Effectivement la liberté religieuse n'est pas une vérité de foi parce que c'est une prescription de droit naturel et donc accessible à la raison exactement comme l'interdiction de l'avortement ou l'interdiction de violer les autres droits de l'homme.
Mais si elle ne fait pas partie de la foi, elle n'en est pas moins enseignée par l'Eglise. Les catholiques savent que notre esprit humain peut atteindre des vérités rationnelles invérifiables par l'expérience (vérités métaphysiques telle que par exemple l'unité de l'esprit humain). Dieu nous parle aussi par notre raison et il parle à tous les hommes, même non-catholiques (Rom 2, 15). Et cette raison est commune à l'humanité entière, c'est l'universalité de l'esprit humain. Il me semble que l'Eglise ne nous dit pas : "ces vérités sont de foi", mais elle nous dit ces vérités établies par la raison sont confirmées par la révélation. Donc les catholiques qui veulent le rester doivent les confesser. Les autres hommes non-catholiques connaissent ces vérités également par leur raison (avec plus de difficultés, certes, mais ils ont la capacité de les connaître, même sans la foi).
Si, à la manière des kantiens ou des positivistes qui sont leurs fils, je prétends que les vérités invérifiables par l'expérience sont inaccessibles à la raison, je coupe radicalement toute possibilité de droit naturel. C'est ce que fait Rawls. C'est l'absolutisation de la tolérance. Il ne reste plus que la discussion puis la prise de décision selon la majorité arithmétique et ces décisions peuvent être contraires au droit naturel. On peut ainsi décider de tuer des enfants parce que la majorité arithmétique l'a décidé ainsi. On voit que ces opinions sont monstrueuses.
Et l'opinio selon laquelle, si la majorité du peuple le réclame, l'Etat aurait une compétence en matière religieuse pour réprimer (ou tolérer) les religions acatholiques, est contraire au droit naturel, car la tolérance (vertu de l'autorité qui fait tolérer des maux parce que l'autorité ne peut empêcher tout mal sans en causer de plus grands que les maux tolérés) n'a pas cours en matière religieuse où l'Etat n'a aucune compétence directe ni sur les individus, ni sur les groupes. En réalité l'Etat (laïc par définition) n'a qu'une compétence indirecte en cette matière, c'est celle des droits de l'homme parce qu'alors il a un titre qui est l'universalité de l'esprit humain. Il peut et doit (sauf tolérance) interdire les opinions et les agissements contraires aux droits UNIVERSELS de l'homme. Ils sont universels comme l'esprit humain est universel comme l'enseigne saint Paul (Rm 2, 15).
Il est piquant d'observer que les "traditionalistes" sont ici inconsciemment contaminés par les idées rousseauistes, kantiennes et positivistes. Il le sont "pour la bonne cause", du moins le croient-ils, mais l'absolutisation de l'utile est absurde, l'utile est en vue d'un bien et n'est pas un but. Or ici le but c'est de rendre à chacun ce qui lui est dû.
Notons aussi que l'idéologie kantienne et rawlsienne empêche toute communication entre les êtres humains, c'est pourquoi il ne reste que l'arthmétique et en définitive que la force. En effet la raison est le seul moyen de communication humain universel.
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