« Un jour Jésus dit à quelqu’un : « ‘Suis-moi’. Celui-ci dit : ‘Permets-moi de m'en aller d'abord enterrer mon père’. Mais Jésus réplique : ‘Laisse les morts enterrer leurs morts ; pour toi, va-t-en annoncer le Royaume de Dieu’ » (Lc 9, 59 s.). Ciel, ouvre-toi ! Certains critiques se déchaînent ici. Il s’agit d’une demande scandaleuse, une désobéissance à Dieu qui ordonne de prendre soin des parents, une violation éclatante des devoirs filiaux !
Le scandale de ces critiques est pour nous une preuve précieuse. Il est impossible d’expliquer certaines paroles du Christ tant qu’on le considère simplement comme un homme, même en reconnaissant qu’il est exceptionnel. Seul Dieu peut demander qu’on l’aime davantage que son propre père et que, pour le suivre, on renonce par conséquent à assister à sa sépulture. D’ailleurs, dans une perspective de foi comme celle du Christ, qu’est-ce qui faisait davantage plaisir au père défunt : que son fils soit à la maison à ce moment-là à enterrer son corps ou qu’il soit en train de suivre l’envoyé de ce Dieu auquel son âme devait maintenant se présenter ?
Mais dans ce cas, l’explication est peut-être encore plus simple. On sait que l’expression : « Permets-moi de m'en aller d'abord enterrer mon père » était parfois utilisée (comme elle l’est encore) pour dire : laisse-moi aller prendre soin de mon père tant qu’il est vivant ; lorsqu’il sera mort, je l’enterrerai puis je te suivrai ». Jésus demanderait par conséquent seulement de ne pas renvoyer à un moment indéterminé la réponse à son appel. (…) »
http://www.zenit.org/article-15013?l=french
C’est une explication du P. Cantalamessa.
L’explication la plus vraisemblable est en effet celle-là : « laisse-moi enterrer mon père » signifiait « laisse-moi vivre avec mon père jusqu’à sa mort. » Et non comme on l’imagine, mon père est mort, laisse-moi le temps d’organiser son enterrement. La réponse de Jésus serait alors extrêmement choquante.
Les évangiles fourmillent d’expression qui ne nous sont plus compréhensible en raison de l’éloignement dans le temps et dans la culture. Jésus est en effet Juif, il a baigné dans cette ambiance culturelle particulière. Des expressions familières qui l’étaient pour tous alors deviennent pour nous des énigmes, et plut à Dieu qu’elles ne deviennent pas des scandales (des motifs d’abandon de la foi, ou de manque de charité envers nos parents par exemple)
Pour faire une comparaison, c’est un peu comme dans plusieurs siècles voire millénaires, notre civilisation ayant disparu ou ayant profondément changé, nos descendants lisaient « tirer le diable par la queue » et voudraient lui donner un sens en réfléchissant au sens immédiat de l’expression.
Il leur faudra des savants collationnant plusieurs textes pour restituer le vrai sens de l’expression. C’est pourquoi le magistère vivant de l’Église nous est nécessaire et nous est une garantie. Car « la lettre tue, mais l’esprit vivifie » dit saint Paul 2 Cor. III, 6
5 commentaires:
Très intéressant sujet. Ne faudrait-il pas adapter la Bible et les Evangiles à la manière de s'exprimer de l'époque moderne ? Existe-t-il des livres qui traitent de ces différentes possibilités d'interprétation ?
Chère Marie,
Oui, nous lisons la bible à la fois comme un document historique et comme la parole de Dieu.
Comme document historique, il faut bien le "traduire" dans notre culture et notre mentalité.
C'est pourquoi, moi qui lis l'évangile depuis très longtemps (quarante ans peut-être), mais qui n'ai trouvé des explications à certaines formules incompréhensibles que récemment, j'ai aimé l'explication du P. Cantalamessa sur l'expression "Laisse moi enterrer mon père" qui rend seule le texte compréhensible.
On s'aperçoit alors que l'évangile est profondément juive.
D'autre part les explications des prêtres nous sont indispensables. Ce sont des explications faites par des gens vivant, qui seuls nous éclairent dans la lecture de textes écrits entre 35 et 19 siècles !
Denis, j'espère que vous avez regardé le téléfilm sur Arte.
Ma vieille télé ne capte pas la 5 ou arte.
De plus je regarde très peu la télé. Tout est idéologique à la télé.
En l'occurrence il s'agissait d'un téléfilm sur la vie de Karol Wojtyla. :-))
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