Cependant, je me suis détaché de ce penseur en m'apercevant qu'il poursuivait d'une rancoeur incompréhensible la hiérarchie ecclésiastique et qu'il était marqué par son maurassisme et donc par l'idéalime kantien de Maurras.
Une des thèses de Monsieur Madiran, c'est que Paul VI et ses amis auraient été des sortes de collaborateurs du communisme. Il vient d'éditer un livre intitulé "L'Accord de Metz". Dans ce livre il s'acharne à vouloir prouver qu'il existait un accord, semi-secret entre l'Eglise et les autorités soviétiques, accord aux termes duquel l'Eglise prenait l'engagement de ne pas attaquer le communisme lors du concile Vatican II alors en préparation.
Or, s'il est vrai que le Concile Vatican II n'a pas parlé officiellement du communisme, il n'a pas plus parlé du libéralisme, du marxisme, de la social-démocratie, du fascisme ou du nazisme (pardonnez-moi si j'en oublie...), il a parlé en revanche de la liberté religieuse.
A cette époque (environ 1961) l'union soviétique est sous l'empire de la constitution de Staline du 10 décembre 1936.
A propos de la liberté religieuse, la constitution dit
"La liberté de pratiquer les cultes religieux et la liberté de la propagande antireligieuses sont reconnues à tous les citoyens. "
(Article 124)
J'ai pris cette ciatation sur le site :http://www.encyclopedie-marxiste.com/cours_socialismeetcommunisme.htm
Ce site, destiné à la formation des cadres communistes, prétend que cette constitution garantit la "liberté religieuse". Or le terme n'apparaît pas dans cette constitution.
Afin de juger cet article 124 de la constitution soviétique de 1936, le mieux est de donner la définition que donne Dignitatis Humanae, de la liberté religieuse.
Texte pris du site jesusmarie.com
"2. [Objet et fondement de la liberté religieuse]
Le Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part soit des individus, soit des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu'en matière religieuse nul ne soit forcé d'agir contre sa conscience, ni empêché d'agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d'autres. Il déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l'a fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même (2). Ce droit de la personne humaine à la liberté religieuse dans l'ordre juridique de la société doit être reconnu de telle manière qu'il constitue un droit civil.
En vertu de leur dignité tous les hommes, parce qu'ils sont des personnes, c'est-à-dire doués de raison et de volonté libre, et par suite, pourvus d'une responsabilité personnelle, sont pressés par leur nature même et tenus par obligation morale à chercher la vérité, celle tout d'abord qui concerne la religion. Ils sont tenus aussi à adhérer à la vérité dès qu'ils la connaissent et à régler toute leur vie selon les exigences de cette vérité. Or, à cette obligation les hommes ne peuvent satisfaire, d'une manière conforme à leur propre nature, que s'ils jouissent, outre la liberté psychologique, de l'immunité à l'égard de toute contrainte extérieure. Ce n'est donc pas dans une disposition subjective de la personne mais dans sa nature même qu'est fondé le droit à la liberté religieuse. C'est pourquoi le droit à cette immunité persiste en ceux-là même qui ne satisfont pas à l'obligation de chercher la vérité et d'y adhérer; son exercice ne peut être entravé dès lors que demeure sauf un ordre public juste."
Or reconnaître la liberté de propagande "anti-religieuse" va déjà directement contre la liberté religieuse puisqu'il s'agit d'agresser les croyants. Encore aurait-on dit "la propagande athée ou agnostique", cela aurait été tolérable, et à condition que cette propagande reste dans de justes limites et notamment qu'elle ne soit pas une intimidation ou une persécution.
La liberté religieuse n'est donc pas reconnue en URSS lors de la préparation du concile Vatican II. L'action de Paul VI (qui n'était absolument pas communiste contrairement à ce qu'insinue Madiran) a préparé la mise en oeuvre réelle de la liberté religieuse, qui dès 1975 (dix ans après le concile) est reconnue dans les accords d'Helsinky signés par l'URSS.
Les écrits de Monsieur Madiran ont donc, sur ce point l'effet inverse de celui recherché : en discréditant la hiérarchie ecclésiastique, ils affaiblissent la lutte pour la religion et pour la liberté humaine. Ils jettent injustement le discrédit sur l'Eglise et entraînent de nombreuses âmes dans l'erreur de ceux qui condamnent la liberté religieuse sans en comprendre le concept ; lequel concept est indissosiable de la doctrine sociale catholique. Selon moi, il a fait naufrage dans la foi, celui qui ne reconnaît pas la liberté religieuse, fondée sur la dignité de la nature humaine.
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