27.9.12

Documentaire sur les lois mémorielles



Madame  Pignède nous propose un documentaire sur les lois mémorielles et plus particulièrement sur la mère des lois mémorielles : la loi Gayssot. La loi Gayssot reste la seule à menacer des tribunaux français ceux qui nient un fait historique judiciairement constaté. Ce fait est celui de la contestation de la volonté nationale-socialiste d'extermination des juifs et des Juifs.

La marxiste-léniniste, madame Lacroix-Riz prononce un discours de complotisme marxiste délirant. C'est intéressant, comme un médecin pourrait s'intéresser à un cas pathologique topique. C'est aussi un cas de radotage pieux, également typique des républicains de banlieue (les communistes sont souvent très pieux). Ici nous avons un cas de communiste de banlieue parisienne chimiquement pur. C'est toutefois intellectuellement anecdotique.

Des vérités partielles émergent ici et là. Il y a celui qui dit que l'on veut combattre le racisme en cultivant le racisme. Les générations postérieures des races coupables supposées sont et seront éternellement débitrices des races supposées victimes. La culpabilité collective et la victimité collective se transmettent racialement de générations en générations, créant des privilèges raciaux héréditaires qui s'exercent sur les races coupables.

Madame Le Pourhiet dit justement que ces lois interdisent le progrès par l'interdiction de la critique. C'est l'exercice de la raison qui permet le progrès. Le rapprochement de cette vérité avec les accusations des inénarrables Mamère et Duflot sur la question climatique, de même que l'affolement de monsieur Elkabbach, qui perd manifestement ses moyens, rappelé à la raison par une voix tierce produisent des effets comiques intenses.

Madame Le Pourhiet attire aussi l'attention sur la décision de la Cour de cassation de 2010 laquelle, selon l'agrégée de droit, a refusé de déférer la loi Gayssot au Conseil constitutionnel. La Cour de cassation aurait décidé que la constitutionnalité de la loi Gayssot n'était pas une question sérieuse… que donc elle ne serait pas soumise au Conseil…

En raison de sa critique du communautarisme et de son attachement à l'unité républicaine, on peut se demander si madame Le Pourhiet n'est pas une des inspiratrices intellectuelles de madame Le Pen.

Le film admet comme une évidence que les Lumières auraient constitué un progrès incontestable. Pourtant, ce sont bien les Lumières qui nous ont mis dans cette situation, notamment par leurs attaques sans nuance, au moyen des valeurs chrétiennes, de la société chrétienne occidentale  (Montesquieu, Voltaire notamment) Il y a même un rappel de l'affaire Galilée. Or l'affaire Galilée de la doxa actuelle n'a aucun rapport avec la véritable affaire Galilée.

Il y a,certes, une allusion à la devise française (Liberté, égalité, fraternité), mais elle se fait dans un cadre de complotisme raciste et marxiste. L'interviewé prétend en effet, que les Anglo-Saxons seraient jaloux de nos inventions républicaines… qu'ils seraient donc acharnés à détruire la culture française. La race anglo-saxonne lutterait contre la race française… Mais, par exemple, monsieur Faurisson est anglo-saxon par sa mère…

Ce documentaire donne une impression de grande confusion, d'une grande misère générale, d'un grand enfermement culturel.

Pas un seul interview ne mentionne les droits fondamentaux et universels de l'homme à la vérité, donc à la critique et à la recherche de la vérité. Pas une fois en plus d'une heure et demi de parole sur des questions juridiques centrales, le droit de l'homme à la liberté d'expression n'est évoqué. Pas une fois le devoir de fraternité universelle (la fraternité est incompatible avec une certaine forme de quérulence victimaire) n'est mentionné.

Ce documentaire a le mérite d'évoquer des problèmes juridiques et culturels brûlants. Mais il ne permet pas d'évoquer des solutions car il nous maintient dans l'enfermement rosicrucien (silence sur la croix, il n'y aura pas de débat).

Il est vrai que les prises de positions des derniers papes sur la question ne permettent aucune libération ; puisque après que l'on a exigé que Benoît XV s'implique dans la querelle (à propos de Mgr Williamson), il l'a fait en déclarant, contre le droit universel de l'homme à la liberté d'expression, qu'il ne fallait pas minimiser la Shoah (question d'histoire contemporaine qu'il n'a pas à trancher). Les papes ont la clé, mais maintiennent la porte fermée. (Je me permets de l'écrire avec tout le respect que l'on doit au Pape dont cependant le champ d'infaillibilité est limité). Je précise d'ailleurs que je ne conteste ni l'importance ni la gravité des massacres perpétrés durant la 2ème guerre mondiale et en général les violations massives des droits universels de l'homme à cette époque, ni les responsabilités écrasantes de Hitler, fils révolté des Lumières, mais fils des Lumières (1), dans le déclenchement de la guerre.

D'ailleurs pour situer l'histoire de la famille, sur ce blog familial : Un des oncles de mes enfants (un oncle de l'abbé Laguérie dont le père est allé reconnaître et récupérer le cadavre, car la veuve, trop émue, ne le pouvait pas…) a été pris dans une rafle comme militant de gauche, et assassiné en 1944 par les troupes d'occupation nationales-socialistes, parmi 200 autres otages eux aussi assassinés…

(1) Cardinal Joseph Ratzinger "Vérité et liberté" in "Communio" mars avril 1999 p. 87 et ss.

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