13.10.07

Jean-Jacques Rousseau et la volonté générale quelques réflexions

La loi est l'expression de la volonté générale, c'est tiré de la déclaration des droits du l'homme du 26 août 1789.

La Loi est l'expression de la volonté générale.
(art. 6 alinéa 1er)

Il semblerait que cette notion soit tirée de Jean-Jacques Rousseau dans "Du Contrat Social".

Consultable sur wikisource ici.



"Tant que plusieurs hommes réunis se considèrent comme un seul corps, ils n’ont qu’une seule volonté qui se rapporte à la commune conservation et au bien-être général. Alors tous les ressorts de l’État sont vigoureux et simples, ses maximes sont claires et lumineuses il n’a point d’intérêts embrouillés, contradictoires le bien commun se montre partout avec évidence, et ne demande que du bon sens pour être aperçu."

La volonté générale est une. Elle considère uniquement le bien commun. Elle est "sentie" et vue. N'est pas le fruit de raisonnement.

Les "contradictions et les débats" viennent de l'intérêt particulier qui se travestit, qui s'emploie à tromper et donc à dissimuler la volonté générale, expression du bien commun ou intérêt public.

Les motifs secrets sont les ennemis de la volonté générale. La faute est d'éteindre en soi l'expression de la volonté générale qui est toujours connue, qui est toujours une, qui n'est connue que par l'intuition (et non les raisonnements) et qui vise le bien commun :

"Ainsi la loi de l’ordre public dans les assemblées n’est pas tant d’y maintenir la volonté générale que de faire qu’elle soit toujours interrogée et qu’elle réponde toujours."


Les assemblées et les lois ne sont là que pour accoucher de la volonté générale, existant et préalablement connue avant.

On sent Rousseau doté d'une forte animosité contre ses semblables et particulièrement "les raisonneurs" :

"Ce qui trompe les raisonneurs, c’est que, ne voyant que des États mal constitués dès leur origine, ils sont frappés de l’impossibilité d’y maintenir une semblable police ; ils rient d’imaginer toutes les sottises qu’un fourbe adroit, un parleur insinuant pourrait persuader au peuple de Paris ou de Londres." ibidem


Et leurs motifs secrets (ah ! ce vieux rêve de pénétrer dans les consciences !)

"tous, guidés par des motifs secrets, n’opinent pas plus comme citoyens que si l’État n’eût jamais existé"
ibidem

Rousseau prend en en envisageant la société comme "un seul corps" ne prend pas en compte qu'elle est composée d'individus, mais qu'elle n'est pas un individu. Elle est une collection d'invidus rassemblés en vue d'une fin. Les décisions ne sont prises qu'après délibération, c'est-à-dire confrontation des raisonnements.

Note du 23 octobre 2013 : ce post n'est qu'un essai. Je vois sur les statistiques de sitemeter qu'il est relativement beaucoup consulté. Je précise donc que Rousseau en héritier de Descartes et du Père Malebranche est un logicien. Il déduit la vérité sociale de principes et d'une fiction (l'homme ayant existé sans la société et avant la société, comme si la procréation de l'homme pouvait avoir eu lieu comme celle des chiens ou des vaches et non comme celle intervenant entre deux personnes raisonnables). De ces faits imaginaires et de ces principes faux (le cartésianisme est faux voir sur ce point Le Réalisme méthodique de Gilson) il déduit que le "bien commun" sort nécessairement des décisions collectives. Ses raisonnements sont compliqués et évidemment faux (contredits par les faits). Toutefois quant à la portée de mon post, je ne fais que proposer, par une ébauche d'étude, une interprétation de Rousseau quant à ses conséquences sur nos institutions de 2013 (le cadavre de Rousseau gît au Panthéon).

Mise à jour du 19 février 2014: il me semble que Rousseau n'élimine pas le "bien commun" des lois, mais il prétend que ce bien commun est nécessairement le fruit de l'authentique "volonté générale" à ne pas confondre avec les volontés égoïstes qui rompent le contrat social. Ces raisonnements cartésiens métaphysiques conduisent, selon moi, à de véritables folies totalitaires, folies sans presque plus aucun lien avec la réalité. Je ne voulais pas cependant que mes lecteurs croient que la "volonté générale" de Rousseau fasse fi du "bien commun" et soit un pur arbitraire fondé sur l'arithmétique. C'est plus subtil et plus compliqué et difficilement compréhensible, mais tout aussi sans valeur.

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