14.9.11

Paul VI : zéro, saint Pie V : 35

On me pardonnera cette image footballistique au sujet des nuances du catholicisme. Mais elle n'est presque pas de moi, puisque je n'ai fait retranscrire en mode humoristique une affirmation trouvée  dans un article du quotidien des évêques.

Voici l'extrait de l'article sur le site du quotidien "La Croix" où une militante de la Fraternité Saint Pie X (FSSPX) fait une constatation.


Pour Côme, qui a connu aussi bien « la pastorale papier-crêpon à l’école que le catéchisme en questions-réponses de ‘la Tradition’», l’équation est sans équivoque : « Du côté de ma famille paternelle, style ‘Paul VI’, la plupart de mes 19 cousins ont abandonné la pratique dominicale. Du côté de ma mère, ‘Saint Pie V’, mes 35 cousins et moi allons tous à la messe tous les dimanches. » « La Fraternité déborde de vocations, signe qu’elle est une œuvre de Dieu », ajoute Caroline, dont le fils est prêtre de la FSPX.


Ce genre d'affirmation est peut-être un brin exagérée. Il existe des jeunes aussi dans les diocèses français. Dans la mesure de sa réalité, cette constatation est toutefois un signe divin.

Contrairement à ce qu'affirment les tenants de la FSSPX les diocèses ne sont pas essentiellement "modernistes" : la plupart des prêtres ne prêchent pas que la raison ne peut atteindre la sagesse. Ils suivent simplement les directives de Paul VI, qui, lui-même, ne faisait que suivre le mouvement liturgique initié par... saint Pie X.

Pour ce mouvement, peu importe si l'on sacrifie l'art, Mozart, les chasubles brodées d'or, le grégorien, le luxe des temples catholiques, l'art de l'esthétique, les mystères de la liturgie et de la langue latine, ce qui importe, c'est le pastoral. Il faut que les fidèles participent, qu'ils comprennent, qu'ils s'approprient facilement la doctrine véhiculée par la liturgie et les prières. Dès lors, non seulement peu importe l'esthétique et l'art élitiste, mais détruisons l'art pour aller au peuple (supposé ne rien comprendre à l'esthétique).

À rebours de saint Thomas More, il prêchent qu'il ne faut pas d'autel éloigné du peuple, dans un temple à la lumière tamisée (la cathédrale de Chartres est une horreur pour les pastoralistes), propre au recueillement et à la prière, non ! Il faut un temple éclairé a giorno (lumière directe ou indirecte, alors que, selon mes goûts, la lumière doit être semi-directe), un autel au milieu du peuple éclairé par des spotlights, la liturgie en langue vernaculaire tournée vers le peuple où le clergé explique tout... d'où la "réforme" de Paul VI.

Cette option était légitime (étant celle de plusieurs papes, on ne peut la déclarer illégitime), cependant elle ne pouvait se présenter comme obligatoire sous peine de schisme, car cette prétention était un viol de la liberté religieuse des fidèles et du clergé des temps anciens (le Pape n'a pas un pouvoir arbitraire). Or c'est ce qui a été fait en pratique par le Saint Siège et la quasi-totalité des évêchés. Et le Pape actuel, dans sa lettre accompagnant le motu proprio du 7/7/7, a fait observer qu'il est impossible de condamner comme une liturgie approuvée antérieurement (1). Dans un ordre d'idées voisin, le P. Guérard des Lauriers faisait observer qu'agir ainsi c'est être en état de schisme avec l'Église précédente ce que, dans son langage, il nommait le "schisme capital" du pape Paul VI. En outre, cette prétention du Pape était un attentat contre la culture de beaucoup de peuples (En Afrique, Amérique, Europe, une partie de l'Asie...), donc contre les droits imprescriptibles et inaliénables de l'homme, serait-il fidèle catholique.

Mais cet attentat était seulement de fait, il était sociologique, il n'avait aucune base juridique. Le Pape Benoît XVI a tenté dans son motu proprio du 7/7/7 de donner une base juridique au bannissement de la liturgie et de l'esthétique traditionnelles (il n'y a pas réussi selon moi).

Le signe divin de l'effondrement du catholicisme diocésain (selon certains, je crois bien, le site perepiscopus par exemple,  certains diocèses n'ont plus qu'une existence virtuelle) est peut-être celui que le fanatisme et l'irrespect de la liberté des catholiques ne peuvent porter de bons fruits (2).

(1) "Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste."

(2) Cela étant dit, j'assiste beaucoup plus fréquemment à la messe dans le rite de Paul VI (je n'ai pas le choix) et j'avoue que ce rite, s'il est vraiment fidèlement célébré est plus facile pour le fidèle que je suis, mais qu'il comporte des éléments choquants, qui continuent à me choquer des dizaines d'années après son introduction.

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