(...)le dialogue invoqué par ces nouveaux communicants [l'abbé Grosjean et ses amis], qui tentent de faire croire qu’ils se distinguent de la pastorale de l’enfouissement, quel est-il ? L’abbé Grosjean et ses acolytes, a posé dans Le Monde quelques jalons : «la société … doit réinventer son rapport au sacré» ; «[la question de la responsabilité de l’artiste] doit être posée et discutée clairement» ; «Cet amour [de Jésus] doit être respecté». Mais quelle est la nature de ce «doit» qui revient si souvent? Les auteurs semblent l’entendre comme une obligation morale («nous devons accepter de renouer un vrai dialogue … autour de la question de la foi.»). Problème : la société ne l’entend pas de cette oreille. Des dizaines d’abonnés au Monde ont commenté cette tribune, presque tous dans le même sens :
… cette chronique … ne renvoie à aucune autre universalité que l’ancienne vision d’un catholicisme « hégémonique »
Je n’ignore pas le fait religieux. Mais pourquoi m’obliger à dialoguer avec des gens qui croient en des fariboles?
le christianisme nous fait depuis si longtemps la morale (et pas toujours avec tolérance), qu’on ne voit pas pourquoi on n’aurait pas le droit de lui répondre comme bon nous semble
Merci encore aux humanistes de la Renaissance, à Voltaire, à la République enfin, qui nous ont permis de confiner ces personnages dans leurs sacristies.
Les religieux ont une fâcheuse tendance à s’imaginer que la croyance est autre chose qu’une opinion, et que donc le respect de la religion s’impose à tous, y compris ceux qui ne croient pas.
Certes, mais monsieur Bernard ne propose rien à la place du "dialogue". Et en réalité il démontre que, aussi bien l'abbé Grosjean que lui, n'ont rien à opposer aux arguments laïcistes (le plus souvent fondés sur une vision biaisée de l'histoire et... sur les arguments des "traditionalistes" qui sont souvent et paradoxalement les mêmes que les leur !).
Mon blog qui se consacre depuis quelque temps à la défense des manifestants pour lesquels on invoque maladroitement "le blasphème" et la "christianophobie", met en garde contre les fausses solutions. Mais je ne le fais pas parce que j'aurais des idées issues de ma tête. Tout ce que je dis sur les droits de l'homme pour les promouvoir, sur la "christianophobie" et sur le "blasphème" pour en condamner l'usage, je l'ai trouvé dans les écrits émanant du personnel du Vatican.
Par exemple sur le concept de "diffamation des religions" (qui renvoie aux notions de "christianophobie" et de "blasphème") Mgr Tomasi a prononcé un discours devant le Conseil des droits de l'homme (Bureau des Nations unies) sur le thème de "la lutte contre l'intolérance religieuse" le 23 mars 2010 :
"Combattre les comportements blessants à l'égard de la religion en s'éloignant du caractère universel découlant de notre humanité commune et en s'en remettant à la discrétion de l'Etat, en introduisant un vague concept de « diffamation » dans le système des droits humains, ne peut promouvoir de solution efficace et satisfaisante. Il existe également le risque supplémentaire que l'interprétation de ce que comporte la diffamation puisse changer selon l'attitude du censeur à l'égard de la religion ou de la croyance, et cela souvent, de façon tragique, aux dépens des minorités religieuses. C'est malheureusement le cas dans les Etats qui ne font pas la distinction entre les affaires civiles et religieuses, et qui s'identifient à une religion particulière, ou à une certaine secte au sein de cette religion, et interprètent la notion de diffamation selon les convictions de la religion ou des croyances auxquelles ils adhèrent, discriminant ainsi de façon inévitable les citoyens qui ne partagent pas les mêmes convictions. L'expérience des législations nationales qui appliquent les concepts tels que la « diffamation de la religion » permet de dire qu'un éventuel instrument international sur la diffamation de la religion ne fera qu'aboutir à une oppression supplémentaire des minorités religieuses, comme cela est précisément apparu dans ces pays."
Et encore :
Une législation adaptée devrait donc être orientée vers l'objectif du bien commun, et devrait être fondée sur des valeurs, des principes et des règles qui reflètent la nature humaine et qui font partie de la conscience de la famille humaine, plutôt que sur telle ou telle religion, tout en tenant compte de toutes les implications de la liberté d'expression et de religion. Le respect des droits de chacun à la liberté religieuse ne requiert pas la sécularisation totale du domaine public, ni l'abandon de toutes les traditions culturelles, pas plus que le respect de la liberté d'expression n'autorise le manque de respect pour les valeurs communément partagées par une société particulière. Un cadre juridique qui protège le bien commun et l'égalité des citoyens dans des sociétés de plus en plus pluralistes, implique que les systèmes de normes qui s'appliquent aux croyants ne doivent pas être imposés aux fidèles d'autres religions ou aux non-croyants, sinon les droits humains et le droit à la liberté religieuse pourraient devenir un instrument politique de discrimination plutôt qu'un instrument pour favoriser les relations interpersonnelles éthiques. L'Etat ne peut pas non plus devenir un arbitre de rectitude religieuse en décidant de questions théologiques ou doctrinales: cela représenterait une négation du droit à la liberté de religion.
Autrement dit, la liberté religieuse libère l'homme quelles que soient ses croyances. D'où l'on peut conclure que les vrais défenseurs de la liberté religieuse ou de "la tolérance" ne sont pas ceux qui se proclament tels, mais ceux qui luttent pour l'interdiction du spectacle de Castellucci, (de plus donné avec l'argent commun, ce qui constitue un vol au préjudice de tous). Mais qu'en revanche en invoquant le "blasphème", ils invitent fort maladroitement, (ou pour être plus exact : injustement), l'État à se mêler de questions religieuses, alors que la seule autorité religieuse au monde est le Pape. D'autre part, en invoquant la "christianophobie", ils fragmentent un peu plus la société en niant que tout homme soit intéressé à leurs libertés, ou autrement dit, que c'est tout homme qu'ils défendent. Enfin au lieu de promouvoir la vérité de l'homme, ils tirent argument du relativisme maçonnique (un comble), donc le promeuvent. Cette curieuse bataille "à front renversé" ne profite qu'aux oppresseurs déguisés en libérateurs, et à eux seulement.
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