13.12.08

Oui, il faut commémorer la déclaration universelle des droits de l'homme

Maître Jean-Philippe Feldman, avocat, publie un article dans le Figaro intitulé "Faut-il commémorer la déclaration des droits de l'homme ?"

Il conclut abruptement par "Le seul mérite de la Déclaration de 1948 est de mériter l'oubli." Cela fait l'effet d'un coup de poing dans le plexus !

Voyons les principaux arguments :

Il critique le mot "universelle". Mais elle est "universelle" parce que l'homme est universel et que partout où il est il a des droits inviolables et inaliénables. C'est pourquoi il ne peut y avoir de "droits de l'homme en islam". Les droits de l'homme ne distinguent nullement selon la religion etc.

Il critique l'idée de René Cassin selon laquelle les droits dont un bloc, selon lequel les droits "indivisible" parce que Cassin aurait prétendu, selon Feldman, que "tous se valent", ce qui est matériellement faux. Il est inexact que tous les droits se valent parce que les droits sont "indivisibles". Mais l'ordre d'énonciation est aussi un ordre d'importance, le droit de propriété vient bien après le droit à la vie, qui vient avant le droit à la liberté. Cela n'empêche pas l'indivisibilité des droits de l'homme parce que l'homme est indivisible. Parce que si vous attaquez un droit de l'homme vous vous attaquez à toute la personne. Il est moins grave de violer le droit de propriété que de violer le droit à la vie, mais si l'on s'attaque au droit de propriété, on s'attaque à tous les droits de l'homme, à tout l'homme.

Il reproche à la déclaration universelle d'être inspirée du marxisme. Je ne vois vraiment pas en quoi le texte ni même le préambule seraient marxistes. A aucun moment il n'est question de "conquête" "d'avancée" comme dans les textes marxistes puisque les marxistes voient tout selon la guerre de la "lutte pour la vie".

Le droit collectif de propriété existe. Il en est ainsi des droits de propriété des collectivités (Etat, commune, syndicats). Il en est ainsi du droit des peuples sur leur territoire. Personne n'est autorisé à les violer, sous prétexte qu'ils seraient collectifs.

Il reproche à la déclaration de mentionner des droits économiques et sociaux sous prétexte qu'ils auraient un créancier sans débiteur. Ce n'est pas exact car les droits de l'homme doivent informer les actions de tous. Par exemple les juges de Nîmes ont violé mes droits à mon patrimoine et à une vie décente en me condamnant contre l'équité, alors que je bénéficiais de l'aide juridictionnelle. C'est un droit naturel de l'homme qu'ils ont violé cruellement en obéissant à d'obscurs mobiles. Si nous étions dans un état de droit, ils seraient punis pour leur cynique malhonnêteté.

Il reproche à la déclaration de mêler "dangereusement" (?) droit et morale. Mais le droit et la morale sont intimement liés l'un à l'autre et l'article 29 que Feldman semble viser est nécessaire. Il faut que l'on sache ce qui peut être exigé dans l'exercice des droits et la jouissance des libertés, afin de tout lier intimement et donner la prééminence à la morale. Car sans la vérité et la justice les droits ne deviennent que brigandage. L'article 29 est très précieux, loin d'être dangereux et donne des directives d'application nécessaires.

Bien sûr la déclaration est perfectible par exemple sur les implications du droit à la vie, du droit au territoire pour les peuples autochtones etc.

Mais telle qu'elle est, elle est un monument intellectuel qu'il n'est pas permis de traiter sans respect, elle est aussi un très précieux instrument juridique dont il est inquiétant de voir le Figaro et le Salon beige se faire les complices d'attaques ineptes.

Tout cela est très très inquiétant car attaquer les droits de l'homme c'est ouvrir la porte à la barbarie.

Aucun commentaire: