Sur le blog de l’abbé Laguérie voici comment il parle à ceux qui veulent participer à son blog
« Quant à la Vérité, Elle ne fait pas l’objet de plus ou de moins. On L’aime et on La défend, ou bien on La trafique et on La déteste... »
Pour lui, il n’y a pas de « plus » ou de « moins » dans la vérité. Si ce blogueur n’est pas volontairement obscur, il veut bien dire que la vérité est une et indivisible et qu’il fait partie de ceux qui l’aiment et la défendent et qu’auront à faire à lui ceux qui la trafiquent ou la détestent.
C’est un peu à rapprocher de l’idée de Madiran selon laquelle les juristes sont ceux qui traduisent dans les lois, les jugements et le consultations le détail de la seule et unique loi naturelle.
En réalité, nous ne sommes pas capables d’arriver seuls à la vérité entière, en revanche, tous et chacun nous disons tous à un moment ou à un autre une vérité.
« Intimement convaincu que « omne verum a quocumque dicatur a Spiritu Sancto est » (« toute vérité dite par qui que ce soit vient de l'Esprit Saint »), saint Thomas aima la vérité de manière désintéressée.»
Fides et Ratio de Jean-Paul II
Tout homme est donc parfois inspiré de l’Esprit Saint. Cela fonde le dialogue entre personnes de bonne foi qui recherchent la vérité.
Mais si tout homme est inspiré, il est mieux inspiré quand il réfléchit en société par le dialogue et par l’étude (des auteurs contemporains et du passé). C'est ce que dit le regretté Jean-Paul II :
« C'est précisément en fonction de cette constatation que, de même que j'ai redit le devoir pour la théologie de reprendre son rapport authentique avec la philosophie, je crois devoir insister sur la convenance pour la philosophie de retrouver sa relation avec la théologie, en vue du bien et du progrès de la pensée. La philosophie trouvera dans la théologie non pas une réflexion individuelle qui, même si elle est profonde et riche, comporte toujours les limites de perspectives caractéristiques de la pensée d'une seule personne, mais la richesse d'une réflexion commune. »
Fides et ratio 101 Du 14 septembre 1998
C'est la réflexion commune qui élargit les limites de la vérité.
L'homme en effet est libre et en raison de sa créativité, il peut construire une vérité humaine.
Vérité et liberté :
« Il y a sans doute des domaines dans lesquels l’homme peut et doit exercer une certaine « créativité » : il peut construire des systèmes, réaliser des structures physiques et même modifier le cours des réalités de la nature. Mais cette « créativité » n’est pas absolue parce que, pour être légitime, elle doit respecter le sens propre à chacun des êtres et doit soumettre ses réalisations aux impératifs de sa propre nature, aux exigences éthiques de l’homme qui sont une part incontournable de la « vérité essentielle » de chaque personne. »
http://revue-kephas.org/06/3/Medina13-31.html
Cardinal Jorge A. Medina Estevez (cardinal chilien, langue originale : espagnol)
C’est pourquoi en raison de la liberté humaine qui permet à la société de choisir entre plusieurs dispositions notamment législatives également licites, il est entièrement faux de prétendre que le droit positif serait toujours tiré du droit naturel. Bien mieux, c’est le droit naturel qui, constatant la nature sociale de l’homme, rend obligatoire les lois postives nécessairement arbitraires et les injonctions de l’autorité, même civile.
Ces dispositions du droit positif dépendent du libre-arbitre de l’homme. Elles sont comme telles arbitraires et obligatoires en conscience.
Un autre corrolaire de ce principe, c’est que les discussions de lege ferenda (de la loi à établir) sont encore plus libres, puisqu’il s’agit de discuter d’une future loi.
« Une approche fidèle de la vérité inclut l’intérêt de se placer dans les différentes perspectives qui, additionnées de manière conceptuelle, permettent d’apprécier l’ensemble de la réalité dont on tente d’appréhender la vérité. Se limiter à un seul angle de perception expose au risque d’avoir une vision partielle, et même incomplète et déformée, de la réalité. D’où l’importance d’un dialogue sapiential qui permet l’échange de points de vue dans le but de compléter sa propre perception, de la corriger, voire même de découvrir qu’elle peut être, bien involontairement, erronée. »
Ibidem
Il est donc nécessaire à l’homme de chercher la vérité collectivement.
C’est pourquoi toute secte, qui se retranchant de la société des hommes en prétendant détenir à elle seule la vérité, opprime en réalité ladite vérité. Qu’en est-il alors de l’homme qui prétend la détenir toute entière, à lui tout seul ?
C'est pourquoi, je trouve Internet un instrument extraordinaire de recherche de la vérité. Il permet une confrontation des opinions, une documentation facile et bon marché comme aucun média ne l'avait permis. Moi qui ai cinquante huit ans, je regrette qu'il n'ait pas existé du temps de ma jeunesse...
Car si la recherche de la vérité est collective, il n'en reste pas moins que la pensée ne peut qu'être individuelle, puisque ce n'est que par l'analogie que nous savons la vérité psychologique, la conscience de cerner la réalité ne peut être qu'individuelle.
2 commentaires:
Le risque qu'il y a à raisonner seul est évident; la folie est au bout de ce chemin. La pensée individuelle est effectivement précieuse, en ce sens qu'elle initie en chacun de nous un processus qui, à l'état naturel, tend vers le mieux. Mais l'addition de plusieurs pensées devient un outil d'une puissance formidable, un peu comme des ordinateurs en réseau!
Combien de fois nous est-il arrivé d'être ébranlés dans nos convictions par un discours plein de bon sens?
Bien d'accord seb.
C'est pourquoi l'idée de vouloir "marquer son époque" est un piège. Il vaut mieux aimer les esprits de son époque.
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