Ça y est, il est parti. Pour nous, il est un peu mort. C'est
lorsque l'on rentre à la maison que la personne qui est morte, est morte. Bien
sûr depuis environ un an, on sentait qu'il n'avait plus sa vigueur ancienne. La
jeunesse de la pensée vigoureuse renversant toutes les idoles était amoindrie
Des idées nouvelles audacieusement tranquilles, il en
annonçait, mais elles ne venaient plus...
Il avait choisi pour nom Benoît. Saint Benoît est le
fondateur du monachisme occidental. Monsieur Daoudal constate que c'est Dom
Gérard le seul fondateur d'un monastère bénédictin au XXe siècle est mort un 28
février. (Je pense, cependant, qu'il y a eu d'autre fondations féminines du
moins (Jouques).
Le discours au monde de la culture, dans un lieu bénédictin
inspiré de saint Bernard, aux Bernardins le 12 septembre 2008, est entièrement
consacré au monachisme bénédictin, donc à son importance fondamentale,
fondamentale sur la culture, donc sur la culture européenne. Le monachisme,
c'est le centre de la culture européenne.
Or que veulent les bénédictins. Il veulent quaerere Deum,
chercher Dieu et le chercher dans sa parole, dans la raison et par la raison
sans quoi il n'est pas de culture, la culture qui se fait par la pensée, la
prière et le travail. Ce qui est une vraie révolution par rapport à l'actuel
relativisme culturel (qui voit des cultures là où il n'y a qu'inepties et
superstitions)...
Voici un extrait de ce discours des Bernardins :
« Avant toute chose, il faut reconnaître avec beaucoup de réalisme que leur volonté [des moines] n’était pas de créer une culture nouvelle ni de conserver une culture du passé. Leur motivation était beaucoup plus simple. Leur objectif était de chercher Dieu, quaerere Deum. Au milieu de la confusion de ces temps où rien ne semblait résister, les moines désiraient la chose la plus importante : s’appliquer à trouver ce qui a de la valeur et demeure toujours, trouver la Vie elle-même. Ils étaient à la recherche de Dieu. Des choses secondaires, ils voulaient passer aux réalités essentielles, à ce qui, seul, est vraiment important et sûr. On dit que leur être était tendu vers l’« eschatologie ». Mais cela ne doit pas être compris au sens chronologique du terme - comme s’ils vivaient les yeux tournés vers la fin du monde ou vers leur propre mort - mais au sens existentiel : derrière le provisoire, ils cherchaient le définitif. Quaerere Deum : comme ils étaient chrétiens, il ne s’agissait pas d’une aventure dans un désert sans chemin, d’une recherche dans l’obscurité absolue. Dieu lui-même a placé des bornes milliaires, mieux, il a aplani la voie, et leur tâche consistait à la trouver et à la suivre. Cette voie était sa Parole qui, dans les livres des Saintes Écritures, était offerte aux hommes. La recherche de Dieu requiert donc, intrinsèquement, une culture de la parole, ou, comme le disait Dom Jean Leclercq : eschatologie et grammaire sont dans le monachisme occidental indissociables l’une de l’autre (cf. L’amour des lettres et le désir de Dieu, p.14). Le désir de Dieu comprend l’amour des lettres, l’amour de la parole, son exploration dans toutes ses dimensions. Puisque dans la parole biblique Dieu est en chemin vers nous et nous vers Lui, ils devaient apprendre à pénétrer le secret de la langue, à la comprendre dans sa structure et dans ses usages. Ainsi, en raison même de la recherche de Dieu, les sciences profanes, qui nous indiquent les chemins vers la langue, devenaient importantes. »
C'est pourquoi la science expérimentale a vu le jour dans l'Europe chrétienne.
Les identitaires et les "progressistes" faute de
l'avoir pris au sérieux, ne se sont pas aperçus de la force de liberté et
identitaire qu'a constitué l'enseignement de Benoît XVI. Beaucoup l'ont
interprété au rebours de sa signification profonde. Seuls, peut-être, ses
ennemis les plus enragés on compris sa pensée... C'est pour cela qu'ils se sont
déchaînés contre lui : "nazi", "il a assisté à l'assassinat de juifs", "Hitler Jugend", rien ne manquait. (pourtant par sa mère Benoît XVI descendrait d'un rabbin)
Son discours aux Bernardins est à lire, à relire et à
méditer sans cesse car il est un guide de vie. Au fur et à mesure qu'on le relit,
on le trouve de plus en plus riche. C'est la marque des très grands textes.
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