16.10.11

La notion de "déicide" déconsidère les chrétiens qui la propagent

Sur le Forum catholique, encore un "fil" sur le "déicide" des juifs nous est infligé. Un nombre impressionnant de réponses montrent que cette accusation infamante pour ceux qui la portent (car la diffamation d'un fait imaginaire retombe sur les diffamateurs) est toujours vivace malgré l'évidence de sa fausseté.

Voici ce que dit le catéchisme du Concile de Trente :

"Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l’Apôtre, s’ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne L’auraient jamais crucifié. Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains déicides."

Les juifs, enfin, plus exactement la plupart des juifs, n'ont pas reconnu le messie en Jésus. Comment auraient-ils pu avoir commis un crime si grand en l'ignorance de la personne qu'ils ont rejetée ou ignorée à cette époque ? Pourquoi seraient-ils coupables d'un crime qui ne serait pas imputé aux Romains ?

L'acharnement méchant contre des gens innocents, à grand coup de présomption de culpabilité, d'imputation de crimes inconnus de ceux qui le perpètrent, voire de nouveau péché originel est une infamie qui risque de retomber sur ces criminels qui colportent ces infamies. Je prie Dieu de le leur pardonner. Car je crains qu'en l'occurrence, les vrais déicides soient les individus qui se complaisent gratuitement dans cette imputation. Ils chargent leurs consciences d'une très grave faute. Et ils le font sans aucun intérêt pour eux !

"I Cor 2,8. que nul des princes de ce siècle n'a connue; car, s'ils l'eussent connue, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de gloire."

Par ce verset saint Paul innocente les Romains et les Juifs et non seulement comme peuples, mais encore même les autorités du temps qui ont ordonné directement, ici et maintenant, la crucifixion en l'an 33. Le fait que Jésus leur soit apparu, à certains d'entre eux du moins, comme un juste qui ne méritait pas de condamnation à mort est une autre question, le fait que d'autres aient été aveuglés par le fanatisme en est encore une autre, le fait que Pilate ait été un lâche en est une troisième. Le drame du calvaire est le drame d'une erreur judiciaire, d'une faute judiciaire concernant les autorités de l'époque, mais pas d'un "déicide", pour personne. Et c'est saint Paul qui le dit. Pour les autres fautes, remettons les à la miséricorde de Dieu qui ne veut pas la mort du pécheur. D'ailleurs si nous avons un peu le sens de la spiritualité chrétienne nous devons nous dire, comme Paul Claudel le dit dans "Le Soulier de satin", "- Je suis plus lâche que Ponce-Pilate, plus vil que Judas" et j'ajouterais : "- plus prévaricateur que Caïphe." "- Ne croyez pas avoir fait un pas dans l'humilité, si vous ne vous croyez pas en-dessous de tous." aime à répéter ma femme.

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