11.7.14

La liberté est-elle le droit de dire et faire n'importe quoi qui ne nuise pas à autrui ?

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 aoput 1789 dispose que:

Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi. »

Or Pie XII enseigne qu'il existe un droit de faire le mal. Par exemple, il existe un droit à avoir des relations sexuelles hors mariage. Il y a un droit à mentir (sous certaines réserves), il y a un droit à manger excessivement. Il existe donc un droit de nuire à autrui (sous certaines conditions). Car les relations sexuelles hors mariage ont le plus souvent des conséquences psychologiques mauvaises. Mentir pour plaisanter cause un dommage à celui que l'on trompe. Manger excessivement nuit à la santé personnelle, mais encore nuit à ceux qui n'ont pas à manger. La répression de ces actions est réservée à Dieu. Il existe aussi un droit de la femme à ne pas obéir à son mari (voir mon post). La société ne peut les réprimer ni même simplement les interdire.

En outre, la définition de la liberté de 1789 ne distingue pas les domaines dans lesquels la liberté peut s'exercer. Car par exemple y a la liberté psychologique. Il y a la liberté juridique. Dans la liberté juridique, il y a par exemple la liberté limitée par les lois civiles, la liberté limitée par les lois répressives.

Car la liberté du point de vue métaphysique est constituée de trois éléments: 1) la possibilité de choix (élément positif) 2) L'absence de coercition (élément exclusif) 3) les moyens d'exercer la liberté (condition sans laquelle l'élément 1 reste virtuel anéantissant en pratique la liberté). (Voir mon post sur ce sujet inspiré par le cardinal Bertone)

Les rédacteurs de la Déclaration sentirent probablement que leur définition purement négative de la liberté excluait une norme sociale valable. C'est pourquoi il ajoutèrent que la loi seule pouvait déterminer des bornes à la liberté. En conséquence on peut dire que la première partie de l'article est une règle objective rationnelle pour la rédaction des lois, mettant des bornes finalement arbitraires à l'intervention du droit dans le domaine de la liberté humaine.

Car l'absence d'élément positif dans la définition de la liberté conduit à faire de l'arbitraire l'élément fondamental de la liberté, arbitraire limité uniquement par l'existence des autres. Alors que l'existence des autres est un appel à la fraternité et non une barrière à notre liberté. Alors que la liberté de l'homme est avant tout la liberté d'un être raisonnable fait pour la vérité. La vérité de l'homme est qu'il est  pour la vérité et pour les autres.

D'ailleurs cette définition de la liberté par la Déclaration de 1789 n'est pas cohérente avec le dernier terme de la devise républicaine: fraternité. Car nous ne devons non seulement pas nuire au prochain (élément que le droit ne peut appréhender que partiellement), mais encore "agir dans un esprit de fraternité" (Déclaration universelle de 1948 article 1er). Car non seulement nous ne devons pas nuire (mais juridiquement dans une certaine limite seulement, car il existe juridiquement un droit, limité mais réel, de nuire), mais encore positivement nous devons agir dans un esprit de fraternité, ce que la loi, bien qu'il s'agisse ici de foi judéo-chrétienne et non de raison,  peut appréhender sous certaines conditions et dans une certaine mesure. Donc la liberté est encore moins la liberté de faire n'importe quoi car spirituellement, moralement et, dans une certaine mesure, juridiquement nous devons agir fraternellement et gratuitement pour les autres.

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