Monsieur Daoudal est très critique à l'égard de la pensée du pape François. Voici comment il commente un des discours du pape :
« Lors de sa dernière audience, mercredi, le pape, à sa façon de bateleur de foire, a fait répéter deux fois à la foule : « Qui fait preuve de miséricorde ne craint pas la mort ».
La réalité est que la vie est tragique – il ne sert à rien non plus de jouer les ravis en permanence quand on est en représentation – parce que la mort est tragique. Elle est tragique aussi pour le chrétien, malgré la foi et l’espérance. Parce qu’elle est CONTRE NATURE. L’homme n’a pas été créé pour la mort, mais pour la vie. La mort détruit le composé humain. Et quelle que soit la foi et l’espérance du mourant, elle est un saut dans l’inconnu.
(…)
Ce n’est pas pour rien, ce n’est pas pour rire, que la Salutation mariale nous faire dire « Priez pour nous (…) à l’heure de notre mort ». Ce n’est pas pour rien, ce n’est pas pour rire, que le chapelet nous fait demander 50 fois, et même 53 fois, à Notre Dame, de prier pour nous à l’heure de notre mort.
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Et cet homme qui était Dieu, qui était la Miséricorde en personne, n'a-t-il pas eu peur de la mort ?
Cor Jesu in agonia factum, miserere morientium. »
Voici ce que j'ai répondu, tentant de concilier le point de vue du Pape et le commentaire de monsieur Daoudal :
"18. Le mystère de la mort1. C’est en face de la mort que l’énigme de la condition humaine atteint son sommet. L’homme n’est pas seulement tourmenté par la souffrance et la déchéance progressive de son corps, mais plus encore, par la peur d’une destruction définitive. Et c’est par une inspiration juste de son cœur qu’il rejette et refuse cette ruine totale et ce définitif échec de sa personne. Le germe d’éternité qu’il porte en lui, irréductible à la seule matière, s’insurge contre la mort. Toutes les tentatives de la technique, si utiles qu’elles soient, sont impuissantes à calmer son anxiété : car le prolongement de la vie que la biologie procure ne peut satisfaire ce désir d’une vie ultérieure, invinciblement ancré dans son cœur.2. Mais si toute imagination ici défaille, l’Église, instruite par la Révélation divine, affirme que Dieu a créé l’homme en vue d’une fin bienheureuse, au-delà des misères du temps présent. De plus, la foi chrétienne enseigne que cette mort corporelle, à laquelle l’homme aurait été soustrait s’il n’avait pas péché [21], sera un jour vaincue, lorsque le salut, perdu par la faute de l’homme, lui sera rendu par son tout-puissant et miséricordieux Sauveur. Car Dieu a appelé et appelle l’homme à adhérer à lui de tout son être, dans la communion éternelle d’une vie divine inaltérable. Cette victoire, le Christ l’a acquise en ressuscitant [22], libérant l’homme de la mort par sa propre mort. À partir des titres sérieux qu’elle offre à l’examen de tout homme, la foi est ainsi en mesure de répondre à son interrogation angoissée sur son propre avenir. Elle nous offre en même temps la possibilité d’une communion dans le Christ avec nos frères bien-aimés qui sont déjà morts, en nous donnant l’espérance qu’ils ont trouvé près de Dieu la véritable vie."
Les jésuites sont de grands optimistes. Vous ne comprendrez jamais rien à l'optimisme jésuite. Il est cependant vrai que nous aspirons tous à une autre vie, libérée des angoisses, des douleurs et des misères du temps présent.
Cela dit, des saints qui sont morts deux fois, comme saint Lazare ou d'autres, n'ont pas laissé de mode d'emploi de la mort. Sans doute parce qu'ils ont jugé que nous avions tout ce qu'il nous fallait dans la loi et les prophètes et les évangiles, donc qu'il n'y avait pas besoin de mode d'emploi de la mort, car nous l'avions déjà.
Autre anecdote : saint Ignace de Loyola avait failli mourir. Au moment de son "agonie", il eut l'idée qu'il était un juste. Revenu à la santé, il en conclut que s'il avait trépassé dans cet état d'esprit, il était damné. C'est pourquoi, il demandait que, si on le voyait mourir, on lui crie dans les oreilles "pécheur, pécheur". "Nous sommes pécheurs, mais nous sommes tes enfants." Donc, qui croit en la miséricorde ne craint pas (trop) la mort, tout en confessant que la mort est tragique.
Voici ma façon de concilier les deux vérités ?
Et voici la fin de la prière des agonisants :
« Dieu bon, Dieu clément, Dieu qui, selon la multitude de Vos miséricordes, pardonnez au repentir, et qui, par la grâce d'une rémission entière, effacez les traces de nos crimes passés, jetez un regard favorable sur Votre serviteur N***, recevez l'humble aveu qu'il Vous fait de ses fautes, et accordez-lui le pardon de tous ses péchés.
O Père ! dont la miséricorde est infinie, réparez en lui tout ce qui a été gâté par la fragilité humaine, tout ce que a été flétri par la malice du démon; réunissez-le pour toujours au corps de l'Église, comme un membre sauvé par Jésus-Christ.
Ayez pitié de ses gémissements, Seigneur; soyez touché de ses larmes; et, puisque toute confiance est dans Votre miséricorde, daignez l'admettre à la grâce de la parfaite réconciliation. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur. † »Le pape a conclu :
« Puis le Pape a affirmé, en le faisant répéter à la foule "pour ne pas l'oublier" : "Qui fait preuve de miséricorde ne craint pas la mort". "Et pourquoi ne craint-il pas la mort ? Parce qu’il la regarde en face, et la dépasse avec l’amour de Jésus-Christ", a-t-il poursuivi.
"Si nous ouvrons la porte de notre cœur à nos frères plus petits, a conclu le Pape François, alors notre cœur deviendra un porte qui ouvrira sur le Ciel, où demeurer pour toujours avec Dieu notre père, avec Jésus, avec la Vierge et tous les saints".