De Koninck (mort en 1965) poursuit sur le bien commun
« Le bien commun est meilleur, non pas en tant qu’il comprendrait le bien singulier de tous les singuliers : il n’aurait pas alors l’unité du bien commun en tant que celui-ci est en quelque façon universel ; il serait pure collection, il ne serait que matériellement meilleur. Le bien commun est meilleur pour chacun des particuliers qui y participent, en tant qu’il est communicable aux autres particuliers : la communicabilité est la raison même de sa perfection. Le particulier n’atteint le bien commun sous la raison même de bien commun qu’en tant qu’il l’atteint comme communicable aux autres. Le bien de la famille est meilleur que le bien singulier, non pas parce que tous les membres de la famille y trouvent leur bien singulier : le bien de la famille est/{8} meilleur parce que, pour chacun des membres individuels, il est aussi le bien des autres. Cela ne veut pas dire que les autres sont la raison de l’amabilité propre du bien commun ; au contraire, sous ce rapport formel, les autres sont aimables en tant qu’ils peuvent participer à ce bien. »
Autrement dit, le bien commun n’est pas le bien de toutes les personnes composant la société en tant que bien singulier de chaque personne (il est cela, mais pas seulement) il est surtout le bien communicable aux autres dans lequel chacun participe, reçoit et donne un bien qui dépasse, sans le nier, son bien singulier. C’est en raison de cette communicabilité qu’il est plus parfait que le bien purement singulier. Le bien commun n'est pas une collection de biens singuliers de chacun, il est un bien communicable où chacun participe et communie à un bien unique.
Par exemple le respect mutuel que se porteront les divers membres de la famille sera le bien de la mère. Mais ce bien de la mère est aussi le bien des autres membres, des filles, des fils, du mari, mais ce bien de chacun est plus que la somme des biens de chacun car il est commun et non une somme de biens singuliers. Ce bien commun accroîtra l’amour que se portent les membres de la famille non parce que chacun sera plus heureux (bien singulier de chacun), mais parce que cet amour et ce bonheur sera commun et unique et non une somme.
Cette doctrine scolastique du bien commun est donc la doctrine de l’amour. Les liens de l’amour ne sont pas des liens qui asservissent mais des liens qui libèrent.
Ah comme les intégristes qui diffusent ces textes ne doivent pas les lire pour aller faire des retraites d’où l’on sort en disant qu’il suffit de faire son salut individuel !
Je leurs suis quand même gré d’avoir permis de les lire, car ils mélangent malheureusement ces textes sublimes avec d’autres de bien moindre intérêt (voire inintéressants)
En d’autres termes si aujourd’hui nous nous préoccupons du bien de l’humanité entière (respect de la femme, des droits de l’homme, droits des salariés, des pauvres) nous oeuvrons au bien commun. Ce bien commun est aussi notre bien d'individu et il ne nie pas notre bien singulier (qu’il ne nous faut pas oublier).
Le texte de De Koninck (un saint, pour moi) peut être lu ici sur le site salve-regina.com
1 commentaire:
Bonjour Denis.
Très beau texte, en effet.
Enregistrer un commentaire