30.3.13

Le discours électoral du nouveau pape (1)

Avant son élection, lors des réunions qui ont précédé le vote, le futur pape François a tenu une sorte de discours électoral qu'il a fait publier (ou "autorisé à publier") par un de ses amis cardinal latino-américain.

La traduction française de ce discours semble accessible gratuitement ici. (Sur le site de "La Croix", c'est payant).

Le programme électoral du discours est très critique à l'égard de l'Église "autoréférentielle" dans laquelle il vivait.

Or, l'Église a le témoignage de Dieu pour Elle. Elle le dit, elle le prouve. C'est Dieu qui témoigne pour elle. L'Église, c'est aussi l'Église de saint Vincent de Paul et de Mère Theresa dont je ne savais pas qu'elle ignorait les plus pauvres et les plus souffrants. Donc acte. L'Église est mère et maîtresse, mater et magistra (1), c'est de foi catholique.

Je n'aurais garde de critiquer le Pape en ses critiques. Ce qui m'intéresse ce sont cependant les droits de l'homme dans l'Église. Je note avec tristesse qu'ils sont totalement absents de l'intervention de l'alors cardinal Bergoglio. Je note aussi l'absence totale de référence au Concile Vatican II, pourtant fondamental sur de nombreux points et si important pour notre époque (notamment Dignitatis humanæ et Gaudium et spes).

Il semble que le cardinal Bergoglio a refusé d'appliquer le motu proprio Summorum pontificum dans son diocèse (la messe Summorum pontificum que l'on voit sur la carte près de Buenos Aires n'est pas située dans le territoire du diocèse de l'ex-cardinal Bergoglio).

Or, le droit à la liberté religieuse et le droit à la culture s'opposent à ce que le haut clergé refuse aux pharisiens et aux riches (en réalité les fidèles "Summorum pontificum" sont tous des laissés pour compte de l'existence et de l'Église, mais peu importe, gardons l'hypothèse que ce sont de riches bourgeois) leurs droits humains en matière religieuse et culturelle.

Ce qui est le plus inquiétant dans ce discours n'est pas la critique acide (et injuste) de l'Église, mais l'absence de référence au Concile Vatican II et aux droits universels de l'homme.

Avec ce nouveau règne, un nouveau "front" risque de s'ouvrir : celui de la défense des droits de fidèles contre un clergé brandissant l'évangile comme une arme de destruction massive de la culture religieuse française et universelle.

Un deuxième risque considérable, c'est la fragmentation de l'humanité par ce même clergé. Ce ne seront plus les droits universels de l'homme, mais les droits particuliers des "périphéries existentielles" (?) qui seront la préoccupation de l'Église.

Le nouveau pape devrait se souvenir que son pays a été le théâtre de violations massives des droits de l'homme durant la période de la dictature. Aujourd'hui, son pays est aussi en pointe dans la destruction du droit humain au mariage, donc contre les droits universels de l'homme. Il n'est pas sain qu'il l'oublie et que ces expériences n'aient servi à rien.

Il faudra donc défendre nos droits de catholiques et ceux des autres dans la grande solidarité humaine pour la liberté et la culture.

(1) « MÈRE ET ÉDUCATRICE de tous les peuples, l'Eglise universelle a été instituée par Jésus-Christ pour que tous les hommes au long des siècles trouvent en son sein et dans son amour la plénitude d'une vie plus élevée et la garantie de leur salut.
A cette Eglise, « colonne et fondement de vérité » (1), son saint fondateur a confié une double tâche : engendrer des fils, les éduquer et les diriger, en veillant avec une providence maternelle sur la vie des individus et des peuples, dont elle a toujours respecté et protégé avec soin la dignité. » (Jean XXIII encyclique Mater et magistra

Je crains beaucoup que ce pontificat ait pour programme la liquidation des théologies de Jean XXIII, de Paul VI (dont il continue cependant l'irrespect pratique pour le croyant, en particulier celui de culture européenne), de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Hélas, la dignité de l'homme et les droits qui en découlent risquent d'en souffrir, même dans l'Église.

(1) Juridiquement, il n'y a pas de discours électoral. Il n'y a pas de campagne électorale, juridiquement strictement interdite. Mais ce discours aux cardinaux, préalable à son élection, peut être ressenti comme un discours électoral. En tout cas, c'est la fonction qu'il semble avoir eu, selon le cardinal Ricard. Le cardinal Ricard dit que ces collègues ont été marqués par le discours du cardinal Bergoglio :


« Peu après l’élection du pape, le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, avait révélé qu’une intervention du cardinal Bergoglio avait « marqué les congrégations générales ». « Dans cette intervention, le futur pape a dit que l’Église ne sera vraiment l’Église du Christ que si elle ne se centre pas sur elle-même, sur ses problèmes, et qu’elle va à la rencontre des hommes et des femmes dont elle se sent loin », avait-il raconté. »


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