais agressives n'est pas un rêve, elles sont même omniprésentes et virulentes. L'ex-candidat gravement blessé ces jours-ci peut en témoigner dans sa chair (il vit apparemment en concubinage, il n'est donc pas, s'il est catholique, un catholique très cohérent, mais il est identitaire). 

De plus les groupes existants sont souvent très décevants.  Mon expérience de militance chez l'Institut Cardinal Pie et à "Chrétienté-solidarité" ont été éclairantes. Bernard Antony, Bernard Dumont ont créé des sociétés secrètes… Et il n'y a pas qu'eux, la Fraternité saint Pie X (FSSPX) est une société semi-secrète (comme le parti communiste). Ces groupes ont des "doctrines"… disons… approximatives. Bernard Antony et son ami Madiran soutenaient Samir Geagea (un saint, selon monsieur Antony !) alors que l'on lit dans les journaux des comptes rendus de procès tenu en France (à Marseille) où l'on apprend que ledit Geagea était d'une moralité très douteuse et exerçait ses "talents" contre la jeunesse française. (Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es)… Ce que monsieur Antony, qui fait des voyages au Liban, ne pouvait ignorer. On s'engage donc puis on s'aperçoit que l'on s'est fait gruger, que l'on est manipulé. Parmi les "amis", les autres militants il y a beaucoup de personnes douteuses dont on peut s'interroger sur leur sincérité.

De plus, en France du moins, on a le choix entre les catholiques laïcistes et les catholiques "traditionalistes". Les uns sont des soutiens des républicains abortistes, divorcistes font un contre-sens sur la liberté religieuse, les autres rejettent la liberté religieuse, sciant ainsi la branche sur laquelle ils sont assis et s'inspirant, sans s'en apercevoir, des islamistes (Civitas, spécialiste du pavé de l'ours, "courroie de transmission" de la FSSPX).

Il ne suffit pas de dire "il faut s'engager". Tant que l'on aura des conférences comme celles du brave cardinal Ricard, spécialiste de la rafale dans le dos (mais sainte Jeanne d'Arc, la laïque, et c'est son mystère, a été judiciairement assassinée par des ecclésiastiques en lien avec le Saint-Siège… et bien sous tous rapports, ces ecclésiastiques, chastes, savants, pieux…), on ne peut dire au gens "il faut s'engager" et le dire sans nuance. Il faut encore en donner les moyens aux militants ou du moins leur signaler les écueils. Sinon, on aboutit à l'aventure de la "Croisade des pauvres gens" (ou croisades des pauvres) qui fut un désastre militaire et un désastre démographique en privant l'Occident d'une population généreuse jusqu'à l'héroïsme. Ces gens avaient obéi à l'invitation à être généreux de la part du Pape de l'époque…

Notre-Seigneur, tellement juif, nous enseigne à s'asseoir avant de bâtir. Il nous enseigne qu'avant de s'enthousiasmer pour un but, il faut savoir si l'on a les moyens d'y arriver (voir Luc 14,28 à 30). L'état d'extrême confusion dans lequel est le catholicisme français est un paramètre qu'il faut intégrer aux calculs. L'état de pauvreté auquel sont réduites bon nombre de familles catholiques françaises par la franc-maçonnerie en est un autre. Donc, si les catholiques sont absents, ce n'est pas toujours de leur faute et c'est peut-être une vertu, la vertu de prudence (qui consiste, en l'occurrence, à proportionner ses fins à ses moyens).

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