Le Salon beige a publié un texte d'un prêtre sur les élections. Ce texte est quelque peu acide pour les braves gens qui n'ont pas les moyens d'agir en les critiquant facilement.
Il est bien vrai que l'on peut ne pas vouloir négocier des points contingents pour des raisons contingentes. Il ne faudrait cependant pas condamner par principe ceux qui ne veulent pas négocier des points contingents, ils ont leur liberté, leur faculté d'appréciation de la situation.
Il est aussi vrai que l'on peut ne pas vouloir négocier des points fondamentaux qui ne seront jamais négociable parce qu'ils mettent en jeux la vérité de l'homme. Ici c'est un devoir de tout homme. Je ne négocie pas et personne n'a le droit de négocier pour savoir si je vais tuer un enfant ou simplement le mutiler.
Cette juste distinction étant faite, il faut toutefois conclure, ce que ne fait pas le Père. Voici donc la conclusion que j'en tire.
Sans prétendre vouloir l'imposer j'en tire la conclusion que l'on ne peut voter pour un candidat qui ne tient pas compte de l'ensemble des points non négociables.
Il est vrai que pour nous pauvres électeurs, la question se pose de façon différente qu'elle ne se pose pour les candidats, c'est pourquoi je ne fais pas de mon opinion une norme morale. Mais je ne peux, en ma conscience éclairée par la doctrine de l'Eglise, donner mon soutien à un candidat qui méprise les points fondamentaux en jeu, points fondamentaux qui concernent l'humanité dans sa survie sur la terre. C'est pourquoi, je voterai "blanc".
Voici les aimables commentaires de "PG"
@ Denis MERLIN
Vous n'avez pas lu la suite de ce texte, original et en effet très éclairant à plus d'un titre, particulièrement sur l'attitude à adopter entre indifférence polie ou se voulant ''utile'' ^d'un côté, et ''militantisme outragé'', ''claquage de porte'' et ''anathème'' de l'autre côté (le votre par le vote blanc ?), selon l'expression de l'auteur de ce texte :
"Tous les chrétiens engagés dans la vie politique des démocraties occidentales sont confrontés, un jour ou l’autre, à l’expression d’un point de vue qui heurte de plein fouet tel ou tel principe éthique fondamental et inaliénable. Dans ces circonstances, le hurlement outragé (au nom, peut-être, d’une atteinte intolérable aux « principes non négociables ») et le silence complice sont deux options extrêmes qui se rejoignent en une commune stérilité. Si un des principes que le Magistère catholique identifie comme non « négociable » est mis en cause ou ignoré, il revient aux chrétiens d’éclairer patiemment ce qui peut l’être et de témoigner de ce qu’ils croient profondément raisonnable. Ce faisant, ils honoreront ce qui doit être honoré bien mieux qu’en dénonçant l’aliénation de ce qui, dans le fond, ne peut être aliéné.
Quitter la table des discussions et claquer la porte en lançant des anathèmes : autant d’attitudes qui font partie du jeu habituel des négociations politiques et commerciales, autant d’attitudes qui donnent à penser que précisément, le « non négociable » n’est qu’un effet de positionnement. Bien des revendications syndicales par exemple se sont drapées de ce « non négociable » qui, en soi, n’impressionne guère.
Pour celui qui croit vraiment que la raison humaine est naturellement capable de parvenir à une certaine intelligence des exigences éthiques fondamentales, pour celui qui croit qu’il est de première importance d’honorer ces exigences, il ne peut être question d’entrer dans le jeu d’un militantisme outragé. Bien au contraire : les exigences de la loi naturelle seront d’autant mieux honorées qu’il se trouvera, jusque dans les rangs des partis et des associations où sont exprimés des points de vue contraires aux principes éthiques fondamentaux, des chrétiens capables de défendre en raison, avec une ferme assurance et une grande patience, la nécessité de protéger et promouvoir la dignité de la personne humaine.
Le fait qu’on ne puisse renoncer à certaines exigences éthiques fondamentales – au sens d’une incapacité à renoncer à ces exigences – fonde un devoir à participer à la vie politique de nos démocraties, pour promouvoir, dans les principaux partis politiques comme dans les grandes associations, le respect de la dignité humaine. Il est probable que ce devoir de participation, quant à lui, n’est pas soumis au respect a priori de principes « non négociables ».
Et voici ma réponse :
Cher monsieur PG,
Le bon Père ne présente son opinion que comme probable. Il ne milite, quant à lui, à ma connaissance dans aucun parti, ni dans une association. Avec des raisonnements comme le sien, je pourrais voter Sarkozy puisqu'il a parmi ses soutiens l'inénarrable madame Boutin.
D'autre part, il semble oublier que "comparaison n'est pas raison". Je ne claque pas la porte. Je demande qu'à l'avenir au moins un candidat confesse les points non-négociables. Je le dis et j'en fais une condition sine qua non de mon vote. Mais je ne me désintéresse pas de mes semblables, c'est pourquoi par le vote blanc, j'exprime ainsi ma protestation et mes revendications. Je condamne en revanche l'attitude de ceux qui croient que parce qu'ils ont récité leur chapelet quotidien, fait leur retraite de cinq jours et assisté à dix messes par semaines sont dispensés de s'intéresser à l'humanité damnée, forcément damnée.
Je le fais conformément à la consigne du Pape
« Ai-je trouvé la joie? Non [...]. J'ai trouvé ma joie. Et c'est terriblement autre chose [...]. La joie de Jésus peut être personnelle. Elle peut appartenir à un seul homme, et il est sauvé. Il est en paix [...] pour maintenant et pour toujours, mais seul. Cette solitude de joie ne l'inquiète pas, au contraire: il est l'élu. Dans sa béatitude, il traverse les batailles une rose à la main » (10) Citation de Jean Giono (1936) extraite de Spe Salvi 13.
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20071130_spe-salvi_fr.html#_ftnref10
Contrairement à ce que semble craindre le bon Père, je ne claque pas la porte, je témoigne pour mes sœurs et mes frères."
"C'est pourquoi, je salue votre engagement et votre dévouement au bien public, mais je ne peux être d'accord, en conscience avec les choix qui sont les vôtres. Mais je respecte vos choix, cependant."
Il est facile de dire "- vous ne faites rien, vous êtes des émigrés de l'intérieur." et de jeter l'anathème, alors même que l'on ne fait rien soi-même. Mais le pauvre électeur, comment peut-il faire autrement lorsque il ne peut militer que pour la culture de mort, la dissolution de l'institution du mariage, et le totalitarisme rempant ou flamboyant ? S'il n'y a pas d'option possible, je n'opte pas.
Il y a des gens très bien dans la partis. Ils se disent "- Il y a des gens bien, très bien dans la politique. Si je ne milite pas, ils vont se décourager et tout leur travail va finalement profiter aux forces du mal. Pour cela passons sur nos convictions fondamentales, on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs. Et puis tous ces émigrés de l'intérieur, non !" Ce sont des opinions que je respecte, mais ce ne sont pas les miennes. Le mystère de l'homme justifie les sacrifices du succès (d'autant plus que le succès éventuel n'en sera pas un pour les partisans de l'homme), je ne peux me trouver entraîné dans des actions que je réprouve et collaborer au succès des ennemis de l'homme.
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