10.9.07

La raison est au début, "In principio erat verbum" selon Benoît XVI

"Le dialogue de la raison

Fait partie enfin de l’héritage européen une tradition de pensée, pour laquelle un lien substantiel entre foi, vérité et raison est essentiel. Il s’agit ici, en définitive, de se demander si, oui ou non, la raison est au principe de toutes choses et à leur fondement. Il s’agit de se demander si le hasard et la nécessité sont à l’origine de la réalité, si donc la raison est un produit secondaire fortuit de l’irrationnel, et si, dans l’océan de l’irrationalité, en fin de compte, elle n’a aucun sens, ou si au contraire ce qui constitue la conviction de fond de la foi chrétienne demeure vrai: In principio erat Verbum – Au commencement était le Verbe – à l’origine de toutes choses, il y a la Raison créatrice de Dieu qui a décidé de se rendre participant à nous, êtres humains."


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En allemand, la langue originale, selon le site du Vatican

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Dialog der Vernunft

"Zum europäischen Erbe gehört schließlich eine Denktradition, für die eine substantielle Korrespondenz von Glaube, Wahrheit und Vernunft wesentlich ist. Dabei geht es letztlich um die Frage, ob die Vernunft am Anfang aller Dinge und auf ihrem Grund steht oder nicht. Es geht um die Frage, ob das Wirkliche auf Grund von Zufall und Notwendigkeit entstanden ist, ob mithin die Vernunft ein zufälliges Nebenprodukt des Unvernünftigen und im Ozean des Unvernünftigen letztlich auch bedeutungslos ist oder ob wahr bleibt, was die Grundüberzeugung christlichen Glaubens bildet: In principio erat verbum – Am Anfang war das Wort – Am Beginn aller Dinge steht die schöpferische Vernunft Gottes, der beschlossen hat, sich uns Menschen mitzuteilen."





A dit le pape lors de son discours de Vienne au corps diplomatique du 07 septembre 2007.

Je pense qu'il doit y avoir une erreur de traduction "mitteilen" du dernier paragraphe me paraît mieux rendu en français par "communiquer".

Ce qui donnerait au lieu de la traduction :


"– Au commencement était le Verbe – à l’origine de toutes choses, il y a la Raison créatrice de Dieu qui a décidé de se rendre participant à nous, êtres humains."

Je traduirais plutôt :


"Au commencement était la Parole - au commencement de toutes choses, il y la raison créatrice de Dieu qui a résolu de se communiquer à nous."

Le pape insiste souvent sur cette idée que j'ai déjà trouvée dans le discours du 12 septembre 2006 : l'Europe est actuellement la seule culture qui allie la raison et la foi.

La foi nous dit qu'au début était la Parole, la Raison de Dieu. La raison est à l'origine et au fondement de toute chose.

L'idéologie du matérialisme du "hasard et de la nécessité" (titre du livre de Jacques Monod 1970 repris dans le texte du pape de 2007) s'oppose à cette idée.

Jacques Monod, prétend savoir que la vie est surgie du hasard et qu'elle a progressé en raison des nécessités de la survie. Au début de la vie et finalement de toutes choses, il y a le hasard, la nécessité vient après.

Pour Monod au commencement était le hasard qui a produit la raison. Le rationnel est sorti de l'irrationnel. Ce qui a pour corollaire que la raison n'a aucune importance, puisque c'est du hasard qu'est sortie la raison et c'est au hasard qu'elle disparaîtra. La raison mortelle n'a plus d'importance que passagère, voire pas d'importance sortie du cercle étroit de l'interprétation de l'expérience scientifique (positivisme).

Or selon la culture euroépenne la raison est dans la création, elle est aussi et surtout au commencement de l'homme qu'elle a rendu participant à la nature divine (l'homme fait à l'image de Dieu) ; elle est dans l'homme à qui Dieu imprime sa marque dès la conception. Pour le chrétien, et par conséquent pour la culture européenne, au fondements de la culture il y a la raison.

Cette vérité nous rend respectueux de la raison comme d'une manifestation divine.

Selon moi, outre sa vérité que nous devons comtempler, méditer, cette idée a l'intérêt quasi médicinal, de nous projeter tout d'un coup hors d'un cauchemar.

A la différence des implications du darwinisme de Monod : nous savons pas la foi que tout humain est important, tout humain a une dignité. Une tâche nous est donnée à toutes et tous : penser, qui nous rend conformes à Dieu.

Et encore : Notre discours devient une chose sacrée lorsqu'il est raisonnable.

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