« Messieurs les beaux esprits dont la prose et les versSont d'un style pompeux et toujours admirable,Mais que l'on n'entend point, écoutez cette fable,Et tâchez de devenir clairs.
Un homme qui montrait la lanterne magiqueAvait un singe dont les toursAttiraient chez lui grand concours.Jacqueau, c'était son nom, sur la corde élastiqueDansait et voltigeait au mieux,Puis faisait le saut périlleux,Et puis sur un cordon, sans que rien le soutienne,Le corps droit, fixe, d'aplomb,Notre Jacqueau fait tout du longL'exercice à la prussienne.Un jour qu'au cabaret son maître était resté(C'était, je pense, un jour de fête),Notre singe en libertéVeut faire un coup de sa tête.Il s'en va rassembler les divers animauxQu'il petit rencontrer dans la ville ;Chiens, chats, poulets, dindons, pourceaux,Arrivent bientôt à la file.Entrez, entrez, messieurs, criait notre Jacqueau,C'est ici, c'est ici qu'un spectacle nouveauVous charmera gratis.Oui, messieurs, à la porteOn ne prend point d'argent ; je fais tout pour l'honneur.A ces mots, chaque spectateurVa se placer, et l'on apporteLa lanterne magique ; on ferme les volets,Et par un discours fait exprès Jacqueau prépare l'auditoire.Ce morceau vraiment oratoireFit bâiller, mais on applaudit.Content de son succès, notre singe saisitUn verre peint qu'il met dans sa lanterne.Il sait comment on le gouverne,Et crie, en le poussant : Est-il rien de pareil ?Messieurs, vous voyez le soleil,Ses rayons et toute sa gloire.Voici présentement la lune, et puis l'histoireD'Adam, d'Ève et des animaux ...Voyez, messieurs, comme ils sont beaux !Voyez la naissance du monde ;Voyez ... Les spectateurs, dans une nuit profonde,Écarquillaient leurs yeux et ne pouvaient rien voir,L'appartement, le mur, tout était noir.Ma foi, disait un chat, de toutes les merveillesDont il étourdit nos oreilles,Le fait est que je ne vois rien.Ni moi non plus, disait un chien.Moi, disait un dindon, je vois bien quelque choseMais je ne sais pour quelle causeJe ne distingue pas très bien.Pendant tous ces discours, le Cicéron moderneParlait éloquemment, et ne se lassait point.Il n'avait oublié qu'un point :C'était d'éclairer sa lanterne. »
Jean-Pierre Claris de Florian.
Moi non plus je ne vois pas clair dans la "loi" Gayssot.
Messieurs les rédacteurs et applicateurs de la "loi" Gayssot, d'une part apprenez à être clairs. D'autre part veuillez vous souvenir qu'une loi doit être promulguée intégralement. Ce qui n'est pas le cas de la "loi" Gayssot (manquent les décisions de justice auxquelles il est fait référence dans la "loi"). Les magistrats qui punissent en vertu de cette "loi" sans portée sont des malfaiteurs. Ils doivent être punis.
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen article 7.1 (extrait):
« Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la Loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis ; (…) »
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