3.6.11

Abbé Barthe : une certaine confusion intellectuelle

L'abbé Claude Barthe que j'ai connu du temps de l'Institut cardinal Pie" et du Père Barbara est devenu une sorte de "sage" parmi le monde traditionaliste. "Présent" publie récemment une interview de lui, reprise par l'association "Paix liturgique".

Les condamnations de l'abbé du Concile Vatican II de l'abbé Barthe. Vatican II a évidemment une autorité doctrinale en matière de mœurs et de foi. Ceux qui récusent son autorité en ces matières ne sont pas catholiques.

La déclaration "Dignitatis humanæ" n'est pas fondée sur la foi, mais sur la raison et confirmée par la foi.

Il dit par exemple sur le "Forum catholique" que

— le principe traditionnel (voir Pie XII, discours Ci riesce, 6 décembre 1953) est le suivant : la loi ne peut pas accorder la liberté de propager le faux et le mal ; mais ne pas empêcher le faux et le mal par des lois coercitives peut se justifier dans l’intérêt d’un bien supérieur (étant rappelé que « ne pas empêcher » est totalement différent de « permettre » au nom du prétendu devoir de choisir le moindre mal) ;

D'une part, ce principe n'est pas traditionnel, il est conforme à la droite raison. Ensuite, le mal c'est de lutter contre la liberté religieuse. Aucune religion n'est un mal en soi, ce qui serait un mal serait que des autorités SANS TITRE luttent contre la liberté d'honorer Dieu ou de ne pas l'honorer. Il n'y a aucune contradiction entre "Ci riesce" et "Dignitatis humanæ". Qui dit droit, dit société, nous ne sommes pas en matière spirituelle où ma conscience (ni aucune conscience) n'est autorisée à choisir le mensonge et l'erreur volontairement.

Il est d'ailleurs absurde pour un particulier de réclamer une compétence juridique de l'État sur sa pratique religieuse.

D'ailleurs Ci riesce ne dit nullement que l'État aurait le droit d'intervenir en matière religieuse. Il dit au contraire

"qu'aucune autorité humaine, aucun État, aucune communauté d'État, quel que soit leur caractère religieux ne peut donner un mandat positif ou une autorisation positive d'enseigner ou de faire ce qui serait contraire à la vérité religieuse ou au bien moral."

Nous raisonnons avec Pie XII, ici, dans le cadre d'un mandat d'enseigner, ou de faire (donc un ordre de faire). Le titulaire du pseudo-mandat est une autorité laïque. Nous sommes exclusivement dans ce cas.

Or le droit à la liberté religieuse ne dépend pas d'une autorisation positive d'une quelconque autorité, mais d'un droit naturel dont tout homme jouit et qui est opposable à ses égaux et conféré par directement par Dieu à toute créature raisonnable.

Ainsi, par exemple, un État catholique ne peut donner mandat d'enseigner une erreur, il ne s'en suit nullement qu'il serait autorisé à donner mandat d'enseigner ce qu'il considérerait arbitrairement comme la vérité, surtout contre la doctrine de l'Église (comment jugerait-il de la vérité en matière religieuse, lui qui n'y a aucune autorité ?) C'est ce que veut dire Pie XII dans "Ci riesce". Il ne faut pas faire dire à ce texte plus qu'il ne dit.

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