19.1.13

Confettis d'autobiographie sur le parcours de la Durance



Récit autobiographique esthétique et psychologique :

Mes parents ont toujours eu le goût des vacances du côté des sources de la Durance. Il ne se passait pas un été sans que la famille fasse le voyage de Marseille vers soit la Vallouise, soit l'Italie des Vallées cédées, soit le Montgenèvre, d'où jaillissent les sources de la Durance. Je dois connaître le village de Savines le lac depuis avant que je puisse le connaître, car je devais le traverser bébé.  Je suis donc passé dans ce village au moins une fois par an de 1949 à 1959 soit au moins dix fois. Je n'en ai pratiquement aucun souvenir datant d'avant sa destruction. J'y passais dans la voiture, mais, on ne s'y arrêtait pas.
Le 1er avril 1960, le barrage de Serres-Ponçon est mis en eau. Le village de Savines qui était construit au long de la Durance est détruit, puis englouti sous les eaux de la retenu artificielle (et non d'un lac !).

Il est reconstruit à flanc de montagne car rien de subsiste de l'ancien village, pas même l'église, aucune maison. Je passais dans le nouveau village devenu "Savines-le-Lac" à partir d'environ 10 ans au moins une fois pas an. A partir de ce moment, j'en ai un souvenir. Le long pont qui traverse la retenue à Savines, la nouvelle gare, le nouveau village entièrement en béton, la nouvelle église... Je trouvais l'église (neuve à l'époque), merveilleuse. Je trouvais qu'elle avait un élan vers le ciel, sans rupture, le clocher se trouvant dans le prolongement de la nef. Je trouvais cela génial, remarquable. Aujourd'hui j'y passe encore, l'église est la même. Mais mon goût a changé.

D'ailleurs, il en est de même pour un bâtiment EDF, situé environ 150 en aval, près de Jouques (toujours le parcours de la Durance exploitée pour l'énergie hydro-électrique, les deux bâtiments sont de la même époque). Je trouvais que ce bâtiment qui semble être un poste de commandes du barrage sous-terrain avait un aspect futuriste, très séduisant. Le poste est juché sur ce que l'on pourrait appeler quatre pates hautes de 15 mètres. Elles s'évasent vers le haut... Aujourd'hui, mon goût a changé. Je ne suis plus le petit garçon naïf que j'étais. Le poste de commandes du barrage est devenu pour mois très démodé.

Pour rien au monde, je ne voudrais pourtant la destruction de ces humbles bâtiments.

Nos état d'âmes changent d'un moment à l'autre. Chacune de nos âmes est comme une mer où les vagues apparaissent et disparaissent, sans suite et sans que nous puissions en reconstituer les mouvements, si l'on en croit Bossuet. Pourtant, le garçon qui admirait ces ouvrages est le même que la personne presque âgée.

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