29.10.12

Distinguons le Concile de ses interprétations

Le Concile Vatican II (Constitution dogmatique Dei verbum) ne satisfait pas monsieur Daoudal, ainsi que nous l'apprend son blog.

Voici le texte avec lequel il n'est pas d'accord :


« Comme la Parole de Dieu doit être à la disposition de tous les temps, l’Église, avec une sollicitude maternelle, veille à ce que des traductions appropriées et exactes soient faites dans les diverses langues, de préférence à partir des textes originaux des Livres sacrés. »

Il voit dans l'expression "textes originaux" une allusion à la version massorétique en hébreu. Son lui, cette version massorétique aurait été falsifiée par les rabbins dans le but de contester la naissance du Christ de la Vierge. Je ne suis absolument pas en mesure de confirmer ou d'infirmer cette allégation.

Mais à un autre point de vue, selon moi, il est inutile de inutile de critiquer le texte du Concile puisque si l'on s'en tient à sa lettre, il ne mentionne que les "textes originaux" et non de la version massorétique. Monsieur Daoudal soutient que la version de Quran découverte pendant la période contemporaine, rétablit, selon lui, le texte d'Isaïe. Si nous avons une version par les manuscrits de Quran, elle est plus originale que les copies massorétiques des IXe et Xe siècles après Jésus-Christ. C'est donc elle qui fait foi comme "original".

Mais les "originaux" sont-ils nécessairement en hébreu ?

Il me semble que Benoît XVI répond : "non".

Benoît XVI dans le discours de Ratisbonne dit que la Septante (traduction en grec du IIIe siècle avant Jésus-Christ) n'est pas qu'une simple traduction :

« Nous savons aujourd'hui que la traduction grecque de l'Ancien Testament faite à Alexandrie – la Septante – est plus qu'une simple traduction du texte hébreu (à apprécier peut-être de façon pas très positive). Elle est un témoin textuel indépendant et une avancée importante de l'histoire de la Révélation. »

La parenthèse : "à apprécier peut-être de façon pas très positive", est exposée de façon critique. Le Pape veut dire que cette "traduction" que l'on méprise parce qu'elle ne serait qu'une traduction, n'est pas qu'une traduction et doit être appréciée positivement. Cette "traduction" est un texte qui a une valeur absolue, et non relative (au texte original). Elle est d'autre part, à elle seule absolument et non relativement, une importante avancée de l'histoire de la Révélation.

Le Pape conclut de cela que l'osmose entre la culture grecque et la culture hébraïque a créé une culture religieuse et morale unique dont les deux éléments sont devenus indissociables pour créer notre culture occidentale. Ceux qui, des millénaires plus tard, ont voulu séparer ces deux éléments (comme, par exemple, nos "amis" de la Nouvelle droite, ou, autre exemple, les "Réformateurs" du XVIe siècle d'un autre côté, ignorent ce fait, donc passent à côté de la parole de Dieu). Ce fait a, pour ce qui nous occupe, une conséquence immédiate : les "traductions", certaines traductions, notamment la Septante, sont en réalité des originaux… Ce que je n'aurais pas osé dire si le le Pape ne l'avait dit avant moi.

Il ne faut donc pas tant s'inquiéter des élucubrations des "spécialistes". Il vaut mieux lire les textes et s'en tenir à eux. Nous y découvrirons que l'expression "textes originaux" ne signifie pas version massorétique. Là encore, il faut s'en tenir au Concile et non aux interprétations du Concile.

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