On peut se demander d'abord à quel titre le pape peut interdire ainsi un rite, des prières.
Le document Summorum Pontificum, citant la présentation générale du Missel Romain de 2002 donne le principe qui éclaire cette question :
"Depuis des temps immémoriaux et aussi à l’avenir, le principe à observer est que «chaque Église particulière doit être en accord avec l’Église universelle, non seulement quant à la doctrine de la foi et aux signes sacramentels, mais aussi quant aux usages reçus universellement de la tradition apostolique ininterrompue, qui sont à observer non seulement pour éviter des erreurs, mais pour transmettre l’intégrité de la foi, parce que la lex orandi de l’Église correspond à sa lex credendi »[1] Présentation générale du Missel romain, troisième édition, 2002, n. 397.
C'est en raison de ces usages "universellement reçus de la tradition apostolique ininterrompue" que le pape peut interdire les formules de saint Pie V, puisqu'elles ont été, de fait, abandonnées. Cet usage universellement reçu de la tradition apostolique, c'est que la liturgie reçue par la majorité dans l'Eglise universelle devient ordinaire.
D'où le rite de Paul VI devient le seul officiel car il a été "accueillis avec plaisir par les Évêques comme par les prêtres et les fidèles."
Historiquement, il n'est pas vrai que les évêques, les prêtres et les fidèles ont accueilli ces nouvelles prières "avec plaisir". C'est Paul VI en 1976 par un discours plein de mensonges qui les a imposées :
: « C'est au nom de la Tradition que nous demandons à tous nos fils, à toutes les communautés catholiques, de célébrer, dans la dignité et la ferveur, la liturgie rénovée. L'adoption du nouvel Ordo Missæ n'est pas du tout laissée au libre arbitre des prêtres ou des fidèles. L'instruction du 14 juin 1971 a prévu la célébration de la messe selon l'ancien rite, avec l'autorisation de l'Ordinaire, uniquement pour des prêtres âgés ou malades, qui offrent le sacrifice divin sine populo. Le nouvel Ordo a été promulgué pour être substitué à l'ancien, après une mûre réflexion, et à la suite des instances du Concile Vatican II. Ce n'est pas autrement que notre saint prédécesseur Pie V avait rendu obligatoire le missel réformé sous son autorité, à la suite du Concile de Trente. Avec la même autorité suprême qui nous vient du Christ Jésus, nous exigeons la même disponibilité à toutes les autres réformes liturgiques, disciplinaires,pastorales, mûries ces dernières années en application des décrets conciliaires. Aucune initiative qui vise à s'y opposer ne peut s'arroger la prérogative de rendre un service à l'Église : en réalité, elle lui cause un grave dommage. » Cité par l'abbé Belmont.
S'il a fallu un tel discours après sept ans d'application, c'est bien parce que les nouveaux rites n'étaient pas acceptés "avec plaisir".
Mais il est vrai qu'ils ont fini par être acceptés (peur du péché de désobéissance) par la majorité immense des prêtres et des évêques.
Du fait de cette acceptation, le rite ancien qui est encore en usage dans diverses paroisses est devenu interdit depuis hier comme rite "ordinaire" et donc comme rite des messes paroissiales ou des diocèses en leurs qualités de personnes morales publiques.
Le principe second, déduit du premier et qui préside au Motu Proprio, est que les prières et rites anciens sont interdits pour toutes manifestations des diocèses en leur qualité de personnes publiques ou de leurs démembrements territoriaux : les paroisses (canon 374 1).
Je ne pense pas que le fait de l'acceptation majoritaire mais contrainte par prévarication et mensonges du rite de Paul VI constitue un titre pour le pape à interdire des prières utilisées depuis des temps immémoriaux et codifiées dans une édition typique d'un missel par saint Pie V.
Les nouvelles prières (de Paul VI) ne peuvent être qu'autorisées et non obligatoires, même pour la prière officielle de l'église.
Cette astuce juridique (car "l'acceptation" qui est un de fait, n' a aucune autorité) nous permet-elle de déduire que le pape ne peut interdire une messe autorisée par un de ses prédécesseurs, car sinon Paul VI et Benoît XVI l'auraient interdite ? Cette impossiblité est au moins probable.
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