Un peu de Pascal (Blaise) Les Pensées :
"Que chacun examine ses pensées. Il les trouvera toutes occupées au passé ou à l'avenir. Nous ne pensons presque point au présent, et si nous y pensons ce n'est que pour en prendre la lumière pour disposer de l'avenir.
Le présent n'est jamais notre fin.
Le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre, et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais."
On peut lire ce passage en le prenant pour normatif : il faut nous efforcer de vivre le présent. Dans cette perspective l'idée serait une façon d'exposer le programme des épicuriens : "carpe diem".
Or le sens du texte n'est pas celui-là. Le sens est que c'est notre condition de vivre le présent en pensant au passé pour préparer l'avenir. Contre cette condition qui est la nôtre, nous ne pouvons rien. Et notre condition c'est d'être malheureux parce que nous nous disposons à être heureux.
Il est vrai que le présent est si ténu qu'il est légitime de se demander s'il existe. Mais Pascal est trop pessimiste. Il peut exister des moments de bonheur (du moins il a existé pour moi, donc pour d'autres, des moments de bonheur) pendant lesquels nous sommes immergés dans le temps sans qu'il nous fasse sentir sa domination, un temps heureux, où l'on ne pense ni au passé, ni à l'avenir, mais où l'on vit...
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