Voici mon commentaire adressé à monsieur Reynouard:
Votre Adolph Hitler n'était pas très cultivé.
D'une part le bien commun est un bien propre, seul le bien exclusivement particulier est bien qui n'est pas commun. Par exemple le blé étant un bien qui se consomme par l'usage individuel, manger du pain est un bien exclusivement particulier. En revanche savoir comment l'on va répartir équitablement, justement et dans la vérité la production nationale (et maintenant mondiale) de blé est un bien commun. Mais c'est mon bien aussi qui que je sois. Et si je choisis parce que vieux et malade de ne pas manger de pain pour que les enfants en aient plus, c'est encore mon bien parce qu'il vaut mieux vivre dans une société d'amour, que les enfants sont l'avenir, alors que le vieillard a sa vie derrière lui, il vaut mieux cela que de faire preuve d'égoïsme qui ne serait pas un bien pour le vieillard. Être menteur et égoïste, ce n'est pas un bien, même pour celui qui profitera du mensonge. Donc Hitler se fourvoyait. Il faut dire que pratiquement personne n'a une notion adéquate du bien commun. Dans le sillage du cartésianisme, l'opposition entre bien commun et bien particulier est pratiquement universelle (voir sur ce point Gilson sur le culte des antinomies fruit de l'idéalisme).
Il est remarquable que le bien commun s'accroit plus il est partagé, alors que plus il est partagé, plus le bien exclusivement particulier décroit.
D'autre part, tout homme est capable de sacrifier son bien périssable à un bien impérissable qui est éminemment commun. Ce n'est pas une exclusivité de l'"Arien".
Je vous donne comme exemple celui d'Éléazar, juif du 2ème siècle avant Jésus-Christ:
« I M 6,18. Éléazar, l'un des premiers des scribes, homme avancé en âge et beau de visage, fut pressé de manger de la chair de pourceau, la bouche ouverte par force.
II M 6,19. Mais lui, préférant une mort pleine de gloire à une vie criminelle, marchait volontairement au supplice.
II M 6,20. Considérant ce qu'il lui faudrait souffrir, et endurant avec patience, il résolut de ne rien faire d'illicite par amour pour la vie.
II M 6,21. Ceux qui étaient présents, touchés d'une compassion coupable, à cause de l'ancienne amitié qu'ils avaient pour lui, le prirent à part, et le priaient de faire apporter les viandes dont il lui était permis de manger, pour feindre d'avoir mangé des viandes du sacrifice, comme le roi l'avait ordonné,
II M 6,22. afin que par cet acte, il fût sauvé de la mort; ils usaient donc de cette humanité à son égard, à cause de leur ancienne amitié pour lui.
II M 6,23. Mais lui, il commença à considérer la haute dignité de son âge et de sa vieillesse, les cheveux blancs qui accompagnaient sa noblesse naturelle, et les actes de sa vie sans tache depuis son enfance, et, selon les ordonnances de la loi sainte établie par Dieu, il répondit aussitôt en disant qu'il voulait être envoyé dans le séjour des morts.
II M 6,24. Car il n'est pas digne de notre âge, dit-il, d'user d'une fiction qui serait cause que beaucoup de jeunes gens, s'imaginant qu'Éléazar, à l'âge de quatre-vingt-dix ans, aurait passé à la manière de vivre des païens,
II M 6,25. seraient eux-mêmes trompés par cette feinte, dont j'aurais usé pour un petit reste de cette vie corruptible, et l'attirerais par là la honte et l'exécration sur ma vieillesse.
II M 6,26. Car, alors même que j'échapperais présentement aux supplices des hommes, je ne pourrais néanmoins fuir la main du Tout-Puissant, ni pendant ma vie ni après ma mort.
II M 6,27. C'est pourquoi, en quittant courageusement la vie, je paraîtrai digne de la vieillesse; »
Deuxième livre des Macchabées, https://www.blogger.com/Magnificat%20http://magnificat.ca/
Le bien d'Éléazar n'était pas d'être un lâche, ni de scandaliser les jeunes. Il s'est exposé à la mort, il a risqué un bien périssable pour des biens impérissables et communs à toute la nation et même à l'humanité: vivre dans la vérité et la justice. Et dans son cas, dans la liberté religieuse.
Donc le bien commun de l'humanité était aussi son bien propre. Car le bien commun est nécessairement un bien propre, sinon il n'est pas commun. (Pour découvrir la vérité il faut bien réfléchir à la définition de "commun").
J'ai écrit sur ce thème:
http://denismerlin.blogspot.fr/2015/08/le-bien-commun-est-propre-sinon-il-nest.html
Il y aurait encore à dire sur une notion absente de votre exposé: la notion d'ordre public. La notion d'ordre public est au centre de l'ordre juridique, donc de la vie politique. L'ordre public universel (vérité justice) et l'ordre public national s'imposent à tous, mais moins absolument pour le second. Mais cela est encore une autre histoire... ignorée de madame Le Pen et de vous... Dommage quand on parle de politique et de religions.
Un des textes vraiment fondamentaux pour comprendre ce problème est Dignitatis humanæ. Il y a d'autres textes très importants, mais DH est un texte très important:
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