Cette affaire de 1766 est une affaire de tribunaux laïcs. Le chevalier ne fut pas poursuivi uniquement pour avoir détérioré un crucifix qui ornait un espace public (un pont), et ne s'être pas agenouillé ostensiblement devant une procession du saint Sacrement, on lui reprochait également de s'être moqué de la messe, et d'avoir provoqué un sacristain qui servait la messe à prendre du vin et à se moquer des cérémonies de la messe pendant la messe.
Il y eut de nombreux témoins. Louis XV refusa la grâce. Cette condamnation était évidemment excessive, disproportionnée, eu égard à notre mentalité. Mais elle était purement laïque. Elle était en accord avec les mœurs du temps. On ne peut faire un anachronisme en jugeant avec notre mentalité, des décisions datant de plusieurs siècles.
On peut remarquer que ces actes seraient incriminés par les lois d'aujourd'hui (dégradation de biens publics, trouble d'offices religieux, provocation à la discrimination religieuse). On peut remarquer aussi l'adhésion des populations à la sentence, un des motifs probables du refus de grâce.
Enfin cette affaire, où il y eut un luxe de procédure - des dizaines de témoins - luxe qui nous ferait pâlir d'envie, fut utilisée par Voltaire dans sa campagne contre les croyances et contre l'Église (qui n'y était pour rien). Mais on pourrait sans doute la mettre en balance, pour être tout à fait juste, avec les centaines de milliers d'exécutions sommaires perpétrées sans procès et sans autre motif que la haine de la foi, par la Révolution, notamment en Vendée, mais pas uniquement, crimes perpétrés par les lecteurs de Voltaire et au nom du laïcisme.
[Nota la question d'une éventuelle erreur judiciaire est une autre question]
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