11.9.11

Réforme du libéralisme


Signalée par le « Salon beige » une lettre du Pape au professeur Pera, ancien président du Sénat italien  et auteur d’un livre intitulé « Pourquoi nous devons nous dire chrétiens ».

Certains représentant de l'école "traditionaliste" ou "anti-libérale" s’alarment du mot « libéralisme ». La notion de « libéralisme » semblait liée à la doctrine de Kant qui prétend prouver que la sagesse n’est pas l’objet de la raison humain qui serait strictement enfermée dans le cercle des phénomènes. De plus ce « libéralisme » semblait avoir été condamné par les papes et jusqu’à Jean-Paul II par exemple dans son discours du 25 novembre 1994 :

« [l’Église] s’est attachée à dénoncer les injustices criantes auxquelles conduisaient les théories aussi bien libérales que socialistes; car l’avènement de l’ère industrielle coïncide avec l’apparition des idéologies du libéralisme et du socialisme, qui réapparaissent malheureusement sous différentes formes dans le monde contemporain. »


Ou encore le cardinal Poupard dans sa conférence du 16 février 1995 et définit le libéralisme dans son acception plus fondamentale :

« Dans son fameux doute méthodique [de Descartes], seule subsiste la certitude de la pensée qui doute, "Cogito, ergo sum" (…) Mais dans les cultures des sociétés occidentales, le primat du sujet a suscité une mentalité dominée par le subjectif, une "conception anthropologique anthropocentrique", qui a donné naissance au libéralisme. Celui-ci fait de la liberté sans entraves le fondement et la condition de toute action et processus historique, mais aussi la norme unique à suivre et la valeur absolue à réaliser. Mais l'aspect peut-être le plus préjudiciable de ce libéralisme apparaît dans l'absence de devoirs. Ainsi la liberté devient une fin en soi et risque de tomber dans l'arbitraire et le subjectivisme, au détriment de la dignité de l'homme que le libéralisme prétend sauvegarder. »



Pr. Pera se dit « laïque et libéral ». Pourtant le cardinal Ratzinger n’avait pas dédaigné de coécrire avec le Pr. Pera un livre intitulé « Sans racine ».

En effet, le Pr. Pera semble avoir une notion réformée du libéralisme.

C’est un libéralisme qui, selon les propres termes de Benoît XVI propose « une doctrine du bien, en particulier à la doctrine chrétienne du bien, qui lui est connaturelle ». Il reste libéralisme en ce qu’il promeut la liberté comme valeur fondamentale non sans affirmer la  possibilité d’atteindre la vérité objective constituant ainsi deux binômes conséquences l’un de l’autre : liberté-vérité donc liberté-bien. C’est un libéralisme qui n’est plus libéral, ni laïciste d’ailleurs.

Un libéralisme qui a une doctrine rationnelle du bien, n'est pas un libéralisme tel que l'entendaient don Sarda, ni Mgr Delassus, ni Léon XIII, ni les papes suivants, et à leur suite les catholiques, ni même les libéraux absolus des XIXème et XXème siècles. C’est un libéralisme, en conséquences pratiques, qui rejette le multiculturalisme comme absurde, un libéralisme qui rejette le dialogue inter religieux comme impossible ; mais un libéralisme qui prône un dialogue interculturel en vue d’une purification mutuelle par la raison cherchant la vérité.



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