21.2.16

Schisme capital ou schisme lefebvriste ?

Saint Jean-Paul II accusait Mgr Lefebvre d'avoir posé en 1988 un "acte schismatique".

Dans son Ecclesia Dei afflicta du 2 juillet 1988, il enseignait:

« (...) 
Les circonstances particulières, objectives et subjectives, qui entourent l'acte accompli par Mgr. Lefebvre offrent à tous l'occasion d'une réflexion profonde et d'un engagement renouvelé de fidélité au Christ et à son Eglise.
3. En lui-même, cet acte a été une désobéissance au Souverain Pontife en une matière très grave et d'une importance capitale pour l'unité de l'Eglise, puisqu'il s'agit de l'ordination d'évêqes (sic) par laquelle se perpétue sacramentellement la succession apostolique. C'est pourquoi une telle désobéissance, qui constitute (sic) en elle-même un véritable refus de la primauté de l'évêque de Rome, constitue un acte schismatique (Cf. Code de droit canon, canon 751).
(...) »

Le texte principalement destiné à des français est écrit avec beaucoup de négligence. Une sorte crachat du siège apostolique à la figure des Français lefebvristes.

Mgr Guérard des Lauriers, quant à lui, accusait Paul VI d'être en état de "schisme capital" (entendre: quand la tête qu'est le vicaire se sépare du tronc ou quand la tête actuelle se sépare et condamne ses prédecesseurs).

Le changement de tous les rituels est une condamnation implicite des pratiques immémoriales de l'Église. Par exemple, même si, selon le Vatican, dans le nouveau rituel du baptême, les exorcismes n'ont pas disparu, il n'en reste pas moins que, devenant déprécatif (supplication adressée à Dieu), il a éliminé les apostrophes impératives adressées au diable.

Finalement le Vatican après avoir menacé implicitement de l'enfer comme désobéissants ceux qui conservaient les rituels anciens, est revenu sur ses affirmations aventureuses (ou les affirmations qu'il laissait proférer) et le motu proprio Summorum pontificum en est venu à constater qu'il n'était pas au pouvoir du pape d'interdire les anciens rituels. Cela laisse perplexe... sur l'honnêteté du nouveau Vatican, surtout depuis que le rusé et saint Jean XXIII (qui se permit de changer le canon de la messe sous un rusé prétexte de dévotion à saint Joseph en laissant entendre que ce changement était "obligatoire") a presque subrepticement changé le canon.

Il n'est pas au pouvoir du pape de changer les rites et, sur ce sujet, de rendre ses idées obligatoires, d'autant que Pie XI déclarait, dans Divini illius magistri que les rites sont "éducatifs", donc valables:

« Ce milieu éducateur de l'Eglise ne s'entend pas seulement de ses sacrements divinement institués pour donner la grâce, de ses rites tous merveilleusement éducatifs ni même de l'enceinte matérielle du temple chrétien, lui aussi si admirablement formateur par le langage de sa liturgie et de son art, »
À moins qu'il soit au pouvoir d'un pape de déclarer que l'enseignement d'un pape précédent n'est pas bon...

En outre, il faudra bien qu'un jour on nous explique comment concilier ces faits du changement depuis au moins Jean XXIII jusqu'à aujourd'hui avec l'unité de l'Église dans le temps.

L’Église est une et pourtant depuis le règne de Paul VI l’Église semble condamner l’Église. Par exemple, elle condamne un missel édité par un pape.

Il y en a même, des théologiens catholiques du XXe siècle qui ont condamné doctrinalement les prières éditées par saint Pie V !

Par exemple ici où l'on menace les fidèles de désobéissance au pape:

« Les formules employées s’appliquent à un sacrifice, elle parlent d’hostie immaculée, de calice du salut, de sacrifice, etc. Or, l’hostie immaculée, c’est Jésus, ce n’est pas le pain que nous présentons sur l’autel en vue du sacrifice. »

Le théologien qui a rédigé ce texte en invoquant "l'obligation d'obéir au pape", se permet de tourner en dérision le missel édité par saint Pie V. J'ai vécu ces événements abominables et absurdes.

N'oublions pas que Benoît XVI se permet dans son motu proprio du 7/7/7 d'affirmer que la nouvelle messe fut adoptée "volontiers" par le peuple, alors que le peuple, avec la complicité du bienheureux Paul VI, était implicitement menacé de l'enfer.

Pour en revenir au texte ci-dessus, il est imprudent critiquer un texte comme s’il avait été écrit pas un demeuré, surtout si un pape l’a édité et que des générations et des générations de théologiens n’y ont pas vu malice. Il faudrait croire qu’au XXe siècle un théologien favorable à Paul VI découvre l’évidence… du caractère idiot de la prière éditée par saint Pie V.

Cette critique découvre que des théologiens méprisaient les prières éditées par saint Pie V et, qu'à la différence du peuple, ils furent enthousiastes des prières de Paul VI.

Ne parlons pas de l’architecture, de la décoration des églises, de l’orientation des autels qui semblent condamner la pratique immémoriale ou en tous cas très ancienne de l’Église et des papes.

Alors l’Église est-elle unique dans le temps ? Ou y a-t-il eu schisme montinien ? Y a-t-il deux Églises se succédant ?

Il faudra tout de même répondre à cette question un jour. On ne s’en tirera pas en faisant des comparaisons en disant par exemple: de même que saint Pie V… de même le bienheureux Paul VI…, car les prières et la liturgie approuvées par un pape sont inerrantes et autorisent en conséquence les fidèles à les prononcer et à les vivre à perpétuité. D’autre part, saint Pie V fut historiquement le premier pape éditeur et, dans cet acte d’édition, il engageait son infaillibilité valable, hier, aujourd’hui et demain.

Ni le Saint-Siège, ni les papes depuis au moins le bienheureux Paul VI n'ont daigné aborder cette question. Ils ont accusé Mgr Lefebvre de schisme, mais ne sont-ils pas en état de schisme capital en leur condamnation, au moins implicite, des rites pré-conciliaires ?

Je suis d'autant plus intéressé à cette affaire que les exigences injustes, voire abominables, du bienheureux Paul VI ont eu de très graves répercutions sur ma vie.

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