21.3.12

Le compte à rebours

Le compte à rebours est entamé. Les autorités de la Fraternité sacerdotale saint Pie X (FSSPX) ont jusqu'au 15 avril minuit pour apporter une réponse satisfaisante sur, si j'ai bien compris, la liberté religieuse, sur l'œcuménisme, sur le dialogue interreligieux.

Don Nicola Bux (bien Nicola sans "s" en italien, en français on peut traduire "monsieur l'abbé Nicolas Bux") a écrit une lettre touchante, adjurant les lefebvristes de venir à Rome en toute sécurité. Benoît XVI a fait observer d'ailleurs, en approuvant le sénateur italien Pera, que le dialogue inter-religieux au sens propre était impossible. On ne peut discuter que sur les droits de l'homme, leur progrès pratiques, non sur la foi. Sur ce point, que veulent de plus les lefebvristes ? Certes, des curés, et peut-être même des évêques continuent à blablater sur la "fraternité d'Abraham" et autres balivernes (d'ailleurs gravement insultantes pour Abraham), mais cela ne légitime pas une révolte contre les autorités religieuses.

Sur la collégialité, les lefebvristes n'ont pas plus compétence. L'Eglise s'organise comme Elle veut. Personne au monde n'a compétence pour le contester. L'Eglise est un mystère de miséricorde, personne ne peut s'arroger le droit d'y toucher. En conséquence, personne ne peut donner de conséquences juridiques à ses opinions théologiques.

Sur la liberté religieuse, on peut faire observer aux lefebvristes qu'ils utilisent la liberté religieuse et qu'il est contradictoire de s'y opposer en en bénéficiant. (Dans la logique de leurs position sur la liberté religieuse, Nicolas Sarkozy aurait compétence pour interdire leurs activités religieuses).

Tout cela est parfaitement vrai.

Don Bux fait aussi observer que les abus les plus extravagants ont tendance à se réduire sous l'influence du Pape.

Certes, sur le Forum catholique "Merry del Val" (pseudonyme) fait observer :


" Ensuite, faire en sorte qu'il ne soit jamais plus possible de faire appel à l'obéissance à fin de détruire l'obéissance : il est tout de même consternant d'avoir à constater que dans nombre de paroisses, des clercs et des laïcs puissent tenir des discours qui vont à l'encontre de ce qu'enseigne l'Eglise et n'aient pratiquement jamais à en rendre compte ou à en supporter les conséquences."

Ce manque de réaction viole la liberté religieuse des catholiques.

"Alors que dans le même temps, des catholiques qui ne font que défendre de façon légitime cet enseignement se voient contraint de justifier leur position tout en étant soumis à l'affront supplémentaire d'une suspicion malsaine relative à leurs intentions, à la réalité de leur conviction, à leur bonne foi, quand ce n'est pas à leur catholicité !"



Sous réserve de la formule "faire en sorte qu'il ne soit jamais plus possible de faire appel à l'obéissance afin de détruire l'obéissance." que je formulerais plutôt "Faire en sorte qu'il ne soit jamais plus possible de faire appel à l'obéissance afin de piétiner les droits de l'homme.",  je suis d'accord avec cette observation.

Je pense en particulier au cardinal André Vingt-Trois, à l'abbé de la Morandais et à Mgr d'Ornellas, à monsieur Nicolas Sénèze, à l'abbé Grosjean, à monsieur de Guillebon, qui insultaient les manifestants qui, à l'automne 2011, se battaient pour la liberté religieuse et la liberté d'expression. Les plus extrémistes mettaient en doute la foi de leurs leaders !

Je pense aussi que le règne de Paul VI a été calamiteux pour les droits de l'homme dans l'Eglise (alors que c'est lui qui a fait observer que les droits de l'homme s'imposaient aussi aux autorités religieuses légitimes(1). Il a violé massivement les droits à la liberté religieuse, à la culture, des catholiques, il se déchaînait contre les droits culturels des peuples chrétiens, il laissait des pédophiles comme Françoise Dolto faire des conférences à Rome, en milieu catholique, sans protester, il laissait le clergé traiter les catholiques libres à coups de pieds (il paraît qu'il y a eu des coups de pieds contre ceux qui s'agenouillaient pour la communion), il a laissé les catholiques qui revendiquaient leurs droits se faire insulter ("schismatiques", "hérétiques", "luthériens", "hypocrites", "pharisiens", "chiens", "fascistes", "tortionnaires" etc). Il accomplissait en même temps une œuvre doctrinale très juste par ses encycliques et autorisait l'édition d'un nouveau missel qui n'a pas que des mauvais côtés. C'est le drame des intellectuels : ils ont raison, cela les aveugle sur d'autres pans de la réalité.

Les scandales doivent arriver, c'est nécessaire (Je n'aurais jamais osé le dire, si le Seigneur lui-même ne l'avait enseigné Mt 18,7), mais, en tant que catholique, m'unissant à don Bux, j'adjure les lefebvristes de ne pas se laisser scandaliser, de se soumettre à la seule autorité doctrinale et disciplinaire religieuse au monde qui parle au nom de Dieu : celle du Pape.

Le Pape les a avertis, leur refus aura des conséquences incalculables à commencer, je pense, sur leurs saluts éternels.

1)
"Dans le désir de se convertir pleinement à son Seigneur et de mieux accomplir son ministère, l’Eglise entend manifester respect et souci des droits de l’homme à l’intérieur d’elle-même. Et l’Eglise a aussi acquis une conscience renouvelée de la place de la justice dans son ministère. Les progrès déjà réalisés en ce sens nous encouragent à poursuivre notre effort pour nous conformer sans cesse davantage à la volonté du Seigneur.

L’Eglise sait d’expérience que le ministère de la promotion des droits de l’homme dans le monde l’oblige à un constant examen et à une incessante purification de sa propre vie, de sa législation, de ses institutions, de ses plans d’action. Le Synode de 1971 disait : « Quiconque ose parler aux hommes de justice doit d’abord être juste à leurs yeux ». Conscients de nos propres limitations, de nos déficiences et de nos échecs, nous pouvons mieux comprendre les manques des autres, institutions aussi bien que personnes. Dans l’Eglise comme dans les autres institutions ou groupements, il faut travailler à purifier les modes d’agir, les procédures ; il faut purifier aussi les relations que l’on peut avoir avec des structures et systèmes sociaux fauteurs de violations des droits de l’homme qui doivent être dénoncées."

http://www.clerus.org/clerus/dati/2002-06/06-6/Ens_P6_74_02.htm


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