20.7.09

Rome est-elle l'Antéchrist ?

La trajectoire de Newman (1801 – 1890) qui de pasteur anglican est devenu cardinal de la sainte Eglise romaine est intéressante pour les problèmes posés par les « sédévacantistes » et le « lefebvristes ».

L’interview du P. Stern, missionnaire de la Salette et membre de l’association des amis de Newman comporte une remarque qui est valable pour tous les dissidents religieux (et pas seulement les dissidents du catholicisme)

« Père Stern – (… ) devenu catholique, Newman fera remarquer que critiquer Rome, attaquer Rome, est une nécessité vitale pour ceux qui en sont séparés. Dans sa fameuse Apologia, il citera un paradoxe formulé par un théologien anglican du seizième siècle, Bernard Gilpin : les protestants ne peuvent donner aucune justification de leur sécession, « si ce n'est que le pape est l'antéchrist ».

http://www.zenit.org/article-21583?l=french

Or, l’apparition de la Salette, justement, aurait prédit que « Rome deviendra le siège de l’Antéchrist ». C’est d’ailleurs sur cette prophétie privée que se fondent beaucoup de lefebvirstes ou sédévacantistes.

En effet, la seule autorité universelle religieuse et morale au monde est celle du pape ou des évêques unis au pape. L’autorité du pape est souveraine et s’exerce, comme toute autorité, au nom de Dieu. C’est-à-dire qu’elle n’a aucune autorité visible au-dessus d’elle. Or l’homme vit dans le visible et le social par qui lui vient bonne partie de son être. Remarquons que cette autorité en matière sociale n’est pas politique, ni familiale, ni, en matière intellectuelle, scientifique, par exemple. Lui échappent donc beaucoup de matières humaines. Mais en matière religieuse elle est la seule autorité et lorsqu’elle s’est prononcée en cette matière, plus personne ne peut la contredire sans usurper son autorité.

C’est pourquoi celui qui conteste l’autorité du pape doit se présenter en matière religieuse ou morale comme interprète authentique de la vérité divine ou rationnelle. Il ne peut faire autrement que d’ériger son opinion en vérité obligatoire. Et il ne peut faire autrement puisqu’il a, dans sa pensée, un « concurrent » qu’il faut discréditer. Il tente d’usurper l’autorité, la seule autorité religieuse et morale au monde et pour cela il lui est « vital » de présenter le pape comme un imposteur, c’est-à-dire que seule cette assertion peut justifier sa prétention à contredire le pape dans les matières où il est souverain.

Remarquons que cette nécessité « vitale » n’est pas l’apanage des seuls protestants ou lefebvristes, mais s’étend à tous les dissidents de l’humanité et qu’elle s’abrite toujours d errière un refuge, un prétexte un bouclier non moins « vital ». Pour éviter le ridicule de la prétention de s’ériger en interprète de la vérité divine, le doctrinaire devra se réfugier derrière l’autorité d’un livre, l’autorité de la raison, l’autorité de la tradition, l’autorité du Christ, l’autorité des faits, l’autorité de la société etc. Mais cette autorité est en réalité toujours sa propriété. C’est pourquoi on peut toujours lui rétorquer : vous dites que ce n’est pas vous, mais Dieu (ou la raison etc.) qui le dit, mais en réalité, c’est vous qui le dites et personne d’autre et vous êtes en ces matières religieuses ou morales le parfait égal de tout homme et par conséquent mon parfait égal et votre prétention à vous présenter en concurrent du pape ne peut se justifier et elle est en conséquence riidicule.

Aucun commentaire: