21.10.12

Apologie de Socrate

Il est habituel de lire que Socrate avait des relations homosexuelles. Je ne sais d'où l'on tire cette histoire.

Mais on peut lire dans Le Banquet de Platon l'anecdote suivante racontée par Alcybiade :

http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Banquet_(trad._Cousin)


« Cela dit de part et d’autre, je crus que le trait que je lui avais lancé avait atteint son but ; je me lève donc, et sans lui laisser rien dire de plus, enveloppé dans ce manteau que vous me voyez, car c’était en hiver, je m’étends sous la vieille capote de cet homme-là, et jetant mes deux bras [219c] autour de ce divin et merveilleux personnage, je passai près de lui la nuit entière. Sur tout cela, Socrate, tu n’as qu’à dire si je mens ! Eh bien ! après de telles avances de ma part, voilà comme il a triomphé du pouvoir de ma beauté, comme il l’a dédaignée et honnie. Et pourtant je ne la croyais pas sans quelque valeur, ô juges : c’est à votre tribunal que je soumets cette insolence de Socrate. Sachez-le, donc, par les dieux ! par les déesses ! je me levai d’auprès de lui tel, [219d] ni plus ni moins, que si je fusse sorti du lit d’un père ou d’un frère aîné.


Depuis cette époque, dans quelle situation d’esprit n’ai-je pas dû me trouver, je vous le demande, moi qui, d’un côté, me voyais humilier, et qui, de l’autre, admirais son caractère, sa tempérance, sa force d’âme, et me félicitais d’avoir rencontré un homme dont je ne croyais pas pouvoir jamais trouver l’égal pour la sagesse et l’empire sur lui-même ; de sorte que je ne pouvais, en aucune manière, ni me fâcher, ni me passer de sa compagnie, et que je ne voyais pas davantage [219e] le moyen de le gagner ; car je savais bien qu’à l’égard de l’argent il était invulnérable plus qu’Ajax ne l’était contre le fer[56], et je le voyais m’échapper du seul côté par où je m’étais flatté qu’il se laisserait prendre ! Ainsi je restais embarrassé, plus asservi à cet homme qu’esclave ne le fut jamais à son maître, et je n’allais plus qu’au hasard. »
Il est possible que cette légende vienne de ce qu'évoque, pour nous, francophones actuels, le mot "amour" et le mot "amant". L'amour est un mot que nos contemporains confondent avec relations sexuelles. Mais le mot amour veut simplement dire solidarité, amitié, vouloir le bien de l'autre. « Dieu est amour. » (1 Jn 4,16). Si Socrate aime ses concitoyens, il veut leur bien.

De même, le mot "amant" a pris le sens de personne avec laquelle se pratiquent des relations sexuelles. Or ce mot n'avait pas ce sens autrefois, mais simplement le sens de personnes qui s'aiment qui se veulent mutuellement du bien. Le bien le plus important est le bien spirituel.

Or ces mots, qui sont employés dans leurs sens anciens dans des traductions, peuvent être pris par des lecteurs actuels au sens contemporain.

(J'ai emprunté le titre de ce post, « Apologie de Socrate » à un ouvrage de Platon.)

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