« Face au tumulte que provoquerait la décision de libérer l’innocent, Pilate ne fait pas le choix de l’exécuter, il laisse décider à sa place la foule irrationnelle. [On peut imaginer que s’il avait assumé la décision d’exécuter Jésus, la procédure eût été différente, il aurait alors pu temporiser : l’emprisonner avant de le crucifier, voire le laisser en prison le temps d’attendre que la colère des juifs fût apaisée. Non, par peur des juifs, Pilate démissionne, laissant faire les circonstances immédiates]. Ponce Pilate est ainsi la figure de celui qui ne s’engage pas, et qui, croyant s’en laver les mains, cause la mort du Christ. »On ne peut faire abstraction des institutions. Les Romains avaient privé les Juifs du pouvoir d’infliger la peine capitale. Les autorités juives l’ont condamné à mort mais demandent l’exequatur de leur décision à Pilate. Pilate doit juger si la décision de condamnation est valable. Voilà le cadre institutionnel. La foule, manipulée, n’est qu’un instrument, on lui demande de faire peur à Pilate. C’est pourquoi on dit que Pilate est un lâche qui abandonne sa mission par lâcheté car il a peur de la foule. Selon saint Paul, Pilate le pouvoir de Ponce-Pilate venait de Dieu : « omnis potestas a Deo » « Tout pouvoir vient de Dieu. » Il fuit devant sa mission, tente de rejeter sa responsabilité sur la foule. La foule, d’abord parce qu’elle ne comprend pas ce qu’elle fait, ensuite parce qu’elle n’a aucun rôle institutionnel est bien moins coupable que Pilate. Claudel fait dire à un de ses personnages qui s’exerce à l’humilité « Je suis plus vil que Judas, plus lâche que Ponce-Pilate. » Ponce-Pilate reste le modèle de la lâcheté. En ce qui concerne la foule: elle est composée d’imbéciles manipulés, c’est bien moins de responsabilités que celle d’une autorité intelligente, clairvoyante.
Donc Pilate a bien pris la décision de crucifier le Christ. Ne sont directement responsables de ce forfait que ceux qui ont voté la mort dans le Sanhédrin (décision judiciaire de condamnation) et Ponce Pilate (exequatur). Juridiquement, peu importe leurs mobiles. En revanche, les autres n'en sont pas responsables.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire