25.4.11

Diuturnum illud et la Déclaration universelle des droits de l'homme

Il semble exister une opposition frontale entre l'encyclique de Léon XIII "Diuturnum illud" sur l'origine du pouvoir et la "Déclaration universelle des droits de l'homme" de 1948.

En effet, l'encyclique enseigne que tout pouvoir vient de Dieu parce que tous les hommes sont égaux et qu'aucun n'a de titre à gouverner les autres si ce n'est par Dieu.

" C'est par moi que règnent les rois, par moi que les souverains commandent, que les arbitres des peuples rendent la justice (1)." cite l'encyclique (Prov 8,15-16)

Or la "Déclaration" dans son article 21.3 semble contredire frontalement cette assertion :

« La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s'exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote. »

D’une part, on peut observer que, en vertu de la Déclaration de 1948, la volonté du peuple ne peut être arbitraire puisque l’article 30 de la même déclaration dispose qu’aucun article de cette déclaration ne peut être interprété pour opérer la « destruction » d’aucun droit de l’homme ou liberté énoncés dans la déclaration.

D’où il suit que la volonté du peuple ne peut être arbitraire, mais doit protéger les droits de l’homme et les libertés, les droits de l'homme sont antérieurs et ne peut violer les droits de l'homme et ne peut exercer sa volonté que dans le respect des droits de l'homme.

Donc, selon les deux textes (Proverbes et Déclaration), c’est la justice qui fonde le pouvoir, jamais l’arbitraire. Ils se concilient déjà en cela.

D’autre part, du moment que ni la volonté du peuple, ni celles des gouvernants n’est arbitraire, il n’est pas interdit de voir dans la désignation des gouvernants par des élections une simple procédure de désignation des autorités qui doivent être religieusement obéies dans la mesure de leurs respect des droits de l'homme, obéies par tous, quelles que soient leurs croyances. D’ailleurs la doctrine chrétienne sur le pouvoir enseigne en même temps l’égalité fondamentale des êtres humains et l'encyclique "Diuturnum" ne manque pas d'insister :

« Or, il n'est pas un homme qui ait en soi ou de soi ce qu'il faut pour enchaîner par un lien de conscience le libre vouloir de ses semblables. Dieu seul, en tant que créateur et législateur universel, possède une telle puissance; ceux qui l'exercent ont besoin de la recevoir de lui et de l'exercer en son nom. " Il n'y a qu'un seul législateur et un seul juge qui puisse condamner et absoudre (10)." »

L’encyclique cite aussi saint Augustin :

" N'accordons à personne, dit saint Augustin, le droit de donner la souveraineté et l'empire, sinon au seul vrai Dieu (7)."

D’où il suit que personne n’a de pouvoir sur un autre. Tous les hommes sont égaux. Seul Dieu peut déléguer ce pouvoir dans les conditions déjà vues et toute autorité ne peut émaner que de Dieu.

C’est pourquoi, l’encyclique semble supérieure à la Déclaration, pourtant très juste sur beaucoup de points. En effet, la volonté du peuple n’a pas la force suffisante pour lier la conscience de quiconque, parce que nous sommes tous égaux. Autrement dit, faire résider en la volonté des hommes (seraient-il majoritaires) la force de l'autorité, est contraire à l’égalité fondamentale des êtres humains. Pour obliger en conscience (la conscience, qui est jugement moral ici et maintenant, est la seule instance souveraine), ceux qui ne veulent pas s’y soumettre, il n'y a que la volonté de Dieu. La volonté de Dieu et non de la majorité est le fondement de l'autorité et de l'obéissance.

Il existe une contradiction dans la Déclaration entre l'égalité théorique proclamée notamment dans l'article 1er et l'autorité déléguée par mandat populaire.

Cette contradiction ne pourra être liquidée que par l'invocation de Dieu, auteur de la société, fondant, selon saint Augustin cité par Pie VI, la convention actuelle (et non originelle) de l'obéissance aux autorités. Cette convention générale entre égaux, fondée sur les nécessités humaines satisfaites uniquement par la société, nous découvre la volonté de Dieu, seul fondement originel de l'existence de la société et le seul fondement possible de l'autorité (car sinon on institue une inégalité entre les êtres humains).

En définitive, sans l'autorité de Dieu aucune société ne peut exister, or sans la société, l'homme ne peut ni se développer, ni même exister. Vivre avec Dieu ou mourir avec les hommes sans Dieu, il faudra bien choisir.

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